[article] Edito [texte imprimé] / Anne Morelli (1948-....), Auteur . - 2005 . - pp. 2-3. Langues : Français ( fre) in Agenda Interculturel > 232 (avril 2005) . - pp. 2-3
Catégories : |
2 Religions Intégrisme religieux 316.7 Sociologie de la Culture / Vie Intellectuel 316.73 Interculturel Métissage Différence Multiculturel
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Résumé : |
Avril 2005, n° 232 - Choisir ou abandonner son dieu
Edito / Anne Morelli
Les contacts entre personnes porteuses de cultures différentes entraînent forcément des interprétations culturelles et des phénomènes d’acculturation. Cette acculturation peut se manifester dans le domaine culinaire, mais aussi linguistique, vestimentaire ou – pourquoi pas ? - religieux.
Comme dans tous les domaines, la norme veut que ce soit généralement le dominant (sur le plan économique, politique…) qui impose sa religion au dominé. Lors de la colonisation, beaucoup de colonisés ont embrassé la foi des colonisateurs alors que l’inverse a été rarissime.
Mais, comme dans les autres matières, l’acculturation religieuse n’est pas automatique et peut entraîner des phénomènes de résistance, au cours desquels les dominés se replient sur leur religion d’origine et refusent d’en changer, persuadés qu’elle est la meilleure.
C’est dans ce cadre général qu’il faut replacer les phénomènes de conversion en situation de contacts de culture. Les communautés religieuses diverses ne sont pas hermétiques et le passage de l’une à l’autre est donc possible.
Il peut y avoir passage d’une religion à l’autre (un juif qui devient scientologue, une catholique qui devient musulmane) mais aussi, à l’intérieur d’une même religion, d’une église à l’autre (un catholique qui devient protestant) ou encore d’un courant à l’autre (un sunnite devenant chiite).
Mais il y a aussi d’autres cas de figures puisqu’on peut passer de l’incroyance à une religion mais inversement d’une religion à l’incroyance, ce qui aboutit au paradoxe apparent d’une « conversion » à l’athéisme. Sans compter les retours possibles à sa religion ou à son incroyance d’origine après une conversion temporaire.
Toutes ces conversions ont en commun de pouvoir paraître individuelles mais d’impliquer en réalité deux collectivités. Si le converti apparaît comme un « modèle » à suivre pour la collectivité qu’il rejoint, il ne faut pas oublier que parallèlement il s’arrache forcément à une autre collectivité pour l’identité de laquelle il apparaît comme un défi, un mauvais exemple.
Tous les groupes religieux jugent donc avec bienveillance ceux qui les rejoignent (après une période plus ou moins longue, selon le cas, de catéchuménat, d’instruction ou de rites imposés aux prosélytes), mais durement ceux qui les quittent.
* Directeur adjoint du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (ULB).
© Centre Bruxellois d'Action Interculturelle |
En ligne : |
http://www.cbai.be/publications/numeros/232.html |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Edito |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Anne Morelli (1948-....), Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 2-3 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
2 Religions Intégrisme religieux 316.7 Sociologie de la Culture / Vie Intellectuel 316.73 Interculturel Métissage Différence Multiculturel
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Résumé : |
Avril 2005, n° 232 - Choisir ou abandonner son dieu
Edito / Anne Morelli
Les contacts entre personnes porteuses de cultures différentes entraînent forcément des interprétations culturelles et des phénomènes d’acculturation. Cette acculturation peut se manifester dans le domaine culinaire, mais aussi linguistique, vestimentaire ou – pourquoi pas ? - religieux.
Comme dans tous les domaines, la norme veut que ce soit généralement le dominant (sur le plan économique, politique…) qui impose sa religion au dominé. Lors de la colonisation, beaucoup de colonisés ont embrassé la foi des colonisateurs alors que l’inverse a été rarissime.
Mais, comme dans les autres matières, l’acculturation religieuse n’est pas automatique et peut entraîner des phénomènes de résistance, au cours desquels les dominés se replient sur leur religion d’origine et refusent d’en changer, persuadés qu’elle est la meilleure.
C’est dans ce cadre général qu’il faut replacer les phénomènes de conversion en situation de contacts de culture. Les communautés religieuses diverses ne sont pas hermétiques et le passage de l’une à l’autre est donc possible.
Il peut y avoir passage d’une religion à l’autre (un juif qui devient scientologue, une catholique qui devient musulmane) mais aussi, à l’intérieur d’une même religion, d’une église à l’autre (un catholique qui devient protestant) ou encore d’un courant à l’autre (un sunnite devenant chiite).
Mais il y a aussi d’autres cas de figures puisqu’on peut passer de l’incroyance à une religion mais inversement d’une religion à l’incroyance, ce qui aboutit au paradoxe apparent d’une « conversion » à l’athéisme. Sans compter les retours possibles à sa religion ou à son incroyance d’origine après une conversion temporaire.
Toutes ces conversions ont en commun de pouvoir paraître individuelles mais d’impliquer en réalité deux collectivités. Si le converti apparaît comme un « modèle » à suivre pour la collectivité qu’il rejoint, il ne faut pas oublier que parallèlement il s’arrache forcément à une autre collectivité pour l’identité de laquelle il apparaît comme un défi, un mauvais exemple.
Tous les groupes religieux jugent donc avec bienveillance ceux qui les rejoignent (après une période plus ou moins longue, selon le cas, de catéchuménat, d’instruction ou de rites imposés aux prosélytes), mais durement ceux qui les quittent.
* Directeur adjoint du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (ULB).
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En ligne : |
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