[article] Réparations, annexions ou rectifications ? : Le problème de la frontière belgo-allemande après la Seconde Guerre mondiale, 1945-1949 [texte imprimé] / Christoph Brüll, Auteur . - 2005 . - pp. 91-131. Langues : Français ( fre) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 16 (novembre 2005) . - pp. 91-131
Catégories : |
321.01 Pouvoirs.Frontières 327 Relations internationales 353(493=30) Communauté germanophone 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(430) Histoire de l'Allemagne 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
- Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais
Résumé :
Les problèmes autour de la frontière belgo-allemande resurgis après 1945 font partie de ces épisodes oubliés de l'histoire des deux pays. L'article met en évidence la naissance des revendications belges et leur contexte. Si dans les milieux gouvernementaux, représentés par le ministre des Affaires étrangères, Paul-Henri Spaak, il existe surtout la volonté de "réparer" les anomalies du tracé frontalier fixé dans les années 1920, certains milieux belges – dans un climat de ressentiments anti-allemands et d'incertitude générale à propos de l'avenir de l'Allemagne – présentent des revendications territoriales et des demandes de réparations assez importantes en compensation aux biens belges volés et pillés par les Allemands au temps de l'occupation. Une des voix les plus importantes de ces milieux est le Comité belge du Rhin (CBR) qui, en collaboration avec des comités étrangers, élève de nombreuses revendications d'ordre économique et territorial à l'égard de l'Allemagne vaincue. Dans leur vision la plus maximaliste, le CBR demande soit l'annexion, soit l'utilisation de toute l'infrastructure du bassin industriel s'étendant entre Aix-la-Chapelle et Cologne. Persuadé que l'annexion de territoires allemands importants comportant une partie relativement grande de la population allemande ne contribuerait pas à la stabilité de la paix en Europe occidentale, le gouvernement prend en 1946 la décision de ne demander que très peu de territoires allemands dans le sens d'une "rectification" de frontière. Les revendications belges à l'égard de l'Allemagne sont ainsi formulées dans trois mémorandums de novembre 1946 et de janvier 1947. Le volet des revendications territoriales rencontre la faveur des Alliés anglo-saxons. Mais il faudra attendre l'année 1948 pour en arriver à un traitement diplomatique de la question frontalière. Entre-temps, l'on assiste de part et d'autre de la frontière belgo-allemande à la formation de deux blocs, l'un en faveur d'un rattachement de communes allemandes à la Belgique, l'autre contre celui-ci. De nombreuses pétitions parviennent alors au ministère des Affaires étrangères de Bruxelles. On n'arrivera pourtant jamais à spécifier le taux de "Pro-Belges" par rapport aux "Pro-Allemands". L'opinion publique allemande s'oppose vigoureusement à toute amputation de la frontière occidentale de l'Allemagne. Le plus grand adversaire des rectifications de frontière est le ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie, Karl Arnold, qui dans cette affaire devient une sorte de "ministre des Affaires étrangères de la zone britannique".
Par une décision d'un comité de travail des Six Puissances (États-Unis, Royaume-Uni, France et Benelux), datant de mars 1949, la Belgique se voit octroyée le droit de rattacher provisoirement 30 km² de territoire allemand habité par 3.850 Allemands. Cependant, en avril 1949 le gouvernement belge renonce à la plus grande partie de ces territoires, de sorte que seulement 500 Allemands soient finalement soumises à une administration militaire belge. Cette administration militaire tient compte du caractère provisoire de ces rattachements, le tracé définitif de la frontière étant soumis à un traité de paix entre la Belgique et l'Allemagne. Un traité bilatéral sera finalement conclu en 1956. Le tracé frontalier négocié sera alors accepté par les Alliés occidentaux.
La décision de renonciation du gouvernement belge qui repose en fait sur de simples considérations économiques est présentée devant l'opinion publique belge et allemande comme "grand geste européen" ou comme "première réconciliation belgo-allemande" et contribue largement à l'image positive dont jouit Paul-Henri Spaak dans l'Allemagne des années 1950 et dans l'historiographie allemande.
Abordant un sujet traditionnel de l'histoire diplomatique, la fixation de frontières à l'issue d'un conflit armé, l'article considère la question de la frontière belgo-allemande comme un indicateur des relations belgo-allemandes après 1945. |
Permalink : |
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[article]
Titre : |
Réparations, annexions ou rectifications ? : Le problème de la frontière belgo-allemande après la Seconde Guerre mondiale, 1945-1949 |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Christoph Brüll, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 91-131 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
321.01 Pouvoirs.Frontières 327 Relations internationales 353(493=30) Communauté germanophone 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(430) Histoire de l'Allemagne 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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- Article en français - Résumé en néerlandais et en anglais
Résumé :
Les problèmes autour de la frontière belgo-allemande resurgis après 1945 font partie de ces épisodes oubliés de l'histoire des deux pays. L'article met en évidence la naissance des revendications belges et leur contexte. Si dans les milieux gouvernementaux, représentés par le ministre des Affaires étrangères, Paul-Henri Spaak, il existe surtout la volonté de "réparer" les anomalies du tracé frontalier fixé dans les années 1920, certains milieux belges – dans un climat de ressentiments anti-allemands et d'incertitude générale à propos de l'avenir de l'Allemagne – présentent des revendications territoriales et des demandes de réparations assez importantes en compensation aux biens belges volés et pillés par les Allemands au temps de l'occupation. Une des voix les plus importantes de ces milieux est le Comité belge du Rhin (CBR) qui, en collaboration avec des comités étrangers, élève de nombreuses revendications d'ordre économique et territorial à l'égard de l'Allemagne vaincue. Dans leur vision la plus maximaliste, le CBR demande soit l'annexion, soit l'utilisation de toute l'infrastructure du bassin industriel s'étendant entre Aix-la-Chapelle et Cologne. Persuadé que l'annexion de territoires allemands importants comportant une partie relativement grande de la population allemande ne contribuerait pas à la stabilité de la paix en Europe occidentale, le gouvernement prend en 1946 la décision de ne demander que très peu de territoires allemands dans le sens d'une "rectification" de frontière. Les revendications belges à l'égard de l'Allemagne sont ainsi formulées dans trois mémorandums de novembre 1946 et de janvier 1947. Le volet des revendications territoriales rencontre la faveur des Alliés anglo-saxons. Mais il faudra attendre l'année 1948 pour en arriver à un traitement diplomatique de la question frontalière. Entre-temps, l'on assiste de part et d'autre de la frontière belgo-allemande à la formation de deux blocs, l'un en faveur d'un rattachement de communes allemandes à la Belgique, l'autre contre celui-ci. De nombreuses pétitions parviennent alors au ministère des Affaires étrangères de Bruxelles. On n'arrivera pourtant jamais à spécifier le taux de "Pro-Belges" par rapport aux "Pro-Allemands". L'opinion publique allemande s'oppose vigoureusement à toute amputation de la frontière occidentale de l'Allemagne. Le plus grand adversaire des rectifications de frontière est le ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie, Karl Arnold, qui dans cette affaire devient une sorte de "ministre des Affaires étrangères de la zone britannique".
Par une décision d'un comité de travail des Six Puissances (États-Unis, Royaume-Uni, France et Benelux), datant de mars 1949, la Belgique se voit octroyée le droit de rattacher provisoirement 30 km² de territoire allemand habité par 3.850 Allemands. Cependant, en avril 1949 le gouvernement belge renonce à la plus grande partie de ces territoires, de sorte que seulement 500 Allemands soient finalement soumises à une administration militaire belge. Cette administration militaire tient compte du caractère provisoire de ces rattachements, le tracé définitif de la frontière étant soumis à un traité de paix entre la Belgique et l'Allemagne. Un traité bilatéral sera finalement conclu en 1956. Le tracé frontalier négocié sera alors accepté par les Alliés occidentaux.
La décision de renonciation du gouvernement belge qui repose en fait sur de simples considérations économiques est présentée devant l'opinion publique belge et allemande comme "grand geste européen" ou comme "première réconciliation belgo-allemande" et contribue largement à l'image positive dont jouit Paul-Henri Spaak dans l'Allemagne des années 1950 et dans l'historiographie allemande.
Abordant un sujet traditionnel de l'histoire diplomatique, la fixation de frontières à l'issue d'un conflit armé, l'article considère la question de la frontière belgo-allemande comme un indicateur des relations belgo-allemandes après 1945. |
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