L’Américain néonazi repenti vient parler d’extrémisme à Bobigny

Arno Michaelis fut chef d’une organisation de skinhead aux Etats-Unis dans les années 1980 et leader d’un groupe néonazi. Devenu militant antiraciste, il intervient au colloque sur la radicalisation.

 Arno Michaelis, ancien suprématiste blanc.
Arno Michaelis, ancien suprématiste blanc. DR

    Arno Michaelis est un repenti. Ancien chef d'une organisation mondiale de skinhead aux Etats-Unis dans les années 1980 et leader du groupe de haine-métal néonazi Centurion, cet américain est devenu éducateur et militant antiraciste. Nous l'avons joint aux Etats-Unis avant son intervention au colloque organisé à Bobigny.

    Vous avez été le chef d'une organisation de skinhead raciste, ça voulait dire quoi ?

    J'étais un adolescent alcoolique et en colère, à la recherche de la meilleure façon de m'en prendre à la société. Rien n'offense tant les gens qu'une croix gammée.

    Comment et pourquoi avez-vous quitté ce mouvement ?

    De braves gens que j'ai rencontrés et que j'étais supposé détester _ un patron juif, une chef lesbienne, des collègues latinos et noirs_, ont défié ma haine avec bienveillance. Ils m'ont montré qu'il existait une meilleure façon de vivre ma vie.

    Pensez-vous que vous auriez pu adhérer à une autre idéologie de radicalisation violente ?

    Absolument ! L'idéologie de la suprématie blanche à laquelle j'ai adhéré était arbitraire. Je pense que j'aurais pu aussi bien devenir un gauchiste ou un islamiste violent. Le dénominateur commun à tous les extrémismes est la souffrance.

    Pensez-vous donc qu'il existe des points communs entre un suprématiste blanc et un djihadiste ?

    Oui, assurément. Je travaille avec d'anciens djihadistes et les points communs sont simples. La seule différence entre les suprématistes blanc et musulmans, c'est qui est perçu comme « nous » et « eux ».

    De votre point de vue, quelles actions doivent être menées pour éviter l'essor de ces radicalisations par la violence ?

    Il faut aider les jeunes gens à se sentir valorisés et inclus dans la société. Le mieux qu'on puisse faire est de les écouter et de leur offrir des moyens d'expression, à travers les sports, les arts… Leur permettre de résoudre des problèmes de société en rendant service peut être aussi très utile.

    Et sinon, quels sont les risques pour la société ?

    Lorsque des jeunes gens se sentent exclus, il y a des risques qu'ils se laissent séduire par des idéologies extrémistes, qui détruiront leur vie, dans le meilleur des cas, et, celles des autres dans le pire des cas.