Sourire : Une anthropologie de l’énigmatique [texte imprimé] / David Le Breton, Auteur . - Paris : Métailié, 2022 . - 1 vol. (221 p.) ; 22 cm. - ( Traversées, ISSN 0291-4387) . ISBN : 979-10-226-1043-8 Langues : Français ( fre)
Catégories : |
1 Philosophie Psychologie 316 Sociologie 39 Anthropologie culturelle / Civilisation 82-7 Humour
|
Index. décimale : |
1 Philosophie / Psychologie |
Résumé : |
Site éditeur :
Un grand anthropologue du corps dévoile les mystères d’un des plus beaux gestes humains : le sourire.
David Le Breton poursuit son anthropologie du corps de façon plus affinée, plus littéraire aussi au regard de ses précédents ouvrages, il ouvre des voies de réflexion au lecteur. Ici pas d’interviews, que du vécu et des citations d’écrivains, de cinéastes ou des peintures qui décrivent sur le vif des sourires, des centaines de sourires plus ou moins célèbres où se voilent des significations contradictoires.
Le sourire se devine, il gagne les yeux, transforme le visage et nous introduit l’un à l’autre avec toute la subtilité polysémique d’une humanité qui s’y reconnaît. Le sourire est bien un effleurement de l’âme, il dit la subtilité de la présence au monde, à l’autre et à soi. Les savants peuvent bien constater que le sourire est la réaction la plus faible du visage à toute excitation légère et faciale, les poètes comme Paul Valéry y voient « le premier luxe de l’être. Ce n’est plus le besoin qui pleure et qui crie. C’est l’ouverture de l’inutile besoin de communiquer pour autre chose que l’apaisement d’une soif ». Oui, le sourire est un adoucisseur de contact quand il n’est pas convenu, de circonstance, narquois, exaspérant ou, bêtement, pour donner le change. C’est aussi une ritualité parfois régie par une subtile hiérarchie sociale qui permet à l’individu de communiquer autrement, sans mot, de tout son corps.
Cette anthropologie de l’énigmatique touche bien sûr aux conventions et aux interactions sociales, elle touche aussi à notre spiritualité vraie et naïve qui nous fait exister autant que résister au monde et communiquer de soi à l’autre.
------------
QUESTIONS À L’AUTEUR
1. Après votre anthropologie du rieur (Métailié, 2018), votre nouveau livre dévoile les mystères du sourire. Qu’est-ce qui distingue le sourire du rire ?
Après un premier ouvrage, Rire. Une anthropologie du rieur, dont le thème n’était pas l’humour mais les nombreuses déclinaisons du rire dans toute sa polysémie, sa polyphonie, je souhaitais mener une recherche sur les significations du sourire dans la vie courante. Il faut bien entendu se défendre de toute mièvrerie, de tout angélisme à son égard. De surcroît, le sourire est aujourd’hui une anti-valeur pour les partisans du néolibéralisme où il s’agit d’afficher une détermination, une agressivité, un visage farouche, viril. Les sciences humaines et sociales l’ont presque totalement oublié du fait de sa subtilité, de ses ambivalences et de ses connotations doucereuses. Les études sur le rire sont valorisées, car elles sollicitent surtout l’humour, sujet noble par excellence, mais le sourire est loin de posséder les mêmes valeurs, toujours plutôt connoté du côté de la dérision, de la fadeur. D’où l’intérêt d’une telle recherche, non seulement pour subvertir des hiérarchies morales propres à une période de l’histoire de nos sociétés, mais aussi pour montrer que le sourire, comme le visage ou la voix, touche au coeur du sentiment d’identité et apparaît comme un sujet immense et fascinant quand on l’aborde avec les outils de l’anthropologie et de l’histoire. Le sourire n’est pas un sous-rire, il possède son univers propre de signification. Comme le rire, il est équivoque, polysémique, il s’inscrit toujours dans un contexte relationnel spécifique. S’il exprime un état intérieur de l’individu, sa signification est parfois énigmatique, il n’est pas la traduction simple d’un sentiment ou d’une position, il manifeste souvent des sentiments mêlés. Dans la conversation courante, il signe l’accord, la coordination, la compréhension. Il est également une technique de séduction efficace. On sourit aussi de satisfaction, d’amusement, en croisant un ami dans la rue ou par complicité, mais aussi pour dire sa colère, son mépris, son incompréhension, sa résignation, sa réserve, sa morgue, son incrédulité, sa malveillance, sa peur, etc. Sourire est aussi une manière de douter ou de recevoir avec distance, ou encore de dire son embarras, etc. Cet ouvrage tente une sorte de balade anthropologique dans cet immense continent du sourire.
2. La signification du sourire est-elle la même dans toutes les sociétés ?
En Inde, au Sri Lanka, au Tibet, ailleurs aussi, le voyageur découvre la plénitude des sourires, la transparence des visages d’enfants ou de femmes, souvent aussi des hommes. Des sourires en-tiers, sans réserve, qui émanent de toute l’épaisseur de leur corps, un affleurement d’âme sur le visage. Ouverture à l’autre, sans retenue, dans la transparence. Offrande fugace d’amitié, fête devant un étranger qui suscite la curiosité, appel d’air devant la révélation d’un autre monde. Le sou-rire est un appel tranquille à la jouissance du monde, et à cet instant miraculeux où les visages se croisent et se reconnaissent. Ils mettent au monde et rappellent inlassablement que la signification des choses tient seulement au regard porté sur elles. Le voyageur fait ainsi provision de sourires dans ses bagages, mais aussi d’interrogations : pourquoi les enfants occidentaux sourient-ils si peu aux autres, ou alors avec une telle inquiétude ? Et pourquoi ces enfants de l’Inde sourient-ils avec un tel abandon, une telle jubilation ? Le sourire est toujours mêlé à des relations sociales et culturelles, il est un élément des rites d’interaction, et en ce sens il n’a pas la même signification, la même valeur, d’un lieu ou d’un temps à l’autre des sociétés humaines.
|
Note de contenu : |
Sommaire
Des ambiguïtés du rire à celles du sourire 11 - Échappées belles 24 - Sourire ailleurs 28 - Interactions sociales 37 - Garder le sourire 60 - Donner le change 69 - Sourire des assassins 76 - Sourire aux anges 82 - Disparition du sourire en temps de Covid-19 87 - Enfance du sourire 89 - Le genre du sourire 100 - Perte du sourire 107 - Sourire sans autre 114 - Visages autistes 127 - Des études pense- sans-rire 132 - Le sourire est un fait de signification, non un programme 151 - Sourires menteurs ? 157 — Spiritualités 164 - Le sourire contre le rire 170 - Contrôler le rire et privilégier le sourire 183 - La convention du sourire dans la photographie 189 - “Le faible sourire du malheur” 197 - Remise au monde 202 - Ouverture 211
|
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
Titre : |
Sourire : Une anthropologie de l’énigmatique |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
David Le Breton, Auteur |
Editeur : |
Paris : Métailié |
Année de publication : |
2022 |
Collection : |
Traversées, ISSN 0291-4387 |
Importance : |
1 vol. (221 p.) |
Format : |
22 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
979-10-226-1043-8 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
1 Philosophie Psychologie 316 Sociologie 39 Anthropologie culturelle / Civilisation 82-7 Humour
|
Index. décimale : |
1 Philosophie / Psychologie |
Résumé : |
Site éditeur :
Un grand anthropologue du corps dévoile les mystères d’un des plus beaux gestes humains : le sourire.
David Le Breton poursuit son anthropologie du corps de façon plus affinée, plus littéraire aussi au regard de ses précédents ouvrages, il ouvre des voies de réflexion au lecteur. Ici pas d’interviews, que du vécu et des citations d’écrivains, de cinéastes ou des peintures qui décrivent sur le vif des sourires, des centaines de sourires plus ou moins célèbres où se voilent des significations contradictoires.
Le sourire se devine, il gagne les yeux, transforme le visage et nous introduit l’un à l’autre avec toute la subtilité polysémique d’une humanité qui s’y reconnaît. Le sourire est bien un effleurement de l’âme, il dit la subtilité de la présence au monde, à l’autre et à soi. Les savants peuvent bien constater que le sourire est la réaction la plus faible du visage à toute excitation légère et faciale, les poètes comme Paul Valéry y voient « le premier luxe de l’être. Ce n’est plus le besoin qui pleure et qui crie. C’est l’ouverture de l’inutile besoin de communiquer pour autre chose que l’apaisement d’une soif ». Oui, le sourire est un adoucisseur de contact quand il n’est pas convenu, de circonstance, narquois, exaspérant ou, bêtement, pour donner le change. C’est aussi une ritualité parfois régie par une subtile hiérarchie sociale qui permet à l’individu de communiquer autrement, sans mot, de tout son corps.
Cette anthropologie de l’énigmatique touche bien sûr aux conventions et aux interactions sociales, elle touche aussi à notre spiritualité vraie et naïve qui nous fait exister autant que résister au monde et communiquer de soi à l’autre.
------------
QUESTIONS À L’AUTEUR
1. Après votre anthropologie du rieur (Métailié, 2018), votre nouveau livre dévoile les mystères du sourire. Qu’est-ce qui distingue le sourire du rire ?
Après un premier ouvrage, Rire. Une anthropologie du rieur, dont le thème n’était pas l’humour mais les nombreuses déclinaisons du rire dans toute sa polysémie, sa polyphonie, je souhaitais mener une recherche sur les significations du sourire dans la vie courante. Il faut bien entendu se défendre de toute mièvrerie, de tout angélisme à son égard. De surcroît, le sourire est aujourd’hui une anti-valeur pour les partisans du néolibéralisme où il s’agit d’afficher une détermination, une agressivité, un visage farouche, viril. Les sciences humaines et sociales l’ont presque totalement oublié du fait de sa subtilité, de ses ambivalences et de ses connotations doucereuses. Les études sur le rire sont valorisées, car elles sollicitent surtout l’humour, sujet noble par excellence, mais le sourire est loin de posséder les mêmes valeurs, toujours plutôt connoté du côté de la dérision, de la fadeur. D’où l’intérêt d’une telle recherche, non seulement pour subvertir des hiérarchies morales propres à une période de l’histoire de nos sociétés, mais aussi pour montrer que le sourire, comme le visage ou la voix, touche au coeur du sentiment d’identité et apparaît comme un sujet immense et fascinant quand on l’aborde avec les outils de l’anthropologie et de l’histoire. Le sourire n’est pas un sous-rire, il possède son univers propre de signification. Comme le rire, il est équivoque, polysémique, il s’inscrit toujours dans un contexte relationnel spécifique. S’il exprime un état intérieur de l’individu, sa signification est parfois énigmatique, il n’est pas la traduction simple d’un sentiment ou d’une position, il manifeste souvent des sentiments mêlés. Dans la conversation courante, il signe l’accord, la coordination, la compréhension. Il est également une technique de séduction efficace. On sourit aussi de satisfaction, d’amusement, en croisant un ami dans la rue ou par complicité, mais aussi pour dire sa colère, son mépris, son incompréhension, sa résignation, sa réserve, sa morgue, son incrédulité, sa malveillance, sa peur, etc. Sourire est aussi une manière de douter ou de recevoir avec distance, ou encore de dire son embarras, etc. Cet ouvrage tente une sorte de balade anthropologique dans cet immense continent du sourire.
2. La signification du sourire est-elle la même dans toutes les sociétés ?
En Inde, au Sri Lanka, au Tibet, ailleurs aussi, le voyageur découvre la plénitude des sourires, la transparence des visages d’enfants ou de femmes, souvent aussi des hommes. Des sourires en-tiers, sans réserve, qui émanent de toute l’épaisseur de leur corps, un affleurement d’âme sur le visage. Ouverture à l’autre, sans retenue, dans la transparence. Offrande fugace d’amitié, fête devant un étranger qui suscite la curiosité, appel d’air devant la révélation d’un autre monde. Le sou-rire est un appel tranquille à la jouissance du monde, et à cet instant miraculeux où les visages se croisent et se reconnaissent. Ils mettent au monde et rappellent inlassablement que la signification des choses tient seulement au regard porté sur elles. Le voyageur fait ainsi provision de sourires dans ses bagages, mais aussi d’interrogations : pourquoi les enfants occidentaux sourient-ils si peu aux autres, ou alors avec une telle inquiétude ? Et pourquoi ces enfants de l’Inde sourient-ils avec un tel abandon, une telle jubilation ? Le sourire est toujours mêlé à des relations sociales et culturelles, il est un élément des rites d’interaction, et en ce sens il n’a pas la même signification, la même valeur, d’un lieu ou d’un temps à l’autre des sociétés humaines.
|
Note de contenu : |
Sommaire
Des ambiguïtés du rire à celles du sourire 11 - Échappées belles 24 - Sourire ailleurs 28 - Interactions sociales 37 - Garder le sourire 60 - Donner le change 69 - Sourire des assassins 76 - Sourire aux anges 82 - Disparition du sourire en temps de Covid-19 87 - Enfance du sourire 89 - Le genre du sourire 100 - Perte du sourire 107 - Sourire sans autre 114 - Visages autistes 127 - Des études pense- sans-rire 132 - Le sourire est un fait de signification, non un programme 151 - Sourires menteurs ? 157 — Spiritualités 164 - Le sourire contre le rire 170 - Contrôler le rire et privilégier le sourire 183 - La convention du sourire dans la photographie 189 - “Le faible sourire du malheur” 197 - Remise au monde 202 - Ouverture 211
|
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
|  |