[article] Le poids obsédant de l’histoire [texte imprimé] . - 2007 . - pp. 5-32. Langues : Français ( fre) in Manière de voir > 93 (juin-juillet 2007) . - pp. 5-32
Catégories : |
32(55) Politique de l'Iran 929 Mohammad Reza Pahlavi (shah d'Iran ; 1919-1980) 94(55) Histoire de l'Iran
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Résumé : |
Il est difficile d’imaginer qu’un événement survenu il y a si longtemps pèse encore sur les mémoires. Pourtant, le coup d’Etat organisé par la CIA contre le régime de Mohammad Mossadegh en Iran en 1953, et qui mit fin à ses tentatives de contrôler les ressources pétrolières, a profondément ébranlé le pays, a marqué au fer rouge ses habitants et, surtout, a changé le cours de l’histoire en bloquant toute évolution graduelle et démocratique. Il s’inscrivait dans la lignée d’une longue série d’ingérences étrangères — ingérences qui aiguisèrent un nationalisme bafoué, lequel plongeait ses racines dans un passé glorieux.
Le régime du chah, remis sur pied par Londres et par Washington, lança le pays dans une occidentalisation en trompe-l’œil, dans un développement capitaliste non maîtrisé, fondé avant tout sur la manne pétrolière, marqué par la corruption et la gabegie et par une indifférence aveugle aux aspirations de la société. Ce « développement » s’accompagna de l’écrasement de la moindre forme de contestation et d’une toute-puissance de la police politique. D’autre part, le chah prétendit restaurer la grandeur de l’Empire perse en s’appuyant sur trente mille conseillers américains dont la présence constituait une insulte aux sentiments nationaux. L’Iran tenta, sur le plan régional, de jouer le rôle de « gendarme du Golfe » en remplacement du Royaume-Uni, qui, au début des années 1970, s’était retiré de toutes ses bases situées à l’est de Suez.
Mais, sous l’apparente normalité, la crise couvait. Alors que l’opposition laïque, marxiste et de gauche, très puissante dans les années 1950, était marginalisée, des religieux réussirent, à travers les mosquées et les réseaux de solidarité chiites, à incarner la résistance à l’oppression du chah et à la domination étrangère. Ils élaborèrent une nouvelle lecture de la doctrine chiite pour lui donner un contenu politique plus engagé. La révolte grondait, alimentée par les souvenirs du gouvernement de Mossadegh, mais aussi par les contestations régionales qui avaient vu, en 1946, la constitution de Républiques autonomes dans l’Azerbaïdjan et le Kurdistan iraniens.
Articles :
- 1953, un coup d’Etat organisé par la CIA / Mark Gasiorowski
- Le pétrole et Washington / Marcel Barang
- Occidentalisation en trompe-l’œil / M. B.
- Réprimer pour gouverner / M. B.
- Du chiisme et des chiites / A. G. et Dominique Vidal
- Des religieux entre soumission et contestation / Nikki Keddie
- La mémoire meurtrie de Mahabad la Kurde / Jan Piruz
- Une éphémère expérience / A. G. |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Le poids obsédant de l’histoire |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2007 |
Article en page(s) : |
pp. 5-32 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
32(55) Politique de l'Iran 929 Mohammad Reza Pahlavi (shah d'Iran ; 1919-1980) 94(55) Histoire de l'Iran
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Résumé : |
Il est difficile d’imaginer qu’un événement survenu il y a si longtemps pèse encore sur les mémoires. Pourtant, le coup d’Etat organisé par la CIA contre le régime de Mohammad Mossadegh en Iran en 1953, et qui mit fin à ses tentatives de contrôler les ressources pétrolières, a profondément ébranlé le pays, a marqué au fer rouge ses habitants et, surtout, a changé le cours de l’histoire en bloquant toute évolution graduelle et démocratique. Il s’inscrivait dans la lignée d’une longue série d’ingérences étrangères — ingérences qui aiguisèrent un nationalisme bafoué, lequel plongeait ses racines dans un passé glorieux.
Le régime du chah, remis sur pied par Londres et par Washington, lança le pays dans une occidentalisation en trompe-l’œil, dans un développement capitaliste non maîtrisé, fondé avant tout sur la manne pétrolière, marqué par la corruption et la gabegie et par une indifférence aveugle aux aspirations de la société. Ce « développement » s’accompagna de l’écrasement de la moindre forme de contestation et d’une toute-puissance de la police politique. D’autre part, le chah prétendit restaurer la grandeur de l’Empire perse en s’appuyant sur trente mille conseillers américains dont la présence constituait une insulte aux sentiments nationaux. L’Iran tenta, sur le plan régional, de jouer le rôle de « gendarme du Golfe » en remplacement du Royaume-Uni, qui, au début des années 1970, s’était retiré de toutes ses bases situées à l’est de Suez.
Mais, sous l’apparente normalité, la crise couvait. Alors que l’opposition laïque, marxiste et de gauche, très puissante dans les années 1950, était marginalisée, des religieux réussirent, à travers les mosquées et les réseaux de solidarité chiites, à incarner la résistance à l’oppression du chah et à la domination étrangère. Ils élaborèrent une nouvelle lecture de la doctrine chiite pour lui donner un contenu politique plus engagé. La révolte grondait, alimentée par les souvenirs du gouvernement de Mossadegh, mais aussi par les contestations régionales qui avaient vu, en 1946, la constitution de Républiques autonomes dans l’Azerbaïdjan et le Kurdistan iraniens.
Articles :
- 1953, un coup d’Etat organisé par la CIA / Mark Gasiorowski
- Le pétrole et Washington / Marcel Barang
- Occidentalisation en trompe-l’œil / M. B.
- Réprimer pour gouverner / M. B.
- Du chiisme et des chiites / A. G. et Dominique Vidal
- Des religieux entre soumission et contestation / Nikki Keddie
- La mémoire meurtrie de Mahabad la Kurde / Jan Piruz
- Une éphémère expérience / A. G. |
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in Manière de voir > 93 (juin-juillet 2007) . - pp. 5-32
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