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Auteur Guillaume Barou |
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105 - juin-juillet 2009 - Le Japon méconnu (Bulletin de Manière de voir)
[n° ou bulletin] 105 - juin-juillet 2009 - Le Japon méconnu [texte imprimé] / Martine Bulard, Directeur de publication ; Guillaume Barou, Directeur de publication ; Namihei Odaira, Directeur de publication . - 2009 . - 98 p.
Langues : Français (fre)
Catégories : 316 Sociologie
32(520) Politique du Japon
Histoire du JaponNote de contenu : Entre Occident et Orient / Martine Bulard
I. Après la crise, la crise
Devant un parterre de dirigeants d’entreprise, Mme Miyako Suda, membre de la Banque centrale du Japon, n’a guère pris de gants : « L’économie du Japon, a-t-elle déclaré, est tombée d’une falaise dans une vallée profonde et, désormais, elle erre dans la boue par un brouillard dense. » L’image, dont rend compte le Financial Times, est osée, mais elle décrit parfaitement la réalité. Après la récession des années 1997-1998, le Japon est à nouveau dans le rouge. Les richesses créées ont chuté de 12,1 % (en rythme annuel) au dernier trimestre 2008 et continuent à dévisser depuis le début de l’année 2009. C’est la pire récession depuis la seconde guerre mondiale. Plus grave encore que la précédente dégringolade, dont le pays a mis plus de dix ans à se remettre — on parle d’ailleurs de « décennie perdue ».
Certes, depuis, le système financier et bancaire s’est assaini — à tel point que certains établissements se sont portés à la rescousse de banques américaines en péril, comme Mitsubishi, qui a racheté un cinquième du capital de Morgan Stanley. Mais le reste de l’économie (industrie et services) est frappé de plein fouet. Le chômage grimpe à vive allure dans un pays où les indemnités ne durent que trois mois...
Largement tournée vers l’exportation, l’économie a commencé à démanteler ses outils d’intervention publique, qui avaient pourtant fait sa réussite. En conséquence, la chute de la consommation sur ses principaux marchés (Etats-Unis, Europe mais aussi Chine, où les industriels nippons sous-traitent des productions destinées à l’étranger) entraîne un effondrement de la croissance.
Bien sûr, le vent de libéralisme n’a pas tout emporté. Ici comme ailleurs, le pouvoir redécouvre le charme de l’action de l’Etat. Depuis l’automne 2008, le gouvernement en est à son troisième plan de relance. Le dernier en date, annoncé en avril, cherche à frapper les esprits autant qu’à faire redémarrer la machine : 15 400 milliards de yens sont ainsi injectés (115 milliards d’euros). Si l’on tient compte des deux précédents programmes, les dépenses publiques supplémentaires représentent 5 % du produit intérieur brut… Cela suffira-t-il ?
Articles :
- Malaise et révoltes de la génération perdue / Odaira Namihei
- Des Japonais pas comme les autres / Christian Kessler
- Une agriculture abandonnée aux impératifs de la haute croissance / Augustin Berque
- Remise en question du « modèle » occidental / Philip S. Golub
- Entre protectionnisme et différence culturelle / Bruno Dethomas
- Le péril jaune version américaine / Serge Halimi
II. Une histoire controversée
Singuliers rapports que ceux du Japon avec l’Occident d’une part et avec ses voisins asiatiques d’autre part. Après avoir été fermé pendant deux siècles et demi — à quelques comptoirs commerciaux près, et à l’exception d’une infime partie de l’élite, nul ne pouvait entrer ou sortir du pays —, le Japon s’est ouvert sous la pression militaire occidentale au milieu du XIXe siècle.
Modernisé à grande vitesse sous la férule des marchands et de l’empereur Mutsuhito fasciné par l’Europe, puis lancé dans des guerres colonisatrices par un régime fascisant, le pays a connu une histoire mouvementée.
La défaite de 1945 a marqué un tournant. Toutefois, les bombardements nucléaires — dont le pays porte toujours les stigmates physiques et psychologiques —, ainsi que l’occupation entre 1945 et 1952 de l’Archipel par les Etats-Unis, qui en ont fait la pièce occidentale de la guerre froide dans le Pacifique, ont largement contribué à empêcher une réflexion collective sur son histoire contemporaine. Comme le notait, avec regret, le grand philosophe et historien Kato Shuichi, « le Japon souffre d’une grave maladie nationale : l’amnésie politique et historique » (Libération, 16 août 2006).
Une amnésie qui ouvre la voie à tous les révisionnismes. Ce fut le cas dans les années 1990 et jusqu’au début des années 2000, avec la publication de livres scolaires niant l’expansionnisme militaire, les visites de premiers ministres successifs au sanctuaire Yasukuni, où sont enterrés des criminels de guerre, ou encore les propos de membres du gouvernement niant les exactions commises à l’encontre de Coréennes, de Chinoises ou de Taïwanaises (les « femmes de réconfort », des esclaves sexuelles pour l’armée). Les relations avec les voisins chinois mais également coréens se détériorèrent alors gravement.
Désormais, les rapports se sont normalisés : les hommages au sanctuaire contesté ont cessé, des universitaires nippons et chinois travaillent ensemble sur l’histoire commune... Une réflexion plus large est engagée sur l’identité japonaise, ses rapports (souvent difficiles) avec l’Occident et son rattachement à l’Asie.
Articles :
- Le sanctuaire Yasukuni, ou la mémoire sélective / Takahashi Tetsuya
- Apprendre à se souvenir de Nankin/ Antoine Halff
- Cobayes humains pour l’unité 731 / Jacques Decornoy
- Hiroshima, 6 août 1945 / John Hersey
- Contre le colonisateur britannique, les militaires nippons / Christopher A. Bayly et Tim Harper
- L’histoire cachée des « Japonais américains » / Bruno Rochette
III. Danse triangulaire
Longtemps, Tokyo s’est contenté d’être le supplétif militaire des Américains dans la région. Mais la donne a été modifiée par l’émergence de la Chine dans les affaires du monde, qui a conduit les Etats-Unis à chercher des contrepoids asiatiques, et par la volonté américaine de redéployer des moyens militaires vers le « Grand Moyen-Orient ».
Après la révision de l’accord stratégique signé en 2005 avec Washington, les forces militaires nippones, jusqu’alors purement défensives, se transforment en armée d’intervention apte à se projeter à l’extérieur. Même si l’article 9 de la Constitution japonaise interdit toujours l’utilisation de l’armée dans des conflits internationaux, Tokyo aimerait s’affranchir des contraintes liées à l’après-guerre et s’affirmer sur la scène mondiale.
D’autant que son voisin chinois occupe très largement la place. Si leurs rapports connaissent des périodes de fortes tensions (comme en 2005-2006), les liens économiques, eux, ne se sont jamais distendus depuis l’ouverture de la Chine. Ce qui n’exclut évidemment pas la concurrence politique — en Asie, notamment vis-à -vis de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase, Asean en anglais), en Afrique (dans la course aux matières premières) et dans les rencontres internationales (tel le G20, qui réunit les puissances les plus riches et les nations émergentes). Toutefois, la crise actuelle a conduit à resserrer les liens. Avec Séoul, Tokyo et Pékin ont jeté les bases d’une coopération monétaire.
En fait, le trio sino-américano-nippon mène une sarabande endiablée, faite de relations économiques étroites, de rapports diplomatiques houleux et de méfiance réelle — à tout le moins entre la Chine et le Japon.
Articles :
- De solides ambitions militaires qui passent par... les Etats-Unis / Emilie Guyonnet
- Surenchère nucléaire entre Tokyo et Séoul / Selig S. Harrison
- L’Amérique entre amour et frustration / Chalmers Johnson
- Regards chinois sur l’Archipel / Yang Baoyun
- Quand l’Asie étudiait sur les bancs japonais / Karoline Postel-Vinay
IV. Une société dynamique
Si le pays du Soleil-Levant demeure un nain politique, sa culture s’est largement répandue dans le monde. Qu’il s’agisse de romanciers (d’Oe Kenzaburo à Murakami Haruki), de metteurs en scène (d’Ozu Yasujiro ou Imamura Shohei à Kitano Takeshi), d’auteurs de mangas (de Tezuka Osamu à Sato Shuho), nombre de créateurs nippons ont connu — ou connaissent — de vrais succès en dehors de leur pays. Ils témoignent de la vitalité et de la diversité de la création japonaise.
Bien souvent, ces intellectuels, ces artistes reflètent les interrogations d’une communauté longtemps soudée par la croissance et l’augmentation du niveau de vie. Interrogations sur le peu de place laissé aux jeunes, sur l’école, sur l’immigration, notamment lors de l’arrivée de la main-d’œuvre étrangère dans les années 1990, sur l’identité, sur la guerre, comme le montre le reportage d’Alain Jouffroy lors de la première guerre du Golfe, sur la violence... Un foisonnement créatif qui contraste avec un système politique qui apparaît figé et une économie qui semble se dérober.
Il est significatif que les questions sociales reviennent sur le devant de la scène, comme dans Tokyo Sonata, le dernier film de Kurosawa Kiyoshi… Et l’on y voit les pesanteurs d’une société où perdre son emploi revient à perdre sa dignité, où le premier devoir d’une femme, même très diplômée, demeure l’éducation des enfants et la tenue du foyer, en attendant le retour du mari.
A l’heure où les responsables soulignent les conséquences du vieillissement de la population — à juste titre, les plus de 65 ans devant représenter près du tiers de la population d’ici à 2030 —, il est évident qu’une augmentation du travail féminin contribuerait à combler le trou. Visiblement, on en est encore loin… La société nippone demeure prise en étau entre tradition et modernité.
Articles :
- Où en est l’égalité des sexes ? /Nakajima Satoko et Tanasawa Naoko
- Débat au point mort sur la peine capitale / Aurore Brien
- La pègre des yakuzas infiltrée dans le monde de l’économie / Philippe Pons
- Construire le présent, reconstruire le passé / Alain Jouffroy
- Tokyo dégaine ses armes de distraction massive / O. N.
- Internet et moi / Oe Kenzaburo
- Etranges étrangers sur grand écran / Max Tessier
Iconographie
Ce numéro est accompagné de deux reportages du photographe allemand Marco Bohr, « Portraits » et « Observatoires » (www.plainpicture.fr, www.deepol.com).
Mangas
- Odaira Namihei
- Manabe Shohei. Ushijima, l’usurier de l’ombre
- Sugimura Shinichi et Richard Woo. Diaspolis
- Kobayashi Yoshinori. Manifeste du nouvel orgueillisme
- Motomiya Hiroshi. Le pays se consume
- Kawaguchi Kaiji. Spirit of the Sun
- Ishinomori Shotaro. Cyborg 009
- Sato Shuho. Say Hello to Black Jack
- Fujisawa Toru. GTO
Biographies
- Meiji Tenno. Christian Kessler
- Fukuda Hideko. Emilie Guyonnet
- Hirohito. C. K.
- Tange Kenzo. C. K.
- Oe Kenzaburo. Philippe Pataud Célérier
Cartographie / Philippe Rekacewicz
- Atouts et faiblesses
- Extension de l’empire colonial (1931-1942)
- Tropisme occidental, tentation asiatique
- Un vieillissement accéléré
Documentation / Olivier Pironet
- Chronologie
- Essais
- Sur la Toile
Les noms de personnes sont écrits selon l’ordre japonais : le nom suivi du prénom.
Permalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=bulletin_ [n° ou bulletin]
Titre : 105 - juin-juillet 2009 - Le Japon méconnu Type de document : texte imprimé Auteurs : Martine Bulard, Directeur de publication ; Guillaume Barou, Directeur de publication ; Namihei Odaira, Directeur de publication Année de publication : 2009 Importance : 98 p. Langues : Français (fre) Catégories : 316 Sociologie
32(520) Politique du Japon
Histoire du JaponNote de contenu : Entre Occident et Orient / Martine Bulard
I. Après la crise, la crise
Devant un parterre de dirigeants d’entreprise, Mme Miyako Suda, membre de la Banque centrale du Japon, n’a guère pris de gants : « L’économie du Japon, a-t-elle déclaré, est tombée d’une falaise dans une vallée profonde et, désormais, elle erre dans la boue par un brouillard dense. » L’image, dont rend compte le Financial Times, est osée, mais elle décrit parfaitement la réalité. Après la récession des années 1997-1998, le Japon est à nouveau dans le rouge. Les richesses créées ont chuté de 12,1 % (en rythme annuel) au dernier trimestre 2008 et continuent à dévisser depuis le début de l’année 2009. C’est la pire récession depuis la seconde guerre mondiale. Plus grave encore que la précédente dégringolade, dont le pays a mis plus de dix ans à se remettre — on parle d’ailleurs de « décennie perdue ».
Certes, depuis, le système financier et bancaire s’est assaini — à tel point que certains établissements se sont portés à la rescousse de banques américaines en péril, comme Mitsubishi, qui a racheté un cinquième du capital de Morgan Stanley. Mais le reste de l’économie (industrie et services) est frappé de plein fouet. Le chômage grimpe à vive allure dans un pays où les indemnités ne durent que trois mois...
Largement tournée vers l’exportation, l’économie a commencé à démanteler ses outils d’intervention publique, qui avaient pourtant fait sa réussite. En conséquence, la chute de la consommation sur ses principaux marchés (Etats-Unis, Europe mais aussi Chine, où les industriels nippons sous-traitent des productions destinées à l’étranger) entraîne un effondrement de la croissance.
Bien sûr, le vent de libéralisme n’a pas tout emporté. Ici comme ailleurs, le pouvoir redécouvre le charme de l’action de l’Etat. Depuis l’automne 2008, le gouvernement en est à son troisième plan de relance. Le dernier en date, annoncé en avril, cherche à frapper les esprits autant qu’à faire redémarrer la machine : 15 400 milliards de yens sont ainsi injectés (115 milliards d’euros). Si l’on tient compte des deux précédents programmes, les dépenses publiques supplémentaires représentent 5 % du produit intérieur brut… Cela suffira-t-il ?
Articles :
- Malaise et révoltes de la génération perdue / Odaira Namihei
- Des Japonais pas comme les autres / Christian Kessler
- Une agriculture abandonnée aux impératifs de la haute croissance / Augustin Berque
- Remise en question du « modèle » occidental / Philip S. Golub
- Entre protectionnisme et différence culturelle / Bruno Dethomas
- Le péril jaune version américaine / Serge Halimi
II. Une histoire controversée
Singuliers rapports que ceux du Japon avec l’Occident d’une part et avec ses voisins asiatiques d’autre part. Après avoir été fermé pendant deux siècles et demi — à quelques comptoirs commerciaux près, et à l’exception d’une infime partie de l’élite, nul ne pouvait entrer ou sortir du pays —, le Japon s’est ouvert sous la pression militaire occidentale au milieu du XIXe siècle.
Modernisé à grande vitesse sous la férule des marchands et de l’empereur Mutsuhito fasciné par l’Europe, puis lancé dans des guerres colonisatrices par un régime fascisant, le pays a connu une histoire mouvementée.
La défaite de 1945 a marqué un tournant. Toutefois, les bombardements nucléaires — dont le pays porte toujours les stigmates physiques et psychologiques —, ainsi que l’occupation entre 1945 et 1952 de l’Archipel par les Etats-Unis, qui en ont fait la pièce occidentale de la guerre froide dans le Pacifique, ont largement contribué à empêcher une réflexion collective sur son histoire contemporaine. Comme le notait, avec regret, le grand philosophe et historien Kato Shuichi, « le Japon souffre d’une grave maladie nationale : l’amnésie politique et historique » (Libération, 16 août 2006).
Une amnésie qui ouvre la voie à tous les révisionnismes. Ce fut le cas dans les années 1990 et jusqu’au début des années 2000, avec la publication de livres scolaires niant l’expansionnisme militaire, les visites de premiers ministres successifs au sanctuaire Yasukuni, où sont enterrés des criminels de guerre, ou encore les propos de membres du gouvernement niant les exactions commises à l’encontre de Coréennes, de Chinoises ou de Taïwanaises (les « femmes de réconfort », des esclaves sexuelles pour l’armée). Les relations avec les voisins chinois mais également coréens se détériorèrent alors gravement.
Désormais, les rapports se sont normalisés : les hommages au sanctuaire contesté ont cessé, des universitaires nippons et chinois travaillent ensemble sur l’histoire commune... Une réflexion plus large est engagée sur l’identité japonaise, ses rapports (souvent difficiles) avec l’Occident et son rattachement à l’Asie.
Articles :
- Le sanctuaire Yasukuni, ou la mémoire sélective / Takahashi Tetsuya
- Apprendre à se souvenir de Nankin/ Antoine Halff
- Cobayes humains pour l’unité 731 / Jacques Decornoy
- Hiroshima, 6 août 1945 / John Hersey
- Contre le colonisateur britannique, les militaires nippons / Christopher A. Bayly et Tim Harper
- L’histoire cachée des « Japonais américains » / Bruno Rochette
III. Danse triangulaire
Longtemps, Tokyo s’est contenté d’être le supplétif militaire des Américains dans la région. Mais la donne a été modifiée par l’émergence de la Chine dans les affaires du monde, qui a conduit les Etats-Unis à chercher des contrepoids asiatiques, et par la volonté américaine de redéployer des moyens militaires vers le « Grand Moyen-Orient ».
Après la révision de l’accord stratégique signé en 2005 avec Washington, les forces militaires nippones, jusqu’alors purement défensives, se transforment en armée d’intervention apte à se projeter à l’extérieur. Même si l’article 9 de la Constitution japonaise interdit toujours l’utilisation de l’armée dans des conflits internationaux, Tokyo aimerait s’affranchir des contraintes liées à l’après-guerre et s’affirmer sur la scène mondiale.
D’autant que son voisin chinois occupe très largement la place. Si leurs rapports connaissent des périodes de fortes tensions (comme en 2005-2006), les liens économiques, eux, ne se sont jamais distendus depuis l’ouverture de la Chine. Ce qui n’exclut évidemment pas la concurrence politique — en Asie, notamment vis-à -vis de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase, Asean en anglais), en Afrique (dans la course aux matières premières) et dans les rencontres internationales (tel le G20, qui réunit les puissances les plus riches et les nations émergentes). Toutefois, la crise actuelle a conduit à resserrer les liens. Avec Séoul, Tokyo et Pékin ont jeté les bases d’une coopération monétaire.
En fait, le trio sino-américano-nippon mène une sarabande endiablée, faite de relations économiques étroites, de rapports diplomatiques houleux et de méfiance réelle — à tout le moins entre la Chine et le Japon.
Articles :
- De solides ambitions militaires qui passent par... les Etats-Unis / Emilie Guyonnet
- Surenchère nucléaire entre Tokyo et Séoul / Selig S. Harrison
- L’Amérique entre amour et frustration / Chalmers Johnson
- Regards chinois sur l’Archipel / Yang Baoyun
- Quand l’Asie étudiait sur les bancs japonais / Karoline Postel-Vinay
IV. Une société dynamique
Si le pays du Soleil-Levant demeure un nain politique, sa culture s’est largement répandue dans le monde. Qu’il s’agisse de romanciers (d’Oe Kenzaburo à Murakami Haruki), de metteurs en scène (d’Ozu Yasujiro ou Imamura Shohei à Kitano Takeshi), d’auteurs de mangas (de Tezuka Osamu à Sato Shuho), nombre de créateurs nippons ont connu — ou connaissent — de vrais succès en dehors de leur pays. Ils témoignent de la vitalité et de la diversité de la création japonaise.
Bien souvent, ces intellectuels, ces artistes reflètent les interrogations d’une communauté longtemps soudée par la croissance et l’augmentation du niveau de vie. Interrogations sur le peu de place laissé aux jeunes, sur l’école, sur l’immigration, notamment lors de l’arrivée de la main-d’œuvre étrangère dans les années 1990, sur l’identité, sur la guerre, comme le montre le reportage d’Alain Jouffroy lors de la première guerre du Golfe, sur la violence... Un foisonnement créatif qui contraste avec un système politique qui apparaît figé et une économie qui semble se dérober.
Il est significatif que les questions sociales reviennent sur le devant de la scène, comme dans Tokyo Sonata, le dernier film de Kurosawa Kiyoshi… Et l’on y voit les pesanteurs d’une société où perdre son emploi revient à perdre sa dignité, où le premier devoir d’une femme, même très diplômée, demeure l’éducation des enfants et la tenue du foyer, en attendant le retour du mari.
A l’heure où les responsables soulignent les conséquences du vieillissement de la population — à juste titre, les plus de 65 ans devant représenter près du tiers de la population d’ici à 2030 —, il est évident qu’une augmentation du travail féminin contribuerait à combler le trou. Visiblement, on en est encore loin… La société nippone demeure prise en étau entre tradition et modernité.
Articles :
- Où en est l’égalité des sexes ? /Nakajima Satoko et Tanasawa Naoko
- Débat au point mort sur la peine capitale / Aurore Brien
- La pègre des yakuzas infiltrée dans le monde de l’économie / Philippe Pons
- Construire le présent, reconstruire le passé / Alain Jouffroy
- Tokyo dégaine ses armes de distraction massive / O. N.
- Internet et moi / Oe Kenzaburo
- Etranges étrangers sur grand écran / Max Tessier
Iconographie
Ce numéro est accompagné de deux reportages du photographe allemand Marco Bohr, « Portraits » et « Observatoires » (www.plainpicture.fr, www.deepol.com).
Mangas
- Odaira Namihei
- Manabe Shohei. Ushijima, l’usurier de l’ombre
- Sugimura Shinichi et Richard Woo. Diaspolis
- Kobayashi Yoshinori. Manifeste du nouvel orgueillisme
- Motomiya Hiroshi. Le pays se consume
- Kawaguchi Kaiji. Spirit of the Sun
- Ishinomori Shotaro. Cyborg 009
- Sato Shuho. Say Hello to Black Jack
- Fujisawa Toru. GTO
Biographies
- Meiji Tenno. Christian Kessler
- Fukuda Hideko. Emilie Guyonnet
- Hirohito. C. K.
- Tange Kenzo. C. K.
- Oe Kenzaburo. Philippe Pataud Célérier
Cartographie / Philippe Rekacewicz
- Atouts et faiblesses
- Extension de l’empire colonial (1931-1942)
- Tropisme occidental, tentation asiatique
- Un vieillissement accéléré
Documentation / Olivier Pironet
- Chronologie
- Essais
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Les noms de personnes sont écrits selon l’ordre japonais : le nom suivi du prénom.
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