[article] Les extrêmes droites à l'offensive [texte imprimé] . - 2011 . - p. 19-22. Bibliographie Langues : Français ( fre) in Le Monde Diplomatique > 682 (Janvier 2011) . - p. 19-22
Catégories : |
32(4) Politique de l'Europe (continent) 321.6(460)"1936-1975" Franquisme 329.18(4) Extrême droite Europe 329.18(492) Extrême droite Pays-Bas 329.8 Programme de parti politique Politique des pays d'Europe de l'Est
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Résumé : |
Les extrêmes droites à l’offensive
Coup sur coup, en deux ans, l’extrême droite a frôlé ou franchi la barre des 10 %, voire des 15 %, lors d’un scrutin national dans plusieurs Etats européens, comme la Belgique (17,1 %), la Bulgarie (12 %), la France (10 %), la Hongrie (14,8 %), les Pays-Bas (17 %) ou la Norvège (22,9 %).
En Italie, où l’Alliance nationale a rompu le cordon ombilical pour s’intégrer à la droite classique, la Ligue du Nord sécessionniste préside la Lombardie, la Vénétie et le Piémont (lire « L’art de gérer un legs encombrant »). En Suisse, l’Union démocratique du centre, un an après l’interdiction des minarets, a convaincu 53 % des votants d’expulser tout immigrant reconnu coupable d’un « crime » — y compris d’« abus d’aide sociale »… Rien là , toutefois, d’un bloc homogène.
A l’Est, l’extrême droite hérite d’une histoire longue et spécifique (lire « A l’Est, l’obsession des frontières »). A l’Ouest, les néofascistes traditionnels vivotent dans leurs ghettos.En revanche, les partis anti-système en quête de respectabilité, ainsi que les nouveaux venus que l’on pourrait qualifier d’ovnis — tel le Parti de la liberté néerlandais (lire « Adieu à la tolérance néerlandaise ») —, ont le vent en poupe.
Leur fonds de commerce se renouvelle, non sans contradictions, mais avec deux points communs : l’exploitation de la crise sociale et le rejet des musulmans (lire « En Europe, le jeu des trois familles »). Deux thèmes largement développés en France par Mme Marine Le Pen, qui espère remplacer son père à la tête du Front national début janvier.
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Note de contenu : |
Articles :
* Dans le texte
Deux thèmes majeurs sont avancés par le Front national, en France : l’islam et le social. Quelques exemples.
* Dans les urnes
Michael Minkenberg
Quasiment absente des pays Baltes, qui lui offraient a priori des conditions favorables, la droite radicale est restée longtemps balbutiante en Bulgarie — son apparition au grand jour ne date que de 2005, avec l’entrée au Parlement du parti Ataka. A l’inverse, en République tchèque, les « républicains », après un démarrage en fanfare, ont presque totalement disparu depuis la fin des années 1990. En Hongrie, le Parti de la justice et de la vie hongroise (MIEP) a obtenu des députés en 1998, avant de retomber dans l’anonymat : il a cédé la place à un mouvement non moins radical, le Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik), qui a raflé 17 % des voix aux élections législatives d’avril 2010. Plus stable, le Parti national slovaque (SNS) de M. Jan Slota a maintenu son audience autour de 10 % des voix jusqu’en 2006, avant de retomber à 5 % quatre ans plus tard.
C’est en Russie et en Roumanie que cette mouvance, qu’incarnent respectivement le Parti libéral-démocrate (LDPR) de M. Vladimir Jirinovski et le Parti de la Grande Roumanie (PRM) de M. Vadim Tudor, paraît le mieux enracinée, avec souvent des scores à deux chiffres jusqu’après 2000, malgré un léger tassement ces dernières années.
Le cas de la Pologne se singularise par la versatilité du corps électoral. L’ultracatholique Ligue des familles polonaises (LPR) a ainsi récolté près de 8 % des voix en 2001 et 2005, et même participé brièvement au gouvernement aux côtés des traditionalistes du parti paysan Samoobrona (11 % en 2005). Désavouée en 2007 (1,3 % des voix), elle a ensuite disparu du paysage politique, tout comme Samoobrona. Il est vrai que, dans ce pays, la droite radicale polonaise se déconstruit et se reconstruit en permanence, dans un foisonnement de formations rivales aux formes et aux noms changeants.
(article complet)
* Adieu à la tolérance néerlandaise
Rinke Van den Brink
Le 29 décembre 1997, le député d’extrême droite Hans Janmaat est condamné à deux semaines de prison et à 3 400 euros d’amende pour incitation à la haine raciale : il s’était engagé, le 27 octobre 1994, à l’issue d’une manifestation, à mettre fin dès que possible à la société multiculturelle. Pourtant, nul n’avait porté plainte contre son programme électoral — lequel, sous le mot d’ordre « A chaque oiseau son nid semble beau », prônait l’instauration de camps de travail pour les demandeurs d’asile et le renvoi des immigrés chômeurs...
Douze ans plus tard, le 14 juin 2009, le député d’extrême droite Geert Wilders déclare qu’il faut « extrader d’Europe (...) des millions, voire des dizaines de millions de musulmans (1) » — des « criminels » dont le programme prévoit ou envisage l’instauration de la charia en Europe. La justice ne s’en émeut pas.
Comment le pays d’Erasme et de Spinoza a-t-il pu s’habituer à un discours politique aux antipodes de la tolérance dont les Pays-Bas se targuèrent si longtemps ? Hier, l’extrême droite y restait quantité négligeable, malgré un système à la proportionnelle généralisé : aux élections de 1994, ses diverses factions totalisaient 2,4 % des voix et trois députés. Désormais, les propos les plus enragés sont devenus banals.
* L’art de gérer un legs encombrant
Laurent Bonelli et Raffaele Laudani
En Espagne, c’est une droite ouvertement conservatrice qui a rassemblé les nostalgiques du franquisme, tandis qu’en Italie une partie de l’extrême droite s’est respectabilisée et l’autre prône le séparatisme.
* A l’Est, l’obsession des frontières
Michael Minkenberg,
La droite radicale connaît un formidable renouveau dans les pays de l’Est, mais son discours diffère de celui de ses homologues à l’Ouest car il s’enracine dans l’histoire singulière de cette partie du continent.
* En Europe, le jeu des trois familles
Dominique Vidal
Décidément, l’extrême droite n’est plus ce qu’elle était. Culte machiste des « hommes forts » ? La présidence du Front national (FN) reviendra sans doute à une femme — fille, il est vrai, de son fondateur... Benoît XVI rabiboche l’Eglise avec les intégristes ? Des formations longtemps arc-boutées sur la morale chrétienne défendent les droits des homosexuels et portent à leur tête des dirigeants qui s’affichent gays... Complaisance traditionnelle à l’égard de l’antisémitisme et du négationnisme ? La plupart des mouvements d’extrême droite manifestent désormais leur soutien à l’actuel gouvernement d’Israël, avant-garde de l’Occident.
Et pour cause : la dénonciation de « l’invasion musulmane » devient le principal ciment unificateur de formations qui, par ailleurs, divergent sur la mondialisation, l’Etat-nation, l’Europe, le protectionnisme, le welfare state, les services publics, les rapports avec les Etats-Unis... Peut-on dès lors parler de « nouvelle extrême droite européenne » ? A cette question, les meilleurs observateurs répondent — comme les jésuites, dit-on — par une question : chacun de ces termes ne contient-il pas un piège ?
« Nouveaux », ces courants ?
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Permalink : |
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[article]
Titre : |
Les extrêmes droites à l'offensive |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2011 |
Article en page(s) : |
p. 19-22 |
Note générale : |
Bibliographie |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
32(4) Politique de l'Europe (continent) 321.6(460)"1936-1975" Franquisme 329.18(4) Extrême droite Europe 329.18(492) Extrême droite Pays-Bas 329.8 Programme de parti politique Politique des pays d'Europe de l'Est
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Résumé : |
Les extrêmes droites à l’offensive
Coup sur coup, en deux ans, l’extrême droite a frôlé ou franchi la barre des 10 %, voire des 15 %, lors d’un scrutin national dans plusieurs Etats européens, comme la Belgique (17,1 %), la Bulgarie (12 %), la France (10 %), la Hongrie (14,8 %), les Pays-Bas (17 %) ou la Norvège (22,9 %).
En Italie, où l’Alliance nationale a rompu le cordon ombilical pour s’intégrer à la droite classique, la Ligue du Nord sécessionniste préside la Lombardie, la Vénétie et le Piémont (lire « L’art de gérer un legs encombrant »). En Suisse, l’Union démocratique du centre, un an après l’interdiction des minarets, a convaincu 53 % des votants d’expulser tout immigrant reconnu coupable d’un « crime » — y compris d’« abus d’aide sociale »… Rien là , toutefois, d’un bloc homogène.
A l’Est, l’extrême droite hérite d’une histoire longue et spécifique (lire « A l’Est, l’obsession des frontières »). A l’Ouest, les néofascistes traditionnels vivotent dans leurs ghettos.En revanche, les partis anti-système en quête de respectabilité, ainsi que les nouveaux venus que l’on pourrait qualifier d’ovnis — tel le Parti de la liberté néerlandais (lire « Adieu à la tolérance néerlandaise ») —, ont le vent en poupe.
Leur fonds de commerce se renouvelle, non sans contradictions, mais avec deux points communs : l’exploitation de la crise sociale et le rejet des musulmans (lire « En Europe, le jeu des trois familles »). Deux thèmes largement développés en France par Mme Marine Le Pen, qui espère remplacer son père à la tête du Front national début janvier.
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Note de contenu : |
Articles :
* Dans le texte
Deux thèmes majeurs sont avancés par le Front national, en France : l’islam et le social. Quelques exemples.
* Dans les urnes
Michael Minkenberg
Quasiment absente des pays Baltes, qui lui offraient a priori des conditions favorables, la droite radicale est restée longtemps balbutiante en Bulgarie — son apparition au grand jour ne date que de 2005, avec l’entrée au Parlement du parti Ataka. A l’inverse, en République tchèque, les « républicains », après un démarrage en fanfare, ont presque totalement disparu depuis la fin des années 1990. En Hongrie, le Parti de la justice et de la vie hongroise (MIEP) a obtenu des députés en 1998, avant de retomber dans l’anonymat : il a cédé la place à un mouvement non moins radical, le Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik), qui a raflé 17 % des voix aux élections législatives d’avril 2010. Plus stable, le Parti national slovaque (SNS) de M. Jan Slota a maintenu son audience autour de 10 % des voix jusqu’en 2006, avant de retomber à 5 % quatre ans plus tard.
C’est en Russie et en Roumanie que cette mouvance, qu’incarnent respectivement le Parti libéral-démocrate (LDPR) de M. Vladimir Jirinovski et le Parti de la Grande Roumanie (PRM) de M. Vadim Tudor, paraît le mieux enracinée, avec souvent des scores à deux chiffres jusqu’après 2000, malgré un léger tassement ces dernières années.
Le cas de la Pologne se singularise par la versatilité du corps électoral. L’ultracatholique Ligue des familles polonaises (LPR) a ainsi récolté près de 8 % des voix en 2001 et 2005, et même participé brièvement au gouvernement aux côtés des traditionalistes du parti paysan Samoobrona (11 % en 2005). Désavouée en 2007 (1,3 % des voix), elle a ensuite disparu du paysage politique, tout comme Samoobrona. Il est vrai que, dans ce pays, la droite radicale polonaise se déconstruit et se reconstruit en permanence, dans un foisonnement de formations rivales aux formes et aux noms changeants.
(article complet)
* Adieu à la tolérance néerlandaise
Rinke Van den Brink
Le 29 décembre 1997, le député d’extrême droite Hans Janmaat est condamné à deux semaines de prison et à 3 400 euros d’amende pour incitation à la haine raciale : il s’était engagé, le 27 octobre 1994, à l’issue d’une manifestation, à mettre fin dès que possible à la société multiculturelle. Pourtant, nul n’avait porté plainte contre son programme électoral — lequel, sous le mot d’ordre « A chaque oiseau son nid semble beau », prônait l’instauration de camps de travail pour les demandeurs d’asile et le renvoi des immigrés chômeurs...
Douze ans plus tard, le 14 juin 2009, le député d’extrême droite Geert Wilders déclare qu’il faut « extrader d’Europe (...) des millions, voire des dizaines de millions de musulmans (1) » — des « criminels » dont le programme prévoit ou envisage l’instauration de la charia en Europe. La justice ne s’en émeut pas.
Comment le pays d’Erasme et de Spinoza a-t-il pu s’habituer à un discours politique aux antipodes de la tolérance dont les Pays-Bas se targuèrent si longtemps ? Hier, l’extrême droite y restait quantité négligeable, malgré un système à la proportionnelle généralisé : aux élections de 1994, ses diverses factions totalisaient 2,4 % des voix et trois députés. Désormais, les propos les plus enragés sont devenus banals.
* L’art de gérer un legs encombrant
Laurent Bonelli et Raffaele Laudani
En Espagne, c’est une droite ouvertement conservatrice qui a rassemblé les nostalgiques du franquisme, tandis qu’en Italie une partie de l’extrême droite s’est respectabilisée et l’autre prône le séparatisme.
* A l’Est, l’obsession des frontières
Michael Minkenberg,
La droite radicale connaît un formidable renouveau dans les pays de l’Est, mais son discours diffère de celui de ses homologues à l’Ouest car il s’enracine dans l’histoire singulière de cette partie du continent.
* En Europe, le jeu des trois familles
Dominique Vidal
Décidément, l’extrême droite n’est plus ce qu’elle était. Culte machiste des « hommes forts » ? La présidence du Front national (FN) reviendra sans doute à une femme — fille, il est vrai, de son fondateur... Benoît XVI rabiboche l’Eglise avec les intégristes ? Des formations longtemps arc-boutées sur la morale chrétienne défendent les droits des homosexuels et portent à leur tête des dirigeants qui s’affichent gays... Complaisance traditionnelle à l’égard de l’antisémitisme et du négationnisme ? La plupart des mouvements d’extrême droite manifestent désormais leur soutien à l’actuel gouvernement d’Israël, avant-garde de l’Occident.
Et pour cause : la dénonciation de « l’invasion musulmane » devient le principal ciment unificateur de formations qui, par ailleurs, divergent sur la mondialisation, l’Etat-nation, l’Europe, le protectionnisme, le welfare state, les services publics, les rapports avec les Etats-Unis... Peut-on dès lors parler de « nouvelle extrême droite européenne » ? A cette question, les meilleurs observateurs répondent — comme les jésuites, dit-on — par une question : chacun de ces termes ne contient-il pas un piège ?
« Nouveaux », ces courants ?
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