[article] Musiciens sans frontières [texte imprimé] . - 2005 . - pp. 2-37. Langues : Français ( fre) in Agenda Interculturel > 233 (mai 2005) . - pp. 2-37
Catégories : |
316.7 Sociologie de la Culture / Vie Intellectuel 316.73 Interculturel Métissage Différence Multiculturel 78 Musique Chansons
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Résumé : |
La musique transcende l’humain. Elle masse l’âme et fait danser l’esprit. Elle est le lien entre le ciel et la terre. Elle permet aux oreilles fines de percevoir le son du cosmos… Les artistes rencontrés au rythme de ce dossier rivalisent de poésie pour nous raconter leur passion. La musique crève le ciel !, lança Baudelaire. Elle crève aussi les frontières. C’est la fusion des genres et des cultures, des âges et des tendances qui se vit intensément, avec ses frictions, ses fausses notes, ses audaces. Voilà ce que nous avons voulu illustrer au fil de ces pages.
Après le petit mode d’emploi sur le nouveau statut social des artistes et sur le soutien de Wallonie-Bruxelles Musiques aux professionnels qui veulent s’exporter, osons franchir la frontière linguistique du plat pays pour y apprendre quelle place la Flandre réserve à la musique du monde et au folk. Nous avons ensuite choisi de présenter les étapes qui mènent de la composition à la production via l’aventure pleine de débrouilles et de fougue recueillie auprès de Miguel Allo, joueur de cornemuse de la Galice dans le groupe Camaxe. Ou comment ne pas grever son minuscule budget en enregistrant jour et nuit dans le studio ! Suit une enquête impressionniste dans les milieux de la production et de la distribution africaine à Bruxelles, ainsi que plusieurs entretiens évoquant les finalités citoyennes de pratiques de diffusion culturelle en dehors des diktats de l’économie de marché.
Nous vous invitons aussi à entrer de plain-pied dans l’univers mystique du sitar en découvrant le parcours de Bert Cornelis, anversois transporté par la musique classique indienne. D’autres musiciens présentent aussi leurs instruments et leur répertoire : Cumali Bulduk, joueur de baglama, alterne parfois son répertoire alévi (courant chiite de l’islam turc) avec des chansons grecques traduites et interprétées en… néerlandais. Aussi étonnant, le percussionniste mexicain Osvaldo Hernandez métisse les styles tout en collectionnant des instruments glanés aux quatre coins du monde, avec l’espoir de jouer un rôle dans la transmission de la mémoire.
Transmettre la mémoire sans la dévoyer, c’est précisément poser la question délicate de la marchandisation et de la mise en spectacle de musiques rituelles comme celle des Gnawa. Risquent-ils de perdre ainsi leur aura, leur âme, leur secret, leur magie ? En courir le danger de lâcher les démons ?
Vous prendrez ensuite un détour érudit par les mutations du rebetiko (musique populaire grecque) qui repousse les frontières du temps et de l’espace, avant de vous arrêter à plusieurs festivals - en Belgique, en Europe et même en Afghanistan - où nous questionnons leur impact en faveur d’un dialogue interculturel.
Il ne faut rien demander à la musique, il faut juste jouer. Se faire plaisir et donner du plaisir.
Sommaire :
Le son du cosmos / Pascal Peerboom
Très jeune, Bert Cornelis s’est trouvé attiré par les sonorités orientales. Après avoir entendu le sitar, il a voulu connaître l’instrument. Il a surtout rencontré un homme, Pandit Ashok Patak, l’un de ceux dont on dit en Inde «qu’ils sont les plus proches de dieu», qui l’a initié et lui a fait découvrir la puissance mystique et spirituelle de l’instrument.
Simplifiez-nous la vie / Pascal Peerboom
Depuis plusieurs années, les artistes, individuellement, en syndicats ou réunis en plate-forme, réclamaient un statut social qui prenne en compte leur spécificité. Le 1er juillet 2003, la loi qui régit le nouveau statut social des artistes a vu le jour. Une disposition récente assouplit la situation des artistes « occasionnels » et des organisateurs de « petite échelle ». Une initiative bienvenue.
Allez jouer dehors ! /Liliane Graziani
21 ans déjà que Wallonie-Bruxelles Musiques existe et œuvre pour faire connaître nos artistes à l’étranger. Petit tour des services rendus avec sa responsable des musiques du monde.
Attaché au baglama / Mehmet Köksal
Portrait de Cumali Bulduk, musicien alévi autodidacte et ami d’enfance. Un vrai parcours d’artiste émaillé d’anecdotes, d’histoires de musiques et d’un petit règlement de compte, au passage, envers un joueur de billes imbattable…
Bien Haut dans le Vent / Peter Van Rompaye
En Flandre, quelle place est réservée à la musique du monde et au folk ? Au-delà d’une renaissance certaine et d’un engouement auprès des jeunes, ces deux univers restent encore trop séparés.
Imaxes : itinéraire d’un rêve abouti / Pascal Peerboom
Miguel Allo est ingénieur du son à la RTBF. Mais également musicien autodidacte, passionné par la gaita, la cornemuse emblématique de la Galice, terre de ses ancêtres. Très tôt, il a su qu’il compulserait ses propres compositions sur un support grand public. En janvier 2004, Imaxes, premier CD du groupe Camaxe, est né. Parcours de longue haleine pour une auto-production.
Le disque africain à Bruxelles, entre business et passion / Tanju Goban
Le champ de la diffusion et de la production musicales des communautés installées en Belgique ces quarante dernières années, à la faveur des courants migratoires, reflète une telle sédimentation culturelle qu'on ne peut le découvrir et l'évoquer que par bribes. Quelques touches impressionnistes posées au gré de nos rencontres avec des acteurs du marché musical africain - essentiellement congolais - de Bruxelles.
Les démons sont lâchés / Marc André
Des musiques qui remplissent des fonctions religieuses ou rituelles comme celles des Gnawa connaissent aujourd’hui en Occident un dévoiement et une déperdition de sens « non seulement dans la société et le spectacle, mais dans la société du spectacle ».
Barde berbère sous influences / Nathalie Caprioli
Sa vie de troubadour commence dès sa naissance. Marocain berbère né à Tétouan, ayant vécu à Melilla et grandi à Nador, Khalid Izri vit en transit entre moult influences qui irradient ses compositions. Comment raconte-t-il son état nomade – et parfois clandestin - à travers sa musique ?
Navigations de la chanson populaire grecque / Marc Vanholsbeeck
Le rebetiko, ou musique néohellénistique de masse, est remarquable comme style fondateur en mutation. (Petite) histoire de ses migrations stylistiques à travers les frontières historiques, sociales et géographiques.
Le percussionniste improvisateur et collectionneur / Nathalie Caprioli
Osvaldo Hernandez a d’abord beaucoup parcouru son pays, le Mexique, pour apprendre des Indiens -descendants des Mayas et des Aztèques- la musique et les choses de la vie. Et c’est encore la musique qui l’a convié à un quasi tour du globe, revenant chaque fois à Bruxelles où il vit depuis quinze ans. Riche d’une collection d’instruments insolites et de styles empruntés ici et là.
Métissages pour une musique fiction / Entretien avec Thierry Vanroy
Partant d’hypothèses aussi audacieuses qu’un lien tissé entre les populations de Sibérie et les Indiens Mayas lorsque le détroit de Bering n’existait pas, Thierry Vanroy façonne des imaginaires et métissages musicaux expérimentaux. Résolument en marge des diktats du marché de la World Music.
Festivals & dialogue interculturel : Trois exemples européens / Nathalie Caprioli
À quoi sert un festival ? Vitrine culturelle, outil de marketing, divertissement, affirmation de l’identité d’une communauté (ou renforcement de clichés)… Les festivals artistiques déclinent ces fonctions avec plus ou moins d’intensité selon leur profil. Arrêt sur image avec trois festivals à Bruxelles, Sarajevo et Banska Stiavnica (Slovaquie) qui revendiquent à leur façon le dialogue interculturel : déranger, éveiller, sauver.
Le festival de Mazar-i Sharif : réconcilier / Sari Kouvo
De la musique, des hommes et des Kalashnikovs : trois mots pour illustrer le festival de musique Gul-e Surkh (Fleur rouge) en Afghanistan, État dit « post-conflits » mais où la reconstruction tarde à démarrer. Sari Kouvo, expatriée finlandaise à Kaboul, y assistait.
Au-delà des peurs / Jean-Yves Laffineur
En quoi Esperanzah ! favorise-t-il le dialogue interculturel ? Réponse de Jean-Yves Laffineur, organisateur du festival qui prépare sa quatrième édition les 5, 6 et 7 août à l’Abbaye de Floreffe.
Décolonisation mentale et culturelle / Entretien avec Brigitte Kaquet
Sur la scène des arts, le festival «Voix de femmes », qui lancera sa septième édition du 28 octobre au 9 novembre, se démarque comme lieu de rencontres interculturelles et politiques entre artistes et spectateurs. Cultures en résistance sur un pied d’égalité ! Brigitte Kaquet, directrice programmatrice, nous explique les fondements de ce festival porté par des femmes aux antipodes des clichés commerciaux. |
En ligne : |
http://www.cbai.be/publications/numeros/233.html |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Musiciens sans frontières |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 2-37 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
316.7 Sociologie de la Culture / Vie Intellectuel 316.73 Interculturel Métissage Différence Multiculturel 78 Musique Chansons
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Résumé : |
La musique transcende l’humain. Elle masse l’âme et fait danser l’esprit. Elle est le lien entre le ciel et la terre. Elle permet aux oreilles fines de percevoir le son du cosmos… Les artistes rencontrés au rythme de ce dossier rivalisent de poésie pour nous raconter leur passion. La musique crève le ciel !, lança Baudelaire. Elle crève aussi les frontières. C’est la fusion des genres et des cultures, des âges et des tendances qui se vit intensément, avec ses frictions, ses fausses notes, ses audaces. Voilà ce que nous avons voulu illustrer au fil de ces pages.
Après le petit mode d’emploi sur le nouveau statut social des artistes et sur le soutien de Wallonie-Bruxelles Musiques aux professionnels qui veulent s’exporter, osons franchir la frontière linguistique du plat pays pour y apprendre quelle place la Flandre réserve à la musique du monde et au folk. Nous avons ensuite choisi de présenter les étapes qui mènent de la composition à la production via l’aventure pleine de débrouilles et de fougue recueillie auprès de Miguel Allo, joueur de cornemuse de la Galice dans le groupe Camaxe. Ou comment ne pas grever son minuscule budget en enregistrant jour et nuit dans le studio ! Suit une enquête impressionniste dans les milieux de la production et de la distribution africaine à Bruxelles, ainsi que plusieurs entretiens évoquant les finalités citoyennes de pratiques de diffusion culturelle en dehors des diktats de l’économie de marché.
Nous vous invitons aussi à entrer de plain-pied dans l’univers mystique du sitar en découvrant le parcours de Bert Cornelis, anversois transporté par la musique classique indienne. D’autres musiciens présentent aussi leurs instruments et leur répertoire : Cumali Bulduk, joueur de baglama, alterne parfois son répertoire alévi (courant chiite de l’islam turc) avec des chansons grecques traduites et interprétées en… néerlandais. Aussi étonnant, le percussionniste mexicain Osvaldo Hernandez métisse les styles tout en collectionnant des instruments glanés aux quatre coins du monde, avec l’espoir de jouer un rôle dans la transmission de la mémoire.
Transmettre la mémoire sans la dévoyer, c’est précisément poser la question délicate de la marchandisation et de la mise en spectacle de musiques rituelles comme celle des Gnawa. Risquent-ils de perdre ainsi leur aura, leur âme, leur secret, leur magie ? En courir le danger de lâcher les démons ?
Vous prendrez ensuite un détour érudit par les mutations du rebetiko (musique populaire grecque) qui repousse les frontières du temps et de l’espace, avant de vous arrêter à plusieurs festivals - en Belgique, en Europe et même en Afghanistan - où nous questionnons leur impact en faveur d’un dialogue interculturel.
Il ne faut rien demander à la musique, il faut juste jouer. Se faire plaisir et donner du plaisir.
Sommaire :
Le son du cosmos / Pascal Peerboom
Très jeune, Bert Cornelis s’est trouvé attiré par les sonorités orientales. Après avoir entendu le sitar, il a voulu connaître l’instrument. Il a surtout rencontré un homme, Pandit Ashok Patak, l’un de ceux dont on dit en Inde «qu’ils sont les plus proches de dieu», qui l’a initié et lui a fait découvrir la puissance mystique et spirituelle de l’instrument.
Simplifiez-nous la vie / Pascal Peerboom
Depuis plusieurs années, les artistes, individuellement, en syndicats ou réunis en plate-forme, réclamaient un statut social qui prenne en compte leur spécificité. Le 1er juillet 2003, la loi qui régit le nouveau statut social des artistes a vu le jour. Une disposition récente assouplit la situation des artistes « occasionnels » et des organisateurs de « petite échelle ». Une initiative bienvenue.
Allez jouer dehors ! /Liliane Graziani
21 ans déjà que Wallonie-Bruxelles Musiques existe et œuvre pour faire connaître nos artistes à l’étranger. Petit tour des services rendus avec sa responsable des musiques du monde.
Attaché au baglama / Mehmet Köksal
Portrait de Cumali Bulduk, musicien alévi autodidacte et ami d’enfance. Un vrai parcours d’artiste émaillé d’anecdotes, d’histoires de musiques et d’un petit règlement de compte, au passage, envers un joueur de billes imbattable…
Bien Haut dans le Vent / Peter Van Rompaye
En Flandre, quelle place est réservée à la musique du monde et au folk ? Au-delà d’une renaissance certaine et d’un engouement auprès des jeunes, ces deux univers restent encore trop séparés.
Imaxes : itinéraire d’un rêve abouti / Pascal Peerboom
Miguel Allo est ingénieur du son à la RTBF. Mais également musicien autodidacte, passionné par la gaita, la cornemuse emblématique de la Galice, terre de ses ancêtres. Très tôt, il a su qu’il compulserait ses propres compositions sur un support grand public. En janvier 2004, Imaxes, premier CD du groupe Camaxe, est né. Parcours de longue haleine pour une auto-production.
Le disque africain à Bruxelles, entre business et passion / Tanju Goban
Le champ de la diffusion et de la production musicales des communautés installées en Belgique ces quarante dernières années, à la faveur des courants migratoires, reflète une telle sédimentation culturelle qu'on ne peut le découvrir et l'évoquer que par bribes. Quelques touches impressionnistes posées au gré de nos rencontres avec des acteurs du marché musical africain - essentiellement congolais - de Bruxelles.
Les démons sont lâchés / Marc André
Des musiques qui remplissent des fonctions religieuses ou rituelles comme celles des Gnawa connaissent aujourd’hui en Occident un dévoiement et une déperdition de sens « non seulement dans la société et le spectacle, mais dans la société du spectacle ».
Barde berbère sous influences / Nathalie Caprioli
Sa vie de troubadour commence dès sa naissance. Marocain berbère né à Tétouan, ayant vécu à Melilla et grandi à Nador, Khalid Izri vit en transit entre moult influences qui irradient ses compositions. Comment raconte-t-il son état nomade – et parfois clandestin - à travers sa musique ?
Navigations de la chanson populaire grecque / Marc Vanholsbeeck
Le rebetiko, ou musique néohellénistique de masse, est remarquable comme style fondateur en mutation. (Petite) histoire de ses migrations stylistiques à travers les frontières historiques, sociales et géographiques.
Le percussionniste improvisateur et collectionneur / Nathalie Caprioli
Osvaldo Hernandez a d’abord beaucoup parcouru son pays, le Mexique, pour apprendre des Indiens -descendants des Mayas et des Aztèques- la musique et les choses de la vie. Et c’est encore la musique qui l’a convié à un quasi tour du globe, revenant chaque fois à Bruxelles où il vit depuis quinze ans. Riche d’une collection d’instruments insolites et de styles empruntés ici et là.
Métissages pour une musique fiction / Entretien avec Thierry Vanroy
Partant d’hypothèses aussi audacieuses qu’un lien tissé entre les populations de Sibérie et les Indiens Mayas lorsque le détroit de Bering n’existait pas, Thierry Vanroy façonne des imaginaires et métissages musicaux expérimentaux. Résolument en marge des diktats du marché de la World Music.
Festivals & dialogue interculturel : Trois exemples européens / Nathalie Caprioli
À quoi sert un festival ? Vitrine culturelle, outil de marketing, divertissement, affirmation de l’identité d’une communauté (ou renforcement de clichés)… Les festivals artistiques déclinent ces fonctions avec plus ou moins d’intensité selon leur profil. Arrêt sur image avec trois festivals à Bruxelles, Sarajevo et Banska Stiavnica (Slovaquie) qui revendiquent à leur façon le dialogue interculturel : déranger, éveiller, sauver.
Le festival de Mazar-i Sharif : réconcilier / Sari Kouvo
De la musique, des hommes et des Kalashnikovs : trois mots pour illustrer le festival de musique Gul-e Surkh (Fleur rouge) en Afghanistan, État dit « post-conflits » mais où la reconstruction tarde à démarrer. Sari Kouvo, expatriée finlandaise à Kaboul, y assistait.
Au-delà des peurs / Jean-Yves Laffineur
En quoi Esperanzah ! favorise-t-il le dialogue interculturel ? Réponse de Jean-Yves Laffineur, organisateur du festival qui prépare sa quatrième édition les 5, 6 et 7 août à l’Abbaye de Floreffe.
Décolonisation mentale et culturelle / Entretien avec Brigitte Kaquet
Sur la scène des arts, le festival «Voix de femmes », qui lancera sa septième édition du 28 octobre au 9 novembre, se démarque comme lieu de rencontres interculturelles et politiques entre artistes et spectateurs. Cultures en résistance sur un pied d’égalité ! Brigitte Kaquet, directrice programmatrice, nous explique les fondements de ce festival porté par des femmes aux antipodes des clichés commerciaux. |
En ligne : |
http://www.cbai.be/publications/numeros/233.html |
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in Agenda Interculturel > 233 (mai 2005) . - pp. 2-37
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