[article] Qu'est-ce qu'être beau ? : dossier [texte imprimé] . - 2010 . - pp. 34-59. Langues : Français ( fre) in Philosophie magazine > 40 (juin 2010) . - pp. 34-59
Catégories : |
17 Morale Ethique Philosophie pratique Valeurs 179 Questions diverses de morale
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Résumé : |
Le constat est le suivant : d'un côté, « on se met à plat ventre devant la beauté comme jamais auparavant », remarque Elsa Zylberstein dans son savoureux dialogue avec Pascal Bruckner – et ce n'est pas le triomphe de la mode, de la chirurgie plastique, de la propagande people qui la contredira. D'un autre côté, après un siècle de furieuse déconstruction de tous les jugements, la philosophie ne dispose plus d'aucun critère objectif pour définir ce que veut dire « être beau ». Est-ce se faire souffrance pour se conformer aux standards esthétiques du moment ? Ou, au contraire, insiste André Comte-Sponville après Spinoza, sommes-nous beaux seulement lorsque nous brillons dans les yeux de celui qui nous aime ? À moins qu'il ne s'agisse, comme le suggère le fin connaisseur
du Tao, Jean François Billeter, d'accéder à un suprême oubli de soi… |
Note de contenu : |
Articles :
* La beauté / Martin Legros
« Tu les trouves jolis, mes pieds ? » demande-t-elle. « Oui, très ! » répond-il, sur fond d'une musique à la fois sirupeuse et tragique. « Et mes chevilles, tu les aimes ? – Oui… – Et mes seins, tu les aimes ? – Oui, énormément. – Qu'est-ce que tu préfères, mes seins ou la pointe de mes seins ? – Je ne sais pas, c'est pareil… – Et mon visage ? – Aussi. – Tout ? Ma bouche, mes yeux, mon nez, mes oreilles ? – Oui, tout. – Donc tu m'aimes totalement… » Et l'homme, incarné par Michel Piccoli, de sortir de sa réserve pour affirmer avec force : «Je t'aime totalement, tendrement, tragiquement.» Les cinéphiles auront reconnu l'une des plus belles scènes de l'histoire du cinéma, issue du Mépris de Jean-Luc Godard, où Brigitte Bardot, allongée nue sur le ventre, telle une nouvelle Ève, détaille les parties de son corps.
* Ma préférence à moi
Qui trouvez-vous très beau ? Sept auteurs – philosophes, sociologues, psychanalystes, romanciers, historiens ou ethnologues – nous répondent. Et révèlent, en creux, le point tendre de leur recherche intellectuelle.
Aung San Suu Kyi, la grâce / Claude Habib
Bruno Cremer, un lieu minéral / Marc Augé
Hua, fleur de Chine / julia Kristeva
Toni Morrison, la majesté / Pap Ndiaye
Adam Philips, une douceur violente / Michel Schneider
Françoise, une lumière d’arrière-saison / Frédéric Schiffter
Jeanne Moreau, une brèche dans l’univers / David Le Breton
* 1/ Souffrir pour être beau / Martine Legros
De la diététique à la chirurgie en passant par le sport ou la cosmétique, l'industrie du relooking n'a de cesse de nous rappeler la vérité des temps présents : hier, don de la nature, la beauté est désormais affaire de volonté. À tort ou à raison ?
* « Le conformisme encourage la chirurgie esthétique »
Corriger un nez camus ou s'offrir une paire de seins rebondis : alors qu'en France, le recours au bistouri se banalise – avec quelque 20000 opérations par an –, Michela Marzano en éclaire les enjeux moraux.
Propos recueillis par Alexandre Lacroix
Michela Marzano Philosophe italo-française, chercheuse au CNRS et professeur à Paris-Descartes.
* L'évolution de la Vénus
L'histoire de l'art est ce vaste laboratoire qui, régulièrement, met au point de nouveaux prototypes du beau. De la Vénus antique au déhanchement de Marilyn, Georges Vigarello en dresse le panorama.
Propos recueillis par Alexandre Lacroix
Georges Vigarello, directeur de recherches à l'École des hautes études en sciences sociales (Ehess)
* « La laideur révèle l'envers du monde »
Peu affrontée par la philosophie, l'anti-beauté nous enseigne, selon Gwenaëlle Aubry, à faire place au désordre qui menace l'existence.
Propos recueillis par Martin Legros
Gwenaëlle Aubry est spécialiste de Plotin et d'Aristote. Elle est l'auteur d'une anthologie de textes sur la laideur
* 2/ Aimer pour être beau / Michel Eltchaninoff et Mathilde Lequin
Soigner son physique et son look peut bien nous offrir un droit d'entrée sur le marché de la séduction. Mais, pour la tradition philosophique, la beauté vraie nous auréole lorsque nous aimons et que nous sommes aimés.
+ « Une expérience éthique »
Pourquoi est-il si difficile de s'accorder sur le charme d'une personne ? Parce qu'il s'agit d'un jugement lié au désir propre de chacun, démontre Spinoza. Explications d'André Comte-Sponville.
Propos recueillis par Michel Eltchaninoff
André Comte-Sponville se définit comme un philosophe matérialiste
* Du beau, du bon, du Platon / Pierre-Henri Tavoillot
Et si loin d'être aveugle, l'amour nous apprenait à voir ? Pour nombre de philosophes, la beauté nous attire, car nous y décelons, au-delà d'elle, le signe de la vertu : une idée de l'harmonie, du bien ou de la liberté.
* 3/ s'oublier pour être beau / Philippe Nassif
Les romantiques en ont eu l'intuition, les Asiatiques l'ont toujours su, le funambule Philippe Petit l'a prouvé : la grâce vient à celui qui apprend à débrancher sa conscience de soi. Et unit ainsi en un seul mouvement son esprit et son corps.
* Les experts
L'une est actrice, l'autre est un écrivain que la séduction et le magnétisme des êtres inspirent.
Ce qui fait d'Elsa Zylberstein et de Pascal Bruckner deux très fins observateurs de la beauté. Pour la première, celle-ci est une arme. Pour le second, c'est un scandale. Dans tous les cas, la beauté tranche.
Propos recueillis par Patrick Williams et Alexandre Lacroix / photos de Frédéric Poletti
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Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Qu'est-ce qu'être beau ? : dossier |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2010 |
Article en page(s) : |
pp. 34-59 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
17 Morale Ethique Philosophie pratique Valeurs 179 Questions diverses de morale
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Résumé : |
Le constat est le suivant : d'un côté, « on se met à plat ventre devant la beauté comme jamais auparavant », remarque Elsa Zylberstein dans son savoureux dialogue avec Pascal Bruckner – et ce n'est pas le triomphe de la mode, de la chirurgie plastique, de la propagande people qui la contredira. D'un autre côté, après un siècle de furieuse déconstruction de tous les jugements, la philosophie ne dispose plus d'aucun critère objectif pour définir ce que veut dire « être beau ». Est-ce se faire souffrance pour se conformer aux standards esthétiques du moment ? Ou, au contraire, insiste André Comte-Sponville après Spinoza, sommes-nous beaux seulement lorsque nous brillons dans les yeux de celui qui nous aime ? À moins qu'il ne s'agisse, comme le suggère le fin connaisseur
du Tao, Jean François Billeter, d'accéder à un suprême oubli de soi… |
Note de contenu : |
Articles :
* La beauté / Martin Legros
« Tu les trouves jolis, mes pieds ? » demande-t-elle. « Oui, très ! » répond-il, sur fond d'une musique à la fois sirupeuse et tragique. « Et mes chevilles, tu les aimes ? – Oui… – Et mes seins, tu les aimes ? – Oui, énormément. – Qu'est-ce que tu préfères, mes seins ou la pointe de mes seins ? – Je ne sais pas, c'est pareil… – Et mon visage ? – Aussi. – Tout ? Ma bouche, mes yeux, mon nez, mes oreilles ? – Oui, tout. – Donc tu m'aimes totalement… » Et l'homme, incarné par Michel Piccoli, de sortir de sa réserve pour affirmer avec force : «Je t'aime totalement, tendrement, tragiquement.» Les cinéphiles auront reconnu l'une des plus belles scènes de l'histoire du cinéma, issue du Mépris de Jean-Luc Godard, où Brigitte Bardot, allongée nue sur le ventre, telle une nouvelle Ève, détaille les parties de son corps.
* Ma préférence à moi
Qui trouvez-vous très beau ? Sept auteurs – philosophes, sociologues, psychanalystes, romanciers, historiens ou ethnologues – nous répondent. Et révèlent, en creux, le point tendre de leur recherche intellectuelle.
Aung San Suu Kyi, la grâce / Claude Habib
Bruno Cremer, un lieu minéral / Marc Augé
Hua, fleur de Chine / julia Kristeva
Toni Morrison, la majesté / Pap Ndiaye
Adam Philips, une douceur violente / Michel Schneider
Françoise, une lumière d’arrière-saison / Frédéric Schiffter
Jeanne Moreau, une brèche dans l’univers / David Le Breton
* 1/ Souffrir pour être beau / Martine Legros
De la diététique à la chirurgie en passant par le sport ou la cosmétique, l'industrie du relooking n'a de cesse de nous rappeler la vérité des temps présents : hier, don de la nature, la beauté est désormais affaire de volonté. À tort ou à raison ?
* « Le conformisme encourage la chirurgie esthétique »
Corriger un nez camus ou s'offrir une paire de seins rebondis : alors qu'en France, le recours au bistouri se banalise – avec quelque 20000 opérations par an –, Michela Marzano en éclaire les enjeux moraux.
Propos recueillis par Alexandre Lacroix
Michela Marzano Philosophe italo-française, chercheuse au CNRS et professeur à Paris-Descartes.
* L'évolution de la Vénus
L'histoire de l'art est ce vaste laboratoire qui, régulièrement, met au point de nouveaux prototypes du beau. De la Vénus antique au déhanchement de Marilyn, Georges Vigarello en dresse le panorama.
Propos recueillis par Alexandre Lacroix
Georges Vigarello, directeur de recherches à l'École des hautes études en sciences sociales (Ehess)
* « La laideur révèle l'envers du monde »
Peu affrontée par la philosophie, l'anti-beauté nous enseigne, selon Gwenaëlle Aubry, à faire place au désordre qui menace l'existence.
Propos recueillis par Martin Legros
Gwenaëlle Aubry est spécialiste de Plotin et d'Aristote. Elle est l'auteur d'une anthologie de textes sur la laideur
* 2/ Aimer pour être beau / Michel Eltchaninoff et Mathilde Lequin
Soigner son physique et son look peut bien nous offrir un droit d'entrée sur le marché de la séduction. Mais, pour la tradition philosophique, la beauté vraie nous auréole lorsque nous aimons et que nous sommes aimés.
+ « Une expérience éthique »
Pourquoi est-il si difficile de s'accorder sur le charme d'une personne ? Parce qu'il s'agit d'un jugement lié au désir propre de chacun, démontre Spinoza. Explications d'André Comte-Sponville.
Propos recueillis par Michel Eltchaninoff
André Comte-Sponville se définit comme un philosophe matérialiste
* Du beau, du bon, du Platon / Pierre-Henri Tavoillot
Et si loin d'être aveugle, l'amour nous apprenait à voir ? Pour nombre de philosophes, la beauté nous attire, car nous y décelons, au-delà d'elle, le signe de la vertu : une idée de l'harmonie, du bien ou de la liberté.
* 3/ s'oublier pour être beau / Philippe Nassif
Les romantiques en ont eu l'intuition, les Asiatiques l'ont toujours su, le funambule Philippe Petit l'a prouvé : la grâce vient à celui qui apprend à débrancher sa conscience de soi. Et unit ainsi en un seul mouvement son esprit et son corps.
* Les experts
L'une est actrice, l'autre est un écrivain que la séduction et le magnétisme des êtres inspirent.
Ce qui fait d'Elsa Zylberstein et de Pascal Bruckner deux très fins observateurs de la beauté. Pour la première, celle-ci est une arme. Pour le second, c'est un scandale. Dans tous les cas, la beauté tranche.
Propos recueillis par Patrick Williams et Alexandre Lacroix / photos de Frédéric Poletti
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