[article] Masquer le corps, marquer le corps : dossier [texte imprimé] / Nathalie Caprioli, Directeur de publication . - 2006 . - pp. 2-20. Langues : Français ( fre) in Agenda Interculturel > 242 (avril-2006) . - pp. 2-20
Catégories : |
316.7 Sociologie de la Culture / Vie Intellectuel 316.73 Interculturel Métissage Différence Multiculturel 39 Anthropologie culturelle / Civilisation 392 Coutumes Rites
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Résumé : |
Edito :
«Le corps est devenu pour l’homme contemporain son seul mode de vie. Entraîné, soigné et prolongé dans son existence, le corps humain est la seule matière d’être sur laquelle l’individu croit pouvoir agir librement. Son esprit se dessine sur son corps. Ou plutôt l’esprit incorporé jusque là dans nos habitudes et nos codes trouve dans la matière même du corps le moyen de la personnaliser. Ce transformisme a souvent été compris comme un jeu avec les apparences : caché derrière des signes, le sujet ne voudrait révéler à personne sa véritable identité. Voyeur et exhibitionniste, le corps montrerait l’expression de la surface sans livrer l’identité profonde du sujet». A contrario, on pourrait tout aussi soutenir que notre corps est indéniablement signe d’identité et d’appartenance au corps social. La moustache dans la culture turque en est une illustration probante !
Sur un sujet aussi vaste que polémique, notre dossier prend corps autour de trois mots déclinés : séduction, reconnaissance, contrôle.
La séduction, dans notre culture des apparences, peut être comprise, dans un sens restreint, comme une volonté de se faire remarquer par la beauté. « Mais demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté : il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête », écrivit Voltaire, cité dans l’exposition Séduction toujours en cours à Liège. Le subjectivisme de la beauté ne doit pourtant pas cacher sa facette dominante où la norme occidentale prime à l’échelle mondiale. Ce qui pousse des Asiatiques à se faire agrandir les yeux, ou des Africaines à blanchir leur peau avec des lotions cancérigènes ou à se lisser sans douceur le cheveu. Souvenez-vous aussi de la campagne publicitaire du quotidien Le Soir pour annoncer son changement de format en novembre 2005 : « Intégrez-vous à 100 % », prônait-elle sur un mode sarcastique pour dénoncer en fait l’intolérance et le racisme. Pour s’intégrer, une stratégie semble payante : il faut se fondre dans la masse, lui ressembler, masquer ses différences. Autrement dit, éclaircissez votre peau, bleuissez vos yeux et habillez-vous « comme tout le monde » !
D’autres se marquent pour se faire remarquer et reconnaître. Pourquoi altérer son corps, temporairement ou en permanence, quitte à endurer des douleurs ? Narcissique et exhibitionniste, les piercings et tatouages attirent et détournent à la fois le regard. Et paradoxalement, ils témoignent du lien avec soi et les autres, comme l’explique Christian Mormont, psychologue à l’ULg. A côté de ces mutilations volontaires, d’autres sont subies, à l’exemple des scarifications opérées lors de rites collectifs d’initiation ou de passage. Un musicien togolais nous raconte dans ces pages comment il vit (mal) ses marques sur le visage dans la sphère publique européenne qui ignore ou méconnaît la dimension symbolique et sociale de ses cicatrices. Mais jusqu’où tolérer les mutilations ? L’excision est le cas par excellence sur lequel on ne peut transiger. Tel est le message de Khadiatou Dialou, fondatrice du Groupement d’hommes et de femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines (GAMS).
Enfin, les vertus du massage, « lieu incertain où tout devient possible », refermeront ce dossier… ou comment faire corps avec soi-même et les autres.
Sommaire :
Séductions et manipulations / Nathalie Caprioli
Pourquoi j'ai arrêté la moustache / Tanju Goban
I love Pedro / Christian Mormont
L’homme qui dormait avec les lions : Entretien avec Fidèle Affannou Gnidahoue
Tatouage délébile : Entretien avec Hakima
Mondes en tresses / Edouard Vincke
Mutilations intolérables : Entretien avec Khadiatou Dialou
Massage de l’être, message à l’être / Marie-Claire Steffens |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Masquer le corps, marquer le corps : dossier |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Nathalie Caprioli, Directeur de publication |
Année de publication : |
2006 |
Article en page(s) : |
pp. 2-20 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
316.7 Sociologie de la Culture / Vie Intellectuel 316.73 Interculturel Métissage Différence Multiculturel 39 Anthropologie culturelle / Civilisation 392 Coutumes Rites
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Résumé : |
Edito :
«Le corps est devenu pour l’homme contemporain son seul mode de vie. Entraîné, soigné et prolongé dans son existence, le corps humain est la seule matière d’être sur laquelle l’individu croit pouvoir agir librement. Son esprit se dessine sur son corps. Ou plutôt l’esprit incorporé jusque là dans nos habitudes et nos codes trouve dans la matière même du corps le moyen de la personnaliser. Ce transformisme a souvent été compris comme un jeu avec les apparences : caché derrière des signes, le sujet ne voudrait révéler à personne sa véritable identité. Voyeur et exhibitionniste, le corps montrerait l’expression de la surface sans livrer l’identité profonde du sujet». A contrario, on pourrait tout aussi soutenir que notre corps est indéniablement signe d’identité et d’appartenance au corps social. La moustache dans la culture turque en est une illustration probante !
Sur un sujet aussi vaste que polémique, notre dossier prend corps autour de trois mots déclinés : séduction, reconnaissance, contrôle.
La séduction, dans notre culture des apparences, peut être comprise, dans un sens restreint, comme une volonté de se faire remarquer par la beauté. « Mais demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté : il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête », écrivit Voltaire, cité dans l’exposition Séduction toujours en cours à Liège. Le subjectivisme de la beauté ne doit pourtant pas cacher sa facette dominante où la norme occidentale prime à l’échelle mondiale. Ce qui pousse des Asiatiques à se faire agrandir les yeux, ou des Africaines à blanchir leur peau avec des lotions cancérigènes ou à se lisser sans douceur le cheveu. Souvenez-vous aussi de la campagne publicitaire du quotidien Le Soir pour annoncer son changement de format en novembre 2005 : « Intégrez-vous à 100 % », prônait-elle sur un mode sarcastique pour dénoncer en fait l’intolérance et le racisme. Pour s’intégrer, une stratégie semble payante : il faut se fondre dans la masse, lui ressembler, masquer ses différences. Autrement dit, éclaircissez votre peau, bleuissez vos yeux et habillez-vous « comme tout le monde » !
D’autres se marquent pour se faire remarquer et reconnaître. Pourquoi altérer son corps, temporairement ou en permanence, quitte à endurer des douleurs ? Narcissique et exhibitionniste, les piercings et tatouages attirent et détournent à la fois le regard. Et paradoxalement, ils témoignent du lien avec soi et les autres, comme l’explique Christian Mormont, psychologue à l’ULg. A côté de ces mutilations volontaires, d’autres sont subies, à l’exemple des scarifications opérées lors de rites collectifs d’initiation ou de passage. Un musicien togolais nous raconte dans ces pages comment il vit (mal) ses marques sur le visage dans la sphère publique européenne qui ignore ou méconnaît la dimension symbolique et sociale de ses cicatrices. Mais jusqu’où tolérer les mutilations ? L’excision est le cas par excellence sur lequel on ne peut transiger. Tel est le message de Khadiatou Dialou, fondatrice du Groupement d’hommes et de femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines (GAMS).
Enfin, les vertus du massage, « lieu incertain où tout devient possible », refermeront ce dossier… ou comment faire corps avec soi-même et les autres.
Sommaire :
Séductions et manipulations / Nathalie Caprioli
Pourquoi j'ai arrêté la moustache / Tanju Goban
I love Pedro / Christian Mormont
L’homme qui dormait avec les lions : Entretien avec Fidèle Affannou Gnidahoue
Tatouage délébile : Entretien avec Hakima
Mondes en tresses / Edouard Vincke
Mutilations intolérables : Entretien avec Khadiatou Dialou
Massage de l’être, message à l’être / Marie-Claire Steffens |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
in Agenda Interculturel > 242 (avril-2006) . - pp. 2-20
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