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Complotistes, extrême droite et adeptes de théories pédocriminelles : voici le réseau des désinformateurs sur l’Evras en Belgique

© Captures d'écran RTBF

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Par Rédaction Décrypte

Quel point commun ont l’ancien animateur de télévision Karl Zéro, un magazine axé sur la santé alternative, d’anciens complotistes du Covid et le groupuscule d’extrême droite Civitas ? Ils font tous partie, de près ou de loin, d’un réseau de 25 personnes et entités, identifiées par la RTBF comme actives dans la désinformation autour de l’Evras.

Pour rappel, l’Evras est une double animation de deux heures qui sera donnée une fois par an dans les classes de 6e primaire et de 4e secondaire dans l’enseignement francophone belge. Ces animations portent sur l’Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (d’où l’acronyme "Evras"). Depuis deux semaines, de nombreuses contre-vérités sont diffusées sur les réseaux sociaux, dans certains médias ou via WhatsApp, ce qui a pu mener à l’inquiétude de parents voire à de la colère et finalement, à l’incendie d’écoles par des opposants à l’Evras à Charleroi et à Liège.

Si les critiques, inquiétudes et questionnements des parents sont bien légitimes par rapport à ces thèmes de l’éducation à la vie affective, relationnelle ou sexuelle à l’école, la RTBF a pu démontrer qu’un réseau de personnalités controversées est actif depuis plusieurs semaines pour mener l’opposition à l’Evras, en diffusant des nombreuses contre-vérités. S’il est normal que des parents se posent des questions, il est probable aussi que certains aient été influencés par de la désinformation produite par des membres de ce réseau.

Dans cet article, nous allons tenter de développer l’implication de chaque acteur dans ce réseau. Tous ne se connaissent pas, certains n’ont qu’un ou deux liens avec d’autres membres du réseau, mais tous sont reliés dans le même objectif : s’opposer à l’Evras par de la désinformation.

Dans cet article, toutes les personnes et entités identifiées ne sont pas complotistes ni d’extrême droite ni adeptes de théories pédocriminelles par exemple. Dans le graphique ci-dessous, des couleurs indiquent à quelle mouvance chacun appartient.

Par ailleurs, cet article ne s’intéresse pas à l’opposition à l’Evras, ni aux questions légitimes qui se posent et auxquelles la RTBF a consacré plusieurs articles ici, ici, ici ou . L’opposition à l’Evras est bien plus large que le réseau identifié ci-dessous. Cet article s’intéresse uniquement à un réseau de personnes d’horizons parfois différents mais qui sont reliées les unes ou autres par la désinformation ou par des liens partagés entre eux sur internet.

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Les anciens complotistes du Covid

Le premier groupe de désinformateurs actifs que nous avons identifié est celui d’anciens opposants à la gestion de la crise du Covid en Belgique. Le premier acteur qu’on peut citer est la page Facebook de Bon Sens Belgique, une page Facebook qui milite depuis des années contre la vaccination contre le Covid, qui publie de nombreux contenus dénonçant les élites, les institutions internationales, les sociétés pharmaceutiques et parfois tout le monde en même temps.

Depuis quelques semaines, cette page relaie désormais des contenus anti-Evras en accusant les organisateurs de l’éducation sexuelle de le faire pour des questions d’argent, voire, dans l’intérêt de servir des intérêts pédophiles. Le président de Bon Sens, Nicolas Lefèvre, est l’organisateur de l’événement Facebook de la manifestation contre l’Evras dimanche du dimanche 17 septembre à Bruxelles.

Bon Sens Belgique peut, dans ce cadre, être relié au média Kairos qui est sorti de l’anonymat au moment de la crise Covid en relayant de nombreuses contre-vérités sur la gestion de la crise sanitaire. Si Kairos se fait plus discret sur l’Evras, son homme fort, Alexandre Penasse, retransmettait en direct sur Facebook la manifestation organisée devant le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles le jour du vote sur le sujet de l’Evras.

Enfin, autre acteur controversé et actif contre la gestion de la crise sanitaire, le collectif "Notre Bon Droit" est également actif contre l’Evras. Sur une chaîne Telegram recensant 8600 personnes, des articles d’informations et des vidéos contre l’Evras sont publiés par les administratrices de "Notre Bon Droit".

500.000 flyers distribués devant des écoles grâce à d’anciens complotistes du Covid

Un autre acteur particulièrement actif et relié, tant à Nicolas Lefèvre qu’à Kairos, s’appelle Daniel de Wolff. Ce Bruxellois est prochainement invité par Nicolas Lefèvre à un "sommet" de Bon Sens et compte plusieurs faits d’armes à son actif. Daniel de Wolff était présent, et sur le podium, lors de la manifestation anti-Evras du dimanche 17 septembre.

Il y a quelques années, il a fondé le mouvement "Zone Libre", un site internet qui a relayé au moment du Covid, et héberge toujours, des vidéos complotistes telles que "Ceci n’est pas un complot" ou "Hold-Up". (Le réalisateur de "Ceci n'est pas un complot" précise dans un courrier à la RTBF qu'il ne s'est jamais exprimé sur l'Evras.)

Les activités en ligne de Daniel de Wolff sont très variées et mentionnent par exemple la lecture d’un livre sur "Le Covid 19 et le Great Reset", une théorie complotiste soutenant que le Covid-19 a été lancé volontairement par des autorités internationales pour s’approprier le pouvoir sur la planète.

Selon notre enquête, c’est cette plateforme "Zone Libre" qui a organisé le financement participatif permettant l’impression et la distribution de 500.000 flyers devant les écoles pour alimenter l’opposition de parents d’élèves.

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Ce flyer reproduit ci-contre, interroge le lecteur : "L’école doit-elle enseigner l’éducation sexuelle explicite dès la maternelle ? C’est prévu dans les programmes scolaires du guide EVRAS et les directives internationales." Sur le fond, le guide EVRAS n’est pas un programme scolaire et il ne prévoit pas l’éducation sexuelle explicite dès la maternelle. Mais imprimé à 500.000 exemplaires, il a pu créer l’inquiétude chez des parents.

Ce flyer contient un logo en haut à gauche : "Démocratie participative", dont le site mentionne un éditeur responsable : Daniel de Wolff.

BioTempo devient Zèbre… et adepte des théories complotistes des réseaux pédophiles

Mais Daniel De Wolff ne s’est pas arrêté là. Dans un post sur le réseau social Linkedin, il se félicitait il y a deux semaines de la création d’un troisième "média alternatif" en Belgique appelé Zèbre grâce à un crowdfunding qu’il a promu. Zèbre, c’est le nouveau nom d’un magazine qui s’intéressait jusqu’ici à la médecine alternative et à la nature appelé Biotempo. Sur Facebook, la page qui s’intitulait jusqu’à il y a peu "Biotempo" s’appelle désormais "Biotempo devient Zèbre".

L’asbl Notre Bon Droit dont nous avons parlé plus tôt a également appelé au financement de Zèbre sur la chaîne Telegram ces dernières semaines.

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Sous son nouveau nom, Zèbre a d’emblée diffusé des articles de contre-vérités sur l’Evras. Par exemple, le média a interviewé la philosophe et psychopathologue française Ariane Bilheran, fervente opposante à l’éducation à la sexualité. Dans cette interview complaisante, Ariane Bilheran, présentée comme experte, alerte sur le traumatisme psychique d’enfants exposés à des formations telles que celles de l’Evras.

Ariane Bilheran explique que "l’OMS recommande la découverte de la sexualité des enfants en compagnie d’adultes dits "partenaires"", ce qui sous-entend des motivations pédophiles qu’elle a déjà exprimées par le passé dans un livre intitulé "Psychopathologie de la pédophilie".

Ces contre-vérités relayées par Zèbre ne sont pas les premières. Dans une autre interview complaisante, Zèbre ouvre ses colonnes à Frédéric Goareguer, un médecin pédopsychiatre qui s’était fait rappeler à l’ordre au moment de la crise du Covid par l’Ordre des médecins pour des prises de position controversées. A l’époque, il était largement médiatisé et défendu par Kairos. Dans l’interview à Zèbre, il relaie les contre-vérités qui seront par la suite les plus virales : le guide prévoirait l’apprentissage de la masturbation ou de la pornographie, ce qui est faux.

Frédéric Goareguer a lancé un site pour organiser la contestation : "Sauvons nos enfants". Sur ce site, le lien complotiste est à nouveau fait entre éducation à la vie sexuelle et pédophilie. On y retrouve aussi une "lettre type" que les parents pouvaient personnaliser et envoyer aux écoles pour contester l’Evras. Cette lettre type découverte par la Dernière Heure le 7 septembre reprenait "un contenu erroné", comme l’indique l’article.

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Cette interview de Frédéric Goareguer ouvre d’autres horizons dans la nébuleuse contestataire de l’Evras. L’une des pages de l’interview fait ainsi la promotion pour plusieurs associations actives dans la défense des enfants : L’Observatoire de la petite Sirène et Innocence en Danger.

Innocence en Danger est une association de fait dirigée par Verlaine Urbain, et qui est une réplique belge d’une association française qui porte le même nom. L’association Innocence en Danger France a été particulièrement active dans l’affaire de pédophilie d’Outreau. Un article du Monde de 2015 indiquait par exemple que l’association était "seule contre presque tous", dans sa volonté de relancer des enquêtes et procédures, y compris contre l’avis d’autres associations de défense d’enfants.

Dans un article de Marianne, on apprend que cette association française a coproduit un documentaire réalisé par l’ancien animateur de télévision Karl Zéro, intitulé "1 sur 5" qui soutient la thèse des réseaux pédocriminels. Marianne, dans un autre article, indique toutefois que le film "manque d’éléments concrets pour étayer sa thèse des réseaux pédocriminels".

Karl Zéro est par ailleurs lié à un personnage dont nous avons déjà parlé : Ariane Bilheran, interviewée dans Zèbre sur les motivations prétendues pédophiles de l’OMS. Le lien entre Karl Zéro et Ariane Bilheran est une vidéo YouTube de 27 minutes postée sur la chaîne de Karl Zéro et qui les montre tous deux discuter de l’éducation sexuelle. La description de la vidéo indique : "La philosophe et psychologue Ariane Bilheran analyse les dérives de cette idéologie pédophile en France et démontre, dans la lignée de ses travaux approfondis sur la psychologie du pouvoir, combien la perversion est toujours l’associée de la paranoïa dans l’avènement du totalitarisme."

Les théories complotistes sont présentes, les liens entre Zèbre, Ariane Bilheran d’une part et Innocence en Danger d’autre part sont établis.

"Innocence en Danger", l’association vers qui tout mène

Revenons-en à l’association Innocence en Danger Belgique. Comme indiqué précédemment, il ne s’agit pas d’une association officielle mais d’une association de fait, constituée à partir de l’asbl Resanesco initialement active dans la… permaculture. Son fondateur, Verlaine Urbain, candidat aux élections communales à Gembloux en 2018 sur la liste du bourgmestre a par exemple pris la parole au nom de son asbl sur un tout autre sujet, comme le rappelle le site de la liste électorale.

"Verlaine Urbain (Resanesco) : la Transition est un mouvement qui démarre "du bas", c’est-à-dire un mouvement à l’initiative des citoyens soucieux de laisser un monde meilleur à leurs enfants. L’idée n’est pas de culpabiliser, mais d’aller de l’avant grâce à des initiatives locales qui ont pour fil rouge l’idée d’un développement durable, soucieux de l’environnement, qui nous rendra plus résilients. On est ainsi amené à réfléchir et anticiper les catastrophes naturelles et les changements qui pourraient survenir, au lieu de les subir."

En 2017, Resanesco était bien loin de la défense de l’enfance. Mais par la suite, d’abord sous le nom Resanesco, ensuite sous le nom Innocence en Danger, Verlaine Urbain a développé un intérêt pour la thématique de la défense des enfants contre les abus sexuels, "sans connaissance ni formation particulière" nous glisse un acteur du milieu.

Dernièrement, Verlaine Urbain a pu profiter de la médiatisation de LN24 grâce à une interview de 7 minutes lors de laquelle le journaliste n’a pas pu corriger toutes les fausses informations prononcées.

Au cours de notre enquête, nous avons donc pu établir des liens entre "Innocence en Danger Belgique" et le site "Démocratie Participative", mais aussi avec "Sauvons nos enfants" ou encore "l’Observatoire de la petite sirène". Si Innocence en Danger ne semble pas présenter d’historique controversé ou d’idéologie conservatrice, son rôle dans le réseau anti-Evras en Belgique est un rôle pivot : celui qui fait le lien entre anciens complotistes du Covid, théoriciens des réseaux pédocriminels et entités conservatrices ou d’extrême droite.

"L’Observatoire de la petite Sirène" et la transidentité des enfants, les conservateurs à l’œuvre

Le lien entre "Innocence en Danger" et "L’Observatoire de la petite Sirène" est établi dans cet article de La Libre qui indique que deux associations introduisent un recours contre l’EVRAS : Innocence en Danger et l’Observatoire de la petite Sirène. Ces deux associations ont d’ailleurs le même avocat : Aymeric de Lamotte, ancien candidat aux élections de 2019 sur les Listes Destexhe, une liste classée à la droite radicale, après avoir quitté le MR. Lui-même est un fervent opposant à l’Evras. Sur X (ex-Twitter), il répondait récemment à une députée du MR ayant voté favorablement le texte : "Comment pouvez-vous être fière de ce vote ? Le contenu de ce guide est objectivement — incontestablement — honteux. Je dépose un recours demain pour des associations ; je vous l’enverrai."

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Difficile d’évoquer la droite radicale dans ce réseau sans évoquer le rôle joué par Civitas. Cette association française, menacée de dissolution récemment par le gouvernement français, se présentait encore récemment comme un parti politique d’extrême droite intégriste dont le projet est "une cité catholique". Son président, Alain Escada était présent à la manifestation du 17 septembre et a pris la parole plusieurs minutes au micro devant la foule, comme il l’indique sur son compte Twitter.

Au micro, Alain Escada, président de l’association d’extrême droite Civitas.
Au micro, Alain Escada, président de l’association d’extrême droite Civitas. © Capture d’écran Twitter/RTBF

Sur la photo, à gauche d’Alain Escada qui tient le micro, nous reconnaissons Daniel de Wolff dont nous avons déjà parlé. Et à gauche de Daniel de Wolff se trouve Radya Oulebsir dont nous parlerons plus tard.

Un reportage de décembre 2022 qui met le projecteur sur l’Evras et le rappeur Rohff qui s’en mêle

L’Observatoire de la petite Sirène est une association française dont le site nous indique qu’il est opposé à toute transition de genre pour les enfants et adolescents mineurs. Wikipédia ajoute que "l’Observatoire de la petite Sirène est critiqué par des journalistes, des médecins s’occupant de personnes trans et des militants LGBT + qui dénoncent la panique morale qu’il diffuse et critiquent sa position conservatrice qui refuse l’autodétermination des mineurs trans."

Sa branche belge est à l’origine d’une pétition intitulée "Non à l’hypersexualisation de nos enfants au nom d’un soi-disant progressisme !" adressée à la ministre de l’Education Caroline Désir. Sa codirectrice, Sophie Dechêne, a été interrogée par la radio française très influencée par les idées complotistes et d’extrême droite Sud Radio. Une vidéo de l’interview est en ligne sur YouTube depuis ce jeudi 14 septembre et compte déjà plus de 44.000 vues.

Sophie Dechêne a par ailleurs réussi un coup médiatique qui a probablement été déterminant dans l’ampleur que la polémique a prise en Belgique. Dans un reportage réalisé en décembre 2022 par RTL, Sophie Dechêne est interviewée sur le guide Evras et y déverse, pour la première fois vers un large public, plusieurs éléments de désinformation qui ne disparaîtront jamais. Le reportage est d’ailleurs toujours en ligne. Ce reportage est notamment relayé par le rappeur français Rohff sur Twitter qui depuis ce jeudi 14 septembre donne à la polémique belgo-belge une résonance en France.

Des inconnus sortis de l’anonymat

Dans cette nébuleuse anti-Evras, on découvre aussi des personnes jusqu’ici inconnues des observateurs des réseaux complotistes ou extrémistes. Par exemple, Elise Malengreau, une dame qui se présente comme mère de 4 enfants et professeur de mathématiques. Dans une vidéo qu’elle filme en selfie, elle appelle à la mobilisation dès début septembre contre l’Evras, non sans propager de multiples erreurs factuelles que nous avons relevées dans un autre article. Si ses vidéos ont eu relativement peu de vues sur ses comptes Facebook ou TikTok (qu’elle vient de créer), l’une de ses vidéos a eu impact considérable sur WhatsApp.

En effet, d’après plusieurs témoignages, cette vidéo a été transférée de groupes de parents d’élèves à d’autres groupes de parents d’élèves, touchant à chaque fois une trentaine de personnes. Elise Malengreau conseille à la fin de ses vidéos de s’informer grâce à diverses plateformes dont nous avons déjà parlé : Innoncence en Danger Belgique ou Démocratie Participative.

Sur le profil Facebook d’Elise Malengreau (ouvert sous un pseudo), l’on retrouve plusieurs prises de position complotistes ou anti-vaccins contre le Covid. Elise Malengreau relaie par ailleurs une autre personne qui tente de convaincre via des vidéos prises en selfie : Radya Oulebsir.

Radya Oulebsir est l’une des plus anciennes opposantes à l’Evras en Belgique. Sur sa chaîne YouTube, cette Française attaque ces animations depuis plusieurs années alors que les autres membres du réseau ne s’y intéressent que depuis quelques mois. Se filmant dans sa voiture ou chez elle, voile sur la tête, Radya Oulebsir relaie plusieurs éléments de désinformation contre l’Evras. Il est probable que sa désinformation ait un fort impact dans la communauté musulmane, une communauté présente en très grand nombre dans les deux manifestations contre l’Evras organisées à Bruxelles. Radya Oulebsir a aussi apporté son soutien à l’Imam marocain Hassan Iquioussen qui, selon Wikipedia, est proche des Frères musulmans, une organisation de l’Islam radical classée comme salafiste et antisémite.

Radya Oulebsir affirme être l’une des organisatrices de la manifestation du 17 septembre à Bruxelles. Elle y a pris la parole, au micro, pendant plus de 30 minutes. Elle sera invitée prochainement à une conférence par la plateforme "Bon Sens Belgique" dont nous avons déjà parlé, ce qui confirme son appartenance au réseau.

Enfin, un dernier personnage semble faire la synthèse du réseau : Senta Depuydt. Elle se présente comme journaliste indépendante et l’un de ses profils sur internet indique qu’elle était déjà active lors du Covid : "J’ai déjà décrit 'le plan mondial de la vaccination', avant de sensibiliser autour de l’agenda global", écrit-elle, reprenant ici la théorie complotiste du "Great Reset".

Dans un article qu’elle a rédigé pour le site "Etincelles", on y découvre toutes les actions que peuvent entreprendre les parents pour s’opposer à Evras : s’informer auprès d’associations telles que "Sauvons nos enfants", "Innocence en Danger", "L’Observatoire de la petite Sirène", mais aussi participer à la plateforme de Démocratie Participative, en distribuant l’un des 500.000 flyers, en écrivant à la direction de l’école, en lisant les articles d’Ariane Bilheran ou en regardant les vidéos de Karl Zéro. Bref, à peu près tout ce que nous avons découvert par ailleurs et qui constitue le réseau.

Senta Depuydt développe elle aussi, comme la plupart des gens qu’elle cite, les théories pédocriminelles prétendument cachées derrière l’éducation sexuelle dans plusieurs articles.

Des associations islamiques opposées à l’Evras, mais absentes du réseau

Enfin, si plusieurs institutions islamiques se sont déclarées en "total désaccord" avec le guide Evras, comme l’indiquait leur communiqué peu avant le vote au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous n’avons pas pu les relier par des liens objectifs (renvoi de pages Facebook ou pages web, relais de messages ou actions coordonnées) avec des personnes présentes dans la nébuleuse que nous exposons dans cet article.

Le site "Musulmans.be" et la page Facebook du CIIB (Collectif pour l’Inclusion et contre l’Islamophobie en Belgique) ont appelé à la manifestation de ce dimanche, reprenant à plusieurs endroits des éléments de désinformation. Cet appel à la mobilisation peut expliquer la présence en nombre de Musulmans à la manifestation.

Nous rappelons enfin que ceci n’enlève rien aux questions et interrogations légitimes que peuvent avoir les parents face à l’Evras. Même sans cette désinformation massive et coordonnée par le réseau que nous exposons, il est probable que des questions ou oppositions se soient déclarées. Cependant, il faut prendre conscience que vu l’ampleur du réseau, des parents ont probablement été victimes de désinformation de la part d’un réseau composé d’associations complotistes, d’extrême droite ou adeptes de théories pédocriminelles.

Extrait du JT du 16/09/2023

EVRAS/Qui est derrière la désinformation ?

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Modifications dans l’article

Le 18/09 à 10h30, nous avons procédé à plusieurs corrections et modifications de l’article. Les voici :

  1. Ajout dans l’introduction (pour clarification) que toutes les personnes identifiées dans le réseau ne sont pas d’extrême droite, complotistes ou adeptes de théories pédocriminelles, comme l’indique le schéma du réseau qui n’a pas été modifié.
  2. Ajout de la mention de la présence à la manifestation du dimanche 17 septembre à Bruxelles.
  3. Correction sur Civitas France qui n’a pas été dissoute, mais menacée de dissolution par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
  4. Ajout d’éléments de contexte autour de Radya Oulebsir (son rôle dans l’organisation de manifestation du 17/09).
  5. Ajout du lien entre Radya Oulebsir et "Bon Sens Belgique", dans le texte et dans le graphique.
  6. Correction du fait que Senta Depuydt n’est pas l’éditrice du site Etincelles. Certains de ses articles y sont publiés.
  7. Ajout de l’appel à la manifestation lancé par le CIIB et le site Musulmans.be.

Le 19/09, deux autres modifications ont été apportées. 

  1. La photo d'Elise Malengreau a été changée. 
  2. Une précision sur la position sur l'Evras du réalisateur de "Ceci n'est pas un complot" a été ajoutée. 

Evras : Quand contestation rime avec désinformation

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