[article] Une nouvelle approche de la Shoah en Belgique [texte imprimé] . - 2012 . - p. 32-39. Langues : Français ( fre) in Le Vif / L'Express > 39 [28/09/2012] . - p. 32-39
Catégories : |
94(100)"1939/45" Collaboration Seconde Guerre mondiale 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle Judéocide / Shoah
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Note de contenu : |
LA SHOAH EN BELGIQUE
- Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ont été victimes d'une chasse à l'homme encore plus mortelle que les grandes rafles de l'été 1942. Dans La Shoah en Belgique (Renaissance du Livre), l'historienne allemande Insa Meinen a eu accès à des sources inédites. Elle souligne l'impact de la résistance des bourgmestres bruxellois.
- ANVERS, BRUXELLES : LES (IN)DIFFÉRENCES
Deux bourgmestres catholiques : Jules Coelst (Bruxelles) et Léon Delwaide (Anvers). Deux attitudes pendant la guerre. Deux villes cosmopolites où se fixaient les étrangers fuyant le Reich. A Anvers, un antisémitisme virulent, une attirance prononcée pour l'Ordre nouveau, l'aspiration à s'unir au Reich par les liens de la germanité. A Bruxelles, 19 bourgmestres qui n'ont pas fusionné comme à Anvers mais qui ont fait bloc derrière Jules Coelst. La lettre du 5 juin 1942 où celui-ci refuse de distribuer l'étoile jaune est mémorable : « Il ne nous appartient pas de discuter avec vous l'opportunité de la mesure prise contre les Israélites mais nous avons le devoir de vous faire connaître que vous ne pouvez exiger de nous une collaboration à son exécution. Un grand nombre de Juifs sont belges et nous ne pouvons nous résoudre à nous associer à une prescription qui porte une atteinte aussi directe à la dignité de tout homme, quel qu'il soit. » Côté Delwaide, le silence. L'ordre allemand de dresser un fichier des personnes et des entreprises « juives » a été exécuté docilement par toutes les communes belges.
M.-C.R.
- AUTRES PUBLICATIONS
Une Cité si ardente. L'administration communale de Liège et la persécution des Juifs, 1940-1942, de Thierry Rozenblum (2010, Luc Pire). Le bourgmestre socialiste de Liège, Joseph Bologne, fit recenser les Juifs et les communistes, ainsi que les entreprises juives, à la demande de l'occupant allemand.
La Patrouille des enfants juifs, Jamoigne 1943-1945, de Dominique Zachary (réédition de Racine) : une centaine d'enfants juifs d'Anvers et de Bruxelles ont vécu pendant la guerre, dissimulés en scouts dans un château le long de la Semois, aidés par des adultes qui risquaient leur vie.
1930-1942. Mémoire juive du quartier Marolles-Midi. Le récit de six témoins touchés par la déportation. Un documentaire DVD de Marta Marin-Domine, accompagné d'un livret.
- Insa Meinen « La collaboration a été plus importante à Anvers qu'à Bruxelles »
L'historienne allemande Insa Meinen jette un éclairage nouveau sur la Shoah en Belgique et ceux qui l'ont permise. Une étape décisive de la recherche, qui bouscule les idées reçues.
- TROIS MOMENTS CLÉS DE LA RECHERCHE
1. L'Etoile et le fusil (Vie Ouvrière, 1983-1987) : avec cet ouvrage en trois volumes, l'historien Maxime Steinberg (ULB) jette les bases de l'étude du judéocide en Belgique. L'historien flamand Lieven Saerens (Ceges) dépeint les grandes rafles d'Anvers dans Vreemdelingen in een wereldstad. Een geschiedenis van Antwerpen en zijn joodse bevolking (1880-1944), Lannoo, 2000. Traduction : Etrangers dans la cité. Anvers et ses Juifs (1880-1944), Labor, 2005. Dans Les Curateurs du ghetto (Labor, 2004), dirigé par Jean-Philippe Schreiber (ULB) et Rudi Van Doorslaer (Ceges), les archives de l'Association des Juifs de Belgique livrent leurs secrets. Le livre nuance la vision de l'AJB, « constituée de notables juifs aux ordres des Allemands », qu'en avait donnée Maxime Steinberg.
2. La Belgique docile (Luc Pire, 2007) : ce volumineux rapport, commandé par le Sénat et dirigé par Rudi Van Doorslaer, Emmanuel Debruyne, Frank Seberechts et Nico Wouters, établit qu'au nom de la politique du « moindre mal » les autorités belges ont collaboré, dès mai 1940, avec l'occupant allemand, sur fond de xénophobie généralisée.
3. La Shoah en Belgique (parution en allemand en 2009, en français, à la Renaissance du livre, 2012) : l'historienne allemande Insa Meinen (université de Oldenburg) a eu accès à des sources inédites qui permettent d'équilibrer les tableaux précédents, avec une neutralité et une clarté remarquables.
M.-C.R.
- « Se comparer au régime de Vichy était une erreur »
Membre du comité d'accompagnement du rapport du Ceges sur La Belgique docile, l'historien Jean-Philippe Schreiber (ULB) revient sur certaines interprétations démenties par Insa Meinen.
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Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Une nouvelle approche de la Shoah en Belgique |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2012 |
Article en page(s) : |
p. 32-39 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
94(100)"1939/45" Collaboration Seconde Guerre mondiale 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle Judéocide / Shoah
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Note de contenu : |
LA SHOAH EN BELGIQUE
- Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Juifs ont été victimes d'une chasse à l'homme encore plus mortelle que les grandes rafles de l'été 1942. Dans La Shoah en Belgique (Renaissance du Livre), l'historienne allemande Insa Meinen a eu accès à des sources inédites. Elle souligne l'impact de la résistance des bourgmestres bruxellois.
- ANVERS, BRUXELLES : LES (IN)DIFFÉRENCES
Deux bourgmestres catholiques : Jules Coelst (Bruxelles) et Léon Delwaide (Anvers). Deux attitudes pendant la guerre. Deux villes cosmopolites où se fixaient les étrangers fuyant le Reich. A Anvers, un antisémitisme virulent, une attirance prononcée pour l'Ordre nouveau, l'aspiration à s'unir au Reich par les liens de la germanité. A Bruxelles, 19 bourgmestres qui n'ont pas fusionné comme à Anvers mais qui ont fait bloc derrière Jules Coelst. La lettre du 5 juin 1942 où celui-ci refuse de distribuer l'étoile jaune est mémorable : « Il ne nous appartient pas de discuter avec vous l'opportunité de la mesure prise contre les Israélites mais nous avons le devoir de vous faire connaître que vous ne pouvez exiger de nous une collaboration à son exécution. Un grand nombre de Juifs sont belges et nous ne pouvons nous résoudre à nous associer à une prescription qui porte une atteinte aussi directe à la dignité de tout homme, quel qu'il soit. » Côté Delwaide, le silence. L'ordre allemand de dresser un fichier des personnes et des entreprises « juives » a été exécuté docilement par toutes les communes belges.
M.-C.R.
- AUTRES PUBLICATIONS
Une Cité si ardente. L'administration communale de Liège et la persécution des Juifs, 1940-1942, de Thierry Rozenblum (2010, Luc Pire). Le bourgmestre socialiste de Liège, Joseph Bologne, fit recenser les Juifs et les communistes, ainsi que les entreprises juives, à la demande de l'occupant allemand.
La Patrouille des enfants juifs, Jamoigne 1943-1945, de Dominique Zachary (réédition de Racine) : une centaine d'enfants juifs d'Anvers et de Bruxelles ont vécu pendant la guerre, dissimulés en scouts dans un château le long de la Semois, aidés par des adultes qui risquaient leur vie.
1930-1942. Mémoire juive du quartier Marolles-Midi. Le récit de six témoins touchés par la déportation. Un documentaire DVD de Marta Marin-Domine, accompagné d'un livret.
- Insa Meinen « La collaboration a été plus importante à Anvers qu'à Bruxelles »
L'historienne allemande Insa Meinen jette un éclairage nouveau sur la Shoah en Belgique et ceux qui l'ont permise. Une étape décisive de la recherche, qui bouscule les idées reçues.
- TROIS MOMENTS CLÉS DE LA RECHERCHE
1. L'Etoile et le fusil (Vie Ouvrière, 1983-1987) : avec cet ouvrage en trois volumes, l'historien Maxime Steinberg (ULB) jette les bases de l'étude du judéocide en Belgique. L'historien flamand Lieven Saerens (Ceges) dépeint les grandes rafles d'Anvers dans Vreemdelingen in een wereldstad. Een geschiedenis van Antwerpen en zijn joodse bevolking (1880-1944), Lannoo, 2000. Traduction : Etrangers dans la cité. Anvers et ses Juifs (1880-1944), Labor, 2005. Dans Les Curateurs du ghetto (Labor, 2004), dirigé par Jean-Philippe Schreiber (ULB) et Rudi Van Doorslaer (Ceges), les archives de l'Association des Juifs de Belgique livrent leurs secrets. Le livre nuance la vision de l'AJB, « constituée de notables juifs aux ordres des Allemands », qu'en avait donnée Maxime Steinberg.
2. La Belgique docile (Luc Pire, 2007) : ce volumineux rapport, commandé par le Sénat et dirigé par Rudi Van Doorslaer, Emmanuel Debruyne, Frank Seberechts et Nico Wouters, établit qu'au nom de la politique du « moindre mal » les autorités belges ont collaboré, dès mai 1940, avec l'occupant allemand, sur fond de xénophobie généralisée.
3. La Shoah en Belgique (parution en allemand en 2009, en français, à la Renaissance du livre, 2012) : l'historienne allemande Insa Meinen (université de Oldenburg) a eu accès à des sources inédites qui permettent d'équilibrer les tableaux précédents, avec une neutralité et une clarté remarquables.
M.-C.R.
- « Se comparer au régime de Vichy était une erreur »
Membre du comité d'accompagnement du rapport du Ceges sur La Belgique docile, l'historien Jean-Philippe Schreiber (ULB) revient sur certaines interprétations démenties par Insa Meinen.
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in Le Vif / L'Express > 39 [28/09/2012] . - p. 32-39
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