[article] Un service secret en exil : L'Administration de la Sûreté de l'État à Londres, novembre 1940 – septembre 1944 [texte imprimé] / Emmanuel Debruyne, Auteur . - 2005 . - pp. 335-355. Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais Langues : Français ( fre) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 15 (2005) . - pp. 335-355
Catégories : |
32(493) Politique de la Belgique 355.40(493) Service secret (B) 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
Désireux de disposer d'informations sur la situation en Belgique occupée, le gouvernement en exil à Londres rétablit l'Administration de la Sûreté de l'État en novembre 1940. En effet, cet organisme, créé officiellement deux mois avant l'invasion, a été disloqué par celle-ci. Le magistrat Fernand Lepage est donc pratiquement contraint de reconstituer un service secret à partir de rien. La priorité sera de disposer de liaisons avec la Belgique occupée, et plus particulièrement avec le monde de la résistance, sur lequel pourront s'appuyer les missions de renseignement, d'exfiltration, de sabotage et de propagande. Afin de superviser celles-ci, Lepage s'entoure de collaborateurs. La plupart d'entre eux sont des officiers de réserve relativement jeunes titulaires de diplômes universitaires, mais ils manquent souvent d'expérience en matière de guerre secrète. L'équipe est traversée de tiraillements internes, qu'accentuera encore l'intégration progressive de résistants évadés de Belgique.
Les liaisons avec la Belgique nécessitent l'implantation d'antennes de la Sûreté dans les pays neutres. La principale est établie à Lisbonne. C'est d'elle que dépendent celles installées en Espagne, à Barcelone, San Sebastian et, à partir de 1943, Madrid. La Sûreté dispose également dès 1942 d'une antenne plus modeste en Suède et d'une autre en Suisse. L'autonomie des agents de la Sûreté en pays neutres vis-à-vis des légations officielles va générer un certain nombre de conflits avec le Ministère des Affaires étrangères.
La Sûreté doit en effet tenir compte d'une série de partenaires qui forment avec elle une 'communauté du renseignement'. On distingue au sein de celle-ci d'une part les 'producteurs' du renseignement, c'est-à-dire les réseaux opérant sur le terrain, avec qui les relations sont parfois délicates, et d'autre part les 'consommateurs' parmi lesquels figurent, en matière politique et économique, les organismes officiels belges. Les informations militaires sont quant à elles prioritairement communiquées au Secret Intelligence Service, qui assure avec la Sûreté la mise en place et le suivi des réseaux de renseignements de cette dernière. Ce partenariat privilégié sera constamment disputé par la Deuxième Section du Ministère de la Défense nationale.
Pour faire face aux exigences croissantes engendrées par ses différentes missions, la Sûreté de l'État va devoir à plusieurs reprises se réorganiser. C'est ainsi que se crée fin 1942 le SERA, un organisme de traitement et de diffusion de l'information non militaire. Quelques mois plus tard, les diverses sections chargées des opérations secrètes en Belgique occupée sont rassemblées en une Direction générale du Renseignement et de l'Action. Mais les années londoniennes de la Sûreté sont également consacrées au contre-espionnage et à la préparation de la répression. Cette dernière deviendra une des tâches principales de la Sûreté après son retour en Belgique en septembre 1944. Cependant, à mesure que se profilera la guerre froide, l'organisme se réorientera vers la lutte contre le communisme |
Permalink : |
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[article]
Titre : |
Un service secret en exil : L'Administration de la Sûreté de l'État à Londres, novembre 1940 – septembre 1944 |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Emmanuel Debruyne, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 335-355 |
Note générale : |
Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
32(493) Politique de la Belgique 355.40(493) Service secret (B) 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
Désireux de disposer d'informations sur la situation en Belgique occupée, le gouvernement en exil à Londres rétablit l'Administration de la Sûreté de l'État en novembre 1940. En effet, cet organisme, créé officiellement deux mois avant l'invasion, a été disloqué par celle-ci. Le magistrat Fernand Lepage est donc pratiquement contraint de reconstituer un service secret à partir de rien. La priorité sera de disposer de liaisons avec la Belgique occupée, et plus particulièrement avec le monde de la résistance, sur lequel pourront s'appuyer les missions de renseignement, d'exfiltration, de sabotage et de propagande. Afin de superviser celles-ci, Lepage s'entoure de collaborateurs. La plupart d'entre eux sont des officiers de réserve relativement jeunes titulaires de diplômes universitaires, mais ils manquent souvent d'expérience en matière de guerre secrète. L'équipe est traversée de tiraillements internes, qu'accentuera encore l'intégration progressive de résistants évadés de Belgique.
Les liaisons avec la Belgique nécessitent l'implantation d'antennes de la Sûreté dans les pays neutres. La principale est établie à Lisbonne. C'est d'elle que dépendent celles installées en Espagne, à Barcelone, San Sebastian et, à partir de 1943, Madrid. La Sûreté dispose également dès 1942 d'une antenne plus modeste en Suède et d'une autre en Suisse. L'autonomie des agents de la Sûreté en pays neutres vis-à-vis des légations officielles va générer un certain nombre de conflits avec le Ministère des Affaires étrangères.
La Sûreté doit en effet tenir compte d'une série de partenaires qui forment avec elle une 'communauté du renseignement'. On distingue au sein de celle-ci d'une part les 'producteurs' du renseignement, c'est-à-dire les réseaux opérant sur le terrain, avec qui les relations sont parfois délicates, et d'autre part les 'consommateurs' parmi lesquels figurent, en matière politique et économique, les organismes officiels belges. Les informations militaires sont quant à elles prioritairement communiquées au Secret Intelligence Service, qui assure avec la Sûreté la mise en place et le suivi des réseaux de renseignements de cette dernière. Ce partenariat privilégié sera constamment disputé par la Deuxième Section du Ministère de la Défense nationale.
Pour faire face aux exigences croissantes engendrées par ses différentes missions, la Sûreté de l'État va devoir à plusieurs reprises se réorganiser. C'est ainsi que se crée fin 1942 le SERA, un organisme de traitement et de diffusion de l'information non militaire. Quelques mois plus tard, les diverses sections chargées des opérations secrètes en Belgique occupée sont rassemblées en une Direction générale du Renseignement et de l'Action. Mais les années londoniennes de la Sûreté sont également consacrées au contre-espionnage et à la préparation de la répression. Cette dernière deviendra une des tâches principales de la Sûreté après son retour en Belgique en septembre 1944. Cependant, à mesure que se profilera la guerre froide, l'organisme se réorientera vers la lutte contre le communisme |
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