Entretien avec Michel Onfray
« Quand on a un capital de savoir, il faut le distribuer »
Propos recueillis par Catherine Halpern
Entretien avec Michel OnfraySciences Humaines N° 171 - Mai 2006
Comment définissez-vous le projet de l'université populaire (UP) de Caen ?
Le principe consiste à transmettre des savoirs librement, gratuitement, en dehors de l'institution, pour éviter la reproduction du système social. Je m'adresse donc à tous ceux qui ont un désir de philosophie. Quand j'ai ouvert cette UP en 2002, j'espérais trente ou quarante personnes. Et cela a été un succès immédiat puisque près de six cents personnes assistent aujourd'hui à mon séminaire. Les enseignants sont tous bénévoles. Il existe douze séminaires : d'un atelier de philosophie pour enfants à une histoire des idées féministes en passant par le cinéma ou la psychanalyse. Pour ma part, je propose une contre-histoire de la philosophie.
L'idée d'UP est une invitation à garder ce qu'il y a de plus riche dans l'université, c'est-à-dire la transmission d'un savoir, si possible d'un travail original, tout en préservant ce qu'il y a de plus riche dans le café philosophique, c'est-à-dire l'ouverture, la gratuité, la liberté d'entrer et de venir. Ce faisant, on supprime ce qu'il y a de moins intéressant dans l'université, c'est-à-dire la reproduction du système social, le fait que ce soit payant, qu'on demande un diplôme, qu'on contrôle des connaissances, tout en se débarrassant de ce qu'il [...]
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