[article] Le dépassement d'un moi divisé [texte imprimé] / Bernard Cassen, Directeur de publication . - 2008 . - pp. 25-41. Langues : Français ( fre) in Manière de voir > 97 (Février-Mars 2008) . - pp. 25-41
Catégories : |
316.35 Groupes / Identités / Communautés 325.3 Colonisation/ décolonisation 8 Linguistique Philologie Littérat. 94(6) Histoire de l'Afrique Histoire du Paraguay Littérature postcoloniale
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Résumé : |
Parmi les séquelles de toute colonisation, la question linguistique est celle qui n’a jamais pu trouver de réponse complètement satisfaisante. Les puissances coloniales — américaine (à Porto Rico), belge (au Congo) ou, dans leurs empires respectifs, britannique, espagnole, française et portugaise — ont, à des degrés divers, imposé l’usage de leur langue à des populations qui en parlaient une ou plusieurs autres. Une fois venues les indépendances, les nouveaux Etats ont dû choisir une langue officielle et, dans la majorité des cas, ce fut celle du colonisateur. Aucune des langues « nationales » parlées sur leur territoire (et, en Afrique, elles peuvent se compter par dizaines, voire davantage) n’aurait pu prétendre à un statut privilégié. Et pour les dirigeants des mouvements de libération nationale — souvent formés dans les écoles et universités de la « métropole » — la langue de l’oppresseur, après avoir été une arme efficace pour le combattre, devenait un moyen d’accès à la communication internationale.
Pour les écrivains, le choix était douloureux : soit, lorsqu’ils la maîtrisaient, écrire dans une langue « nationale », donc la valoriser, mais en acceptant de ne trouver qu’un petit nombre de lecteurs et de ne pas bénéficier d’une reconnaissance extérieure ; soit écrire dans la langue du colonisateur et, d’une certaine manière, « trahir » un peu les siens.
Ce dilemme, les créateurs l’ont maintenant largement dépassé, la culpabilisation n’est plus de mise. D’autant qu’ils pratiquent d’enrichissants va-et-vient entre la langue de leur écriture et la langue de leur mère, et que c’est parfois pour eux l’occasion de redécouvrir les potentialités de cette dernière. En contrepartie, ils entendent être reconnus comme membres à part entière de leur communauté littéraire choisie : écrivains anglais et non pas anglophones, écrivains français et non pas francophones. Ces dernières années, avec l’élection de François Cheng et d’Assia Djebar, l’Académie française a mis fin à cette ségrégation dépourvue de sens pour le lecteur.
« Cicatriser mes blessures mémorielles... »/ Assia Djebar
Divergences coloniales sur l’enseignement du vernaculaire/ Robert Cornevin
Ni « petit-nègre » ni « petit-français »/ Mwatha Musanyi Ngalasso
La patrie littéraire du colonisé/ Albert Memmi
La dignité retrouvée du guarani au Paraguay/ Ruben Bareiro-Saguier
Des « métèques » dans le jardin français/ Tahar Ben Jelloun |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Le dépassement d'un moi divisé |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Bernard Cassen, Directeur de publication |
Année de publication : |
2008 |
Article en page(s) : |
pp. 25-41 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
316.35 Groupes / Identités / Communautés 325.3 Colonisation/ décolonisation 8 Linguistique Philologie Littérat. 94(6) Histoire de l'Afrique Histoire du Paraguay Littérature postcoloniale
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Résumé : |
Parmi les séquelles de toute colonisation, la question linguistique est celle qui n’a jamais pu trouver de réponse complètement satisfaisante. Les puissances coloniales — américaine (à Porto Rico), belge (au Congo) ou, dans leurs empires respectifs, britannique, espagnole, française et portugaise — ont, à des degrés divers, imposé l’usage de leur langue à des populations qui en parlaient une ou plusieurs autres. Une fois venues les indépendances, les nouveaux Etats ont dû choisir une langue officielle et, dans la majorité des cas, ce fut celle du colonisateur. Aucune des langues « nationales » parlées sur leur territoire (et, en Afrique, elles peuvent se compter par dizaines, voire davantage) n’aurait pu prétendre à un statut privilégié. Et pour les dirigeants des mouvements de libération nationale — souvent formés dans les écoles et universités de la « métropole » — la langue de l’oppresseur, après avoir été une arme efficace pour le combattre, devenait un moyen d’accès à la communication internationale.
Pour les écrivains, le choix était douloureux : soit, lorsqu’ils la maîtrisaient, écrire dans une langue « nationale », donc la valoriser, mais en acceptant de ne trouver qu’un petit nombre de lecteurs et de ne pas bénéficier d’une reconnaissance extérieure ; soit écrire dans la langue du colonisateur et, d’une certaine manière, « trahir » un peu les siens.
Ce dilemme, les créateurs l’ont maintenant largement dépassé, la culpabilisation n’est plus de mise. D’autant qu’ils pratiquent d’enrichissants va-et-vient entre la langue de leur écriture et la langue de leur mère, et que c’est parfois pour eux l’occasion de redécouvrir les potentialités de cette dernière. En contrepartie, ils entendent être reconnus comme membres à part entière de leur communauté littéraire choisie : écrivains anglais et non pas anglophones, écrivains français et non pas francophones. Ces dernières années, avec l’élection de François Cheng et d’Assia Djebar, l’Académie française a mis fin à cette ségrégation dépourvue de sens pour le lecteur.
« Cicatriser mes blessures mémorielles... »/ Assia Djebar
Divergences coloniales sur l’enseignement du vernaculaire/ Robert Cornevin
Ni « petit-nègre » ni « petit-français »/ Mwatha Musanyi Ngalasso
La patrie littéraire du colonisé/ Albert Memmi
La dignité retrouvée du guarani au Paraguay/ Ruben Bareiro-Saguier
Des « métèques » dans le jardin français/ Tahar Ben Jelloun |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
in Manière de voir > 97 (Février-Mars 2008) . - pp. 25-41
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