[article] Davantage la France que la Belgique : L'unicité du Nord-Pas-de-Calais, 1940-1944 [texte imprimé] / Nico Wouters, Auteur . - 2005 . - pp. 205-223. Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais Langues : Français ( fre) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 15 (2005) . - pp. 205-223
Catégories : |
(493) Belgique 061.1 Institutions officielles 353(44) Nord de la France 353(44) Nord Pas-de-Calais 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(44)"19" Histoire de France au XXe siècle 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
Cet article se penche sur le statut administratif et politique de la zone rattachée : les départements français du Nord et du Pas-de-Calais qui entre juin 1940 et septembre 1944 tombent formellement sous la compétence administrative de la Militärverwaltung de Bruxelles. La question centrale est de savoir si cette région a un statut 'unique' ou si elle a plutôt sa place dans l'historiographie belge ou française.
Une comparaison rapide avec la Belgique indique déjà clairement que le Nord-Pas-de-Calais n'appartient pas à la zone d'occupation belge. L'Oberfeldkommandantur (OFK) de Lille dispose dès le départ d'une autonomie administrative pratiquement absolue. La politique presque autarcique de l'OFK-Lille fait place à partir de l'automne 1940 à un rattachement progressif au reste de la France (occupée). L'OFK-Lille conserve le contrôle entier de cette normalisation progressive. Globalement, les plus importantes mesures et la législation du reste de la France occupée et/ou non occupée seraient appliquées avec retard et sous une forme adaptée. Le cours de l'occupation de la Belgique diffère de toute évidence de celui du Nord-Pas-de-Calais.
La recherche relative au lien entre la zone rattachée et le cadre global de l'occupation en France est moins évidente. L'historiographie de l'occupation régionale a toujours fortement insisté sur l''unicité' des deux départements. La zone rattachée est habituellement examinée comme une entité à part, séparée de l'historiographie nationale française de l'occupation. Cet angle d'approche exclusivement régionaliste a conduit à mettre grandement l'accent sur les caractéristiques uniques de cette région, qui à leur tour légitiment une nouvelle fois l'angle d'approche exclusivement régionaliste. Cette contribution démontre plutôt que les caractéristiques 'uniques' de la région n'appuient pas l'angle d'approche exclusivement régionaliste.
De manière générale, la comparaison internationale avec la Belgique indique de manière claire à quel point les caractéristiques spécifiques du Nord-Pas-de-Calais sont principalement déterminées par le contexte national, français. Les caractéristiques citées souvent comme 'uniques' de la région n'apparaissent pas non plus si uniques lors de la comparaison. Cet article jette un regard bref et critique sur deux de ces caractéristiques spécifiques : 1) le régime d'occupation plus dur et le climat de proto-résistance dans la population et les élites (de gauche) en 1940 et 2) le statu quo sur le plan du personnel dans les administrations locales. Le texte montre que les données objectives manquent pour attribuer un statut 'unique' à la région en 1940. Au contraire, la région ne paraît pas différer fondamentalement du reste de la France ou de l'Europe du nord-ouest occupée pendant l'année 1940. On peut dire la même chose du (relatif) statu quo dans les administrations communales. Cette dernière situation est moins la conséquence de la grève des mineurs au caractère 'unique' de 1941 que d'une variante régionale d'une politique globale du personnel administratif local valable pour toute la France occupée (et même de manière globale pour l'Europe du nord-ouest occupée).
L'hypothèse est lancée que ce schéma d'unicité est une conséquence d'une longue tradition de particularisme régional et par ailleurs d'une mémoire patriotique française de l'après-guerre. En guise de conclusion, l'article plaide pour une intégration plus systématique et comparative de la zone rattachée dans l'historiographie de la France de l'occupation. |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Davantage la France que la Belgique : L'unicité du Nord-Pas-de-Calais, 1940-1944 |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Nico Wouters, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 205-223 |
Note générale : |
Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
(493) Belgique 061.1 Institutions officielles 353(44) Nord de la France 353(44) Nord Pas-de-Calais 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(44)"19" Histoire de France au XXe siècle 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
Cet article se penche sur le statut administratif et politique de la zone rattachée : les départements français du Nord et du Pas-de-Calais qui entre juin 1940 et septembre 1944 tombent formellement sous la compétence administrative de la Militärverwaltung de Bruxelles. La question centrale est de savoir si cette région a un statut 'unique' ou si elle a plutôt sa place dans l'historiographie belge ou française.
Une comparaison rapide avec la Belgique indique déjà clairement que le Nord-Pas-de-Calais n'appartient pas à la zone d'occupation belge. L'Oberfeldkommandantur (OFK) de Lille dispose dès le départ d'une autonomie administrative pratiquement absolue. La politique presque autarcique de l'OFK-Lille fait place à partir de l'automne 1940 à un rattachement progressif au reste de la France (occupée). L'OFK-Lille conserve le contrôle entier de cette normalisation progressive. Globalement, les plus importantes mesures et la législation du reste de la France occupée et/ou non occupée seraient appliquées avec retard et sous une forme adaptée. Le cours de l'occupation de la Belgique diffère de toute évidence de celui du Nord-Pas-de-Calais.
La recherche relative au lien entre la zone rattachée et le cadre global de l'occupation en France est moins évidente. L'historiographie de l'occupation régionale a toujours fortement insisté sur l''unicité' des deux départements. La zone rattachée est habituellement examinée comme une entité à part, séparée de l'historiographie nationale française de l'occupation. Cet angle d'approche exclusivement régionaliste a conduit à mettre grandement l'accent sur les caractéristiques uniques de cette région, qui à leur tour légitiment une nouvelle fois l'angle d'approche exclusivement régionaliste. Cette contribution démontre plutôt que les caractéristiques 'uniques' de la région n'appuient pas l'angle d'approche exclusivement régionaliste.
De manière générale, la comparaison internationale avec la Belgique indique de manière claire à quel point les caractéristiques spécifiques du Nord-Pas-de-Calais sont principalement déterminées par le contexte national, français. Les caractéristiques citées souvent comme 'uniques' de la région n'apparaissent pas non plus si uniques lors de la comparaison. Cet article jette un regard bref et critique sur deux de ces caractéristiques spécifiques : 1) le régime d'occupation plus dur et le climat de proto-résistance dans la population et les élites (de gauche) en 1940 et 2) le statu quo sur le plan du personnel dans les administrations locales. Le texte montre que les données objectives manquent pour attribuer un statut 'unique' à la région en 1940. Au contraire, la région ne paraît pas différer fondamentalement du reste de la France ou de l'Europe du nord-ouest occupée pendant l'année 1940. On peut dire la même chose du (relatif) statu quo dans les administrations communales. Cette dernière situation est moins la conséquence de la grève des mineurs au caractère 'unique' de 1941 que d'une variante régionale d'une politique globale du personnel administratif local valable pour toute la France occupée (et même de manière globale pour l'Europe du nord-ouest occupée).
L'hypothèse est lancée que ce schéma d'unicité est une conséquence d'une longue tradition de particularisme régional et par ailleurs d'une mémoire patriotique française de l'après-guerre. En guise de conclusion, l'article plaide pour une intégration plus systématique et comparative de la zone rattachée dans l'historiographie de la France de l'occupation. |
Permalink : |
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in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 15 (2005) . - pp. 205-223
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