[article] De artistieke reisbeurs in dienst van de Belgische koloniale propaganda [texte imprimé] / Tessa Lobbes, Auteur . - 2009 . - pp.135-171. Langues : Néerlandais ( dut) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 21 (2009) . - pp.135-171
Catégories : |
32(493) Politique de la Belgique 32.019 Propagande / Communication politique / Médias et politique 325 Colonisation 7.05 Utilisation de l'art 94(493) Histoire de la Belgique
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Résumé : |
LA BOURSE DE VOYAGE ARTISTIQUE AU SERVICE DE LA PROPAGANDE COLONIALE BELGE
Le Ministère des colonies et les artistes coloniaux pendant l’Entre-deux-guerres La propagande artistique coloniale constitue un aspect presque complètement oublié du passé colonial belge. La collaboration entre les artistes coloniaux belges et le Ministère des colonies dans le cadre de la propagande coloniale pendant l’Entre-deux guerres occupe une place centrale dans cet article. L’expression ‘artistes coloniaux’ renvoie principalement aux peintres et sculpteurs blancs qui au cours de la période coloniale, soit d’environ 1880 à 1960, entreprirent une mission artistique au Congo. D’un point de vue institutionnel, l’accent est surtout mis sur une caractérisation de la politique des bourses de voyage artistiques du Ministère des colonies.
L’Entre-deux-guerres constitua une période cruciale pour l’institutionnalisation de l’art africanisant comme moyen de propagande. Une première collaboration importante entre les artistes coloniaux et les autorités coloniales se manifesta déjà peu avant la Première Guerre mondiale. Mais c’est seulement dans l’Entre-deux-guerres que le Ministère des colonies élabora une politique systématique de bourses de voyage. Au cours de ces années, un vent d’africanophilie souffla sur les villes européennes. La fascination culturelle pour l’Afrique soi-disant intuitive et authentique fut ressentie comme un antidote à la mentalité rationnelle occidentale sclérosée. Autour du nombre croissant d’africanistes naquit un réseau artistico-culturel africanophile sous la forme de l’Association des écrivains et artistes coloniaux. Par le biais de cette association naquit un important réseau où des fonctionnaires coloniaux comme le mécène africanophile Gaston-Denys Périer et des artistes purent se rencontrer et se stimuler. De son côté, le Ministère des colonies renforça son rôle de diffuseur de propagande. Pendant l’Entre-deux-guerres, presque tous les partis politiques comme aussi les autorités coloniales prêtèrent attention à l’éducation populaire visuelle et à la propagande par la photographie, la cinématographie et l’art. La démocratisation fi t en sorte que les masses populaires qui souvent étaient illettrées, furent également amenées à être convaincues.
Le moteur du développement de la politique artistique coloniale ne fut cependant pas le Ministère des colonies. Le stimulant vint en effet du milieu artistico-culturel africanophile qui tint des expositions et des plaidoyers en faveur de l’institution d’une bourse de voyage. Ainsi, le Ministère des colonies devint de plus en plus convaincu de la force de l’instrument de propagande artistique. L’attrait de l’art africain reposait notamment sur le rayonnement exotique de la palette colorée et sur la possibilité, via des toiles et des images monumentales, de convaincre le peuple de la splendeur coloniale. Ce n’est qu’à la fi n des années 1920 que le réseau artistico-culturel parvint à ses fi ns. Le ministre des Colonies accorda en effet à l’époque une bourse de voyage artistique officielle aux peintres Fernand Allard l’Olivier et Henri Kerels dans le cadre des grandes missions en faveur du pavillon colonial de l’Exposition universelle d’Anvers de 1930. L’important succès public d’Allard l’Olivier, la naissance du tourisme de luxe et la plus intense collaboration entre le Ministère des colonies et l’Association des écrivains et artistes coloniaux belges, entre autres, stimulèrent le Ministère des colonies à poursuivre le développement de la politique des bourses de voyage pendant les années 1930. Cette politique des bourses de voyage brilla cependant souvent par son inconstance et son indécision. Une crise économique persistante et une retenue officielle pour développer une vraie politique en furent à la base. Les procédures informelles, l’absence de budget fixe et les préférences des fonctionnaires y contribuèrent. Néanmoins l’institution de la bourse de voyage coloniale fut une condition importante et même essentielle au développement de la propagande artistique.
À partir des années 1930, les autorités coloniales développèrent l’habitude de subsidier deux missions artistiques par an. Ainsi une dizaine d’artistes belges comme André Hallet, Clément Serneels et Jane Tercafs reçurent des bourses de voyage pour les territoires d’outre-mer. La bourse était totalement associée à la propagande coloniale puisque les autorités faisaient effectuer des missions ou acquéraient des oeuvres d’art en échange des subsides. Les thèmes officiels favoris étaient les synthèses historicisantes sur l’impact de la présence belge au Congo, des portraits et scènes ethnographiques exotiques et l’exaltation de figures coloniales et d’évènements historiques mémorables. Un aperçu de la politique des bourses de voyage coloniales pendant l’Entre-deuxguerres montre clairement que le Ministère des colonies a investi dans ce domaine culturel principalement selon un angle d’approche utilitaire et très peu pour des motifs artistiques. De cette manière, les autorités coloniales purent faire jouer un rôle à cet art exotique dans la propagande populaire visuelle moderne en faveur du Congo et du Ruanda-Urundi.
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Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
De artistieke reisbeurs in dienst van de Belgische koloniale propaganda |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Tessa Lobbes, Auteur |
Année de publication : |
2009 |
Article en page(s) : |
pp.135-171 |
Langues : |
Néerlandais (dut) |
Catégories : |
32(493) Politique de la Belgique 32.019 Propagande / Communication politique / Médias et politique 325 Colonisation 7.05 Utilisation de l'art 94(493) Histoire de la Belgique
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Résumé : |
LA BOURSE DE VOYAGE ARTISTIQUE AU SERVICE DE LA PROPAGANDE COLONIALE BELGE
Le Ministère des colonies et les artistes coloniaux pendant l’Entre-deux-guerres La propagande artistique coloniale constitue un aspect presque complètement oublié du passé colonial belge. La collaboration entre les artistes coloniaux belges et le Ministère des colonies dans le cadre de la propagande coloniale pendant l’Entre-deux guerres occupe une place centrale dans cet article. L’expression ‘artistes coloniaux’ renvoie principalement aux peintres et sculpteurs blancs qui au cours de la période coloniale, soit d’environ 1880 à 1960, entreprirent une mission artistique au Congo. D’un point de vue institutionnel, l’accent est surtout mis sur une caractérisation de la politique des bourses de voyage artistiques du Ministère des colonies.
L’Entre-deux-guerres constitua une période cruciale pour l’institutionnalisation de l’art africanisant comme moyen de propagande. Une première collaboration importante entre les artistes coloniaux et les autorités coloniales se manifesta déjà peu avant la Première Guerre mondiale. Mais c’est seulement dans l’Entre-deux-guerres que le Ministère des colonies élabora une politique systématique de bourses de voyage. Au cours de ces années, un vent d’africanophilie souffla sur les villes européennes. La fascination culturelle pour l’Afrique soi-disant intuitive et authentique fut ressentie comme un antidote à la mentalité rationnelle occidentale sclérosée. Autour du nombre croissant d’africanistes naquit un réseau artistico-culturel africanophile sous la forme de l’Association des écrivains et artistes coloniaux. Par le biais de cette association naquit un important réseau où des fonctionnaires coloniaux comme le mécène africanophile Gaston-Denys Périer et des artistes purent se rencontrer et se stimuler. De son côté, le Ministère des colonies renforça son rôle de diffuseur de propagande. Pendant l’Entre-deux-guerres, presque tous les partis politiques comme aussi les autorités coloniales prêtèrent attention à l’éducation populaire visuelle et à la propagande par la photographie, la cinématographie et l’art. La démocratisation fi t en sorte que les masses populaires qui souvent étaient illettrées, furent également amenées à être convaincues.
Le moteur du développement de la politique artistique coloniale ne fut cependant pas le Ministère des colonies. Le stimulant vint en effet du milieu artistico-culturel africanophile qui tint des expositions et des plaidoyers en faveur de l’institution d’une bourse de voyage. Ainsi, le Ministère des colonies devint de plus en plus convaincu de la force de l’instrument de propagande artistique. L’attrait de l’art africain reposait notamment sur le rayonnement exotique de la palette colorée et sur la possibilité, via des toiles et des images monumentales, de convaincre le peuple de la splendeur coloniale. Ce n’est qu’à la fi n des années 1920 que le réseau artistico-culturel parvint à ses fi ns. Le ministre des Colonies accorda en effet à l’époque une bourse de voyage artistique officielle aux peintres Fernand Allard l’Olivier et Henri Kerels dans le cadre des grandes missions en faveur du pavillon colonial de l’Exposition universelle d’Anvers de 1930. L’important succès public d’Allard l’Olivier, la naissance du tourisme de luxe et la plus intense collaboration entre le Ministère des colonies et l’Association des écrivains et artistes coloniaux belges, entre autres, stimulèrent le Ministère des colonies à poursuivre le développement de la politique des bourses de voyage pendant les années 1930. Cette politique des bourses de voyage brilla cependant souvent par son inconstance et son indécision. Une crise économique persistante et une retenue officielle pour développer une vraie politique en furent à la base. Les procédures informelles, l’absence de budget fixe et les préférences des fonctionnaires y contribuèrent. Néanmoins l’institution de la bourse de voyage coloniale fut une condition importante et même essentielle au développement de la propagande artistique.
À partir des années 1930, les autorités coloniales développèrent l’habitude de subsidier deux missions artistiques par an. Ainsi une dizaine d’artistes belges comme André Hallet, Clément Serneels et Jane Tercafs reçurent des bourses de voyage pour les territoires d’outre-mer. La bourse était totalement associée à la propagande coloniale puisque les autorités faisaient effectuer des missions ou acquéraient des oeuvres d’art en échange des subsides. Les thèmes officiels favoris étaient les synthèses historicisantes sur l’impact de la présence belge au Congo, des portraits et scènes ethnographiques exotiques et l’exaltation de figures coloniales et d’évènements historiques mémorables. Un aperçu de la politique des bourses de voyage coloniales pendant l’Entre-deuxguerres montre clairement que le Ministère des colonies a investi dans ce domaine culturel principalement selon un angle d’approche utilitaire et très peu pour des motifs artistiques. De cette manière, les autorités coloniales purent faire jouer un rôle à cet art exotique dans la propagande populaire visuelle moderne en faveur du Congo et du Ruanda-Urundi.
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