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Élections 2024 : « Le Vlaams Belang ne perdra jamais tout ce qu’il a gagné »
06·03·24

Élections 2024 : « Le Vlaams Belang ne perdra jamais tout ce qu’il a gagné »

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

BELGA (HATIM KAGHAT)

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Les derniers sondages octroient au Vlaams Belang un quart des intentions de vote aux prochaines élections flamandes, à savoir bien plus que la N-VA, en deuxième position. Laura Jacobs, chercheuse à l’Université d’Anvers et spécialiste des partis antisystème : « Les circonstances actuelles jouent en faveur de la droite radicale. »

Le succès du Vlaams Belang vous surprend-il ?

Laura Jacobs : « Les sondages favorables à ce parti, y compris quand on tient compte de la marge d’erreur, n’ont rien de neuf. Depuis 2019, le Vlaams Belang monte constamment dans les intentions de vote, et les dernières enquêtes d’opinion ne font que confirmer cette tendance. Par ailleurs, l’extrême droite perce dans de nombreux pays européens.

Les médias et les experts ont tendance à tirer de grandes conclusions de ces sondages, mais le succès croissant du Vlaams Belang se vérifie depuis plusieurs années déjà. Le seul élément nouveau, c’est la chute de la N-VA, qui peut déclencher un revirement dans les rapports de force. En revanche, que le Vlaams Belang dispose d’un terreau fertile stable en Flandre, cela n’a rien de neuf. »

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En quoi consiste ce terreau fertile ? Pensez-vous au mécontentement général en matière d’immigration, thème de prédilection du Vlaams Belang ?

« Presque toutes les études démontrent que les circonstances actuelles sont très favorables à une formation comme le Vlaams Belang. L’immigration est perçue comme un problème. Elle constitue à ce titre un sujet important pour l’opinion publique. Et il se trouve que le parti que l’on associe à ce sujet, c’est le Vlaams Belang, qui a l’avantage de pouvoir faire des promesses et des déclarations plus dures que les partis qui doivent assumer des responsabilités au sein d’un exécutif. »

L’électorat du Vlaams Belang vote-t-il pour les idées du Vlaams Belang, ou contre les idées des autres partis ?

« En règle générale, nous savons que le vote en faveur de la droite radicale, en Flandre mais aussi ailleurs en Europe, s’explique par deux facteurs. Le premier, ce sont les idées, à savoir, comme vous l’avez mentionné, le positionnement du parti sur l’immigration. Je pense qu’en Flandre, c’est indéniablement le cas. Il existe toutefois une deuxième hypothèse, celle du vote de contestation contre tous les autres partis.

La raison majeure du vote en faveur du Vlaams Belang reste, selon moi, le thème de l’immigration. Ceci dit, la thématique n’est pas sans rapport avec le mécontentement général vis-à-vis du politique. L’immigration représente un dossier symbolique pour les électeurs qui estiment que les choses ne bougent pas assez. Le vote de contestation joue donc aussi un rôle, en plus du positionnement sur l’immigration, qui reste le principal facteur d’explication. »

La dernière législature a été marquée par de lourdes crises : crise sanitaire, guerre en Ukraine, crise énergétique. Cela fait-il les affaires des partis radicaux ?

« Nous savons depuis longtemps que les électeurs ont tendance à voter pour les extrêmes dès lors qu’ils se sentent menacés, ou lorsqu’ils jugent que quelque chose ne va pas et qu’ils perdent le contrôle. C’était le cas par le passé, par exemple en période de crise économique. Il est donc tout à fait possible que l’épidémie et les incertitudes sur le plan géopolitique contribuent au succès du Vlaams Belang. »

La N-VA semble perdre son leadership. Nous trouvons-nous à un tournant dans l’histoire de la politique flamande ?

« Je ne nie pas la valeur des sondages, surtout lorsqu’ils permettent de dégager des tendances claires, mais je me garderais bien de tirer de grandes conclusions de ce genre. Qui dit sondage, dit aussi marge d’erreur, et au bout du compte, les résultats devront prendre en considération la répartition précise des sièges au parlement. Lors des négociations de formation par exemple, la perte de leadership de la N-VA entraînerait des conséquences significatives, mais avant de tirer des conclusions, il vaut mieux attendre les résultats du scrutin. »

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Les partis du centre peuvent-ils encore contrer cette percée du Vlaams Belang ?

« Les lignes peuvent encore un peu bouger, mais la tendance qui se dégage depuis quatre ans est claire. Ce n’est pas en une campagne électorale de trois mois que le Vlaams Belang va perdre tout ce qu’il a gagné. L’électorat du VB est très fidèle. De nombreux électeurs du parti aux dernières élections continueront à le soutenir. Là où les choses peuvent encore se jouer, c’est surtout au centre, où les électeurs hésitent encore. »

« Un parti centriste ne gagnera jamais une élection en prônant les idées d’un parti radical. Le parti radical aura toujours l’air plus crédible. » 

« Les fluctuations les plus évidentes sont celles entre les potentiels électeurs de la N-VA et ceux du VB. Nous pourrions assister à des mouvements entre ces deux partis. N’oublions pas non plus qu’il existe un phénomène de vases communicants entre le VB et le PVDA. Un groupe non négligeable d’électeurs mécontents déclare hésiter entre les deux partis, ce qui confirme d’ailleurs l’hypothèse du vote de contestation. »

Les partis du centre ne devraient-ils pas, comme le Vlaams Belang, se positionner de manière plus dure en matière d’immigration ?

« C’est le dilemme éternel pour les centristes. Voyant que l’électeur s’inquiète de l’immigration, ils ont l’impression qu’ils doivent s’exprimer plus durement à ce sujet. Le grand malheur de certains partis centristes, c’est qu’ils espèrent lutter contre les partis d’extrême droite en adoptant leurs points de vue sur l’immigration, ou du moins en allant dans leur sens. À un certain moment, d’autres partis, dont Vooruit récemment, ont rendu cette rhétorique radicale tout à fait acceptable.

Cependant, toutes les études sur le sujet démontrent que c’est une mauvaise idée. Un parti centriste ne gagnera jamais une élection en prônant les idées d’un parti radical. Le parti radical aura toujours l’air plus crédible. »

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