Des citoyens aux racines africaines : un portrait des Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais [document électronique] . - Bruxelles : Fondation Roi Baudouin, 2017 . - 1 fichier pdf (226 p.). Langues : Français ( fre)
Catégories : |
172 Citoyenneté . Civisme . Solidarité . Morale sociale . Ethique sociale. Empathie 31 Statistique Démographie 314.7 Immigration / Emigration / Diasporas / Exil 316 Sociologie 316.61 Intégration. Assimilation. Sociabilisation 325.3 Colonisation/ décolonisation 94(675) Histoire de la République Démocratique du Congo (RDC) Histoire du Burundi Histoire du Rwanda
|
Résumé : |
RÉSUMÉ
La présence des Afro-descendant.e.s en Belgique a longtemps été ignorée ou considérée comme temporaire du fait de l’avènement tardif de migrants africains subsahariens et de la prédominance du profil estudiantin jusque dans les années 1980. Cette étude fait aujourd’hui le constat de l’installation durable des Afro-descendant.e.s en Belgique, de la diversité des profils migratoires et d’un développement démographique important puisque l’on estime à environ 250.000 leur nombre.
Jusqu’à présent le groupe des Afro-descendant.e.s était mal connu et souvent absent des politiques publiques. A l’inverse du Maroc et de la Turquie, les migrations congolaises, rwandaises et burundaises en Belgique sont liées à des initiatives individuelles et familiales, et n’ont jamais relevé d’arrangements bilatéraux. De plus, elles ont historiquement été associées à des profils socio-éducatifs plus élevés que celui des populations d’origines turque et marocaine.
Réalisée dans le cadre d’un consortium d’universités (Université de Liège, Université catholique de Louvain-la-Neuve, Vrije Universiteit Brussel), cette étude constitue le tout premier monitoring des Afro-descendant.e.s, notamment ceux d’origines congolaise, rwandaise et burundaise. Nous avons cherché à voir dans quelle mesure l’histoire partagée entre d’une part, la RD Congo, le Rwanda et le Burundi, et d’autre part, la Belgique, constitue une variable différenciant ce sous-groupe au sein de la population des Afro-descendant.e.s. Cela nous a amené à prendre en compte deux groupes: les Belgo-Congolais.e.s., les Belgo-Rwandais.e.s et les Belgo-Burundais.e.s, d’une part, les Afro-descendant.e.s originaires d’autres pays d’Afrique francophone, d’autre part.
Cette recherche est non seulement inédite au niveau de la Belgique, mais également au niveau européen, où les Afro-descendant.e.s en général, et les groupes originaires des pays anciennement colonisés par les pays européens, sont confrontés à de multiples discriminations qui renvoient à un racisme quotidien mais aussi institutionnel, aussi bien dans le domaine de l’emploi et du logement que de l’école.
D’un point de vue méthodologique, il s’agissait de s’appuyer sur l’enquête de 2015 de la Fondation Roi Baudouin sur les Belgo-Marocains et les Belgo-Turcs*, tout en l’élargissant à une autre population. Pour des raisons de moyens et de comparabilité des résultats, nous nous sommes limités aux personnes originaires de l’Afrique subsaharienne francophone mais il est important de souligner que les personnes ayant participé à l’étude résidaient dans les trois régions de la Belgique (Wallonie, Flandre, Bruxelles-Capitale).
Les onze sections du questionnaire ont été reprises dans les six chapitres du présent rapport, à savoir: 1) les données socioéconomiques et démographiques, 2) l’environne-ment familial et l’éducation, 3) la citoyenneté, 4) les discriminations, 5) la vie politique, 6) les pratiques transnationales. Ils sont précédés d’une section sur la méthodologie.
Dans la mesure du possible, nous avons cherché à illustrer les données quantitatives par
des extraits d’entretiens qualitatifs. C’est le cas des sections abordant les thématiques liées à l’appartenance, la citoyenneté, les revendications et les discriminations.
Il ressort de cette étude que les Afro-descendant.e.s sont dans un processus d’installation durable en Belgique qui se traduit par une inclusion plus prononcée de la génération née et socialisée en Belgique. C’est une population majoritairement jeune, née en Afrique et résidant dans les trois régions du pays, avec une plus forte concentration en région bruxelloise. 56% des Afro-descendant.e.s interviewés ont la nationalité belge, en comparaison l’étude de 2015 montrait que 91% des Belgo- Marocains (contre 78% en 2009) et 93% pour le groupe belgo-turc (contre 74% en 2007) ont la nationalité belge.
L’un des grands résultats de cette enquête est de confirmer et de généraliser des données précédentes (Schoonvaere, op.cit.) concernant le niveau d’éducation très élevé des Afro-descendant.e.s, par rapport à tous les autres groupes, issus de l’immigration ou pas, tout en accusant un taux de chômage et de déclassement extrêmement élevé. Plus de 60% des Afro-descendant.e.s ont un diplôme supérieur et 56% des Afro-descendant.e.s sont en situation de déclassement (leur qualification est supérieure à ce que leur emploi requiert). Le taux de chômage des Afro-descendant.e.s est 4 fois supérieur à celui des Belges et 3 fois supérieur pour la deuxième génération, née et scolarisée en Belgique. L’étude montre par ailleurs que le sexe est une variable très discriminante, les femmes étant moins déclassées que les hommes mais assignées à une forte ethno-stratification du marché de l’emploi.
De manière détaillée, l’étude montre que les Afro-descendant.e.s sont très fortement touchés par les discriminations ethno-raciales et le racisme et que cela se répercute sur le sentiment de ne pas avoir les mêmes chances que les Belgo-Belges. Près de 80% des répondants déclarent avoir subi des discriminations, des inégalités de traitement ou des insultes pour au moins une de ces deux raisons: couleur de peau ou origine. Ce chiffre est nettement supérieur à celui recueilli auprès des Belgo-Marocains et des Belgo-Thrcs. Près de 80% des répondants pensent n’avoir pas les mêmes chances que les personnes non issues de l’immigration pour obtenir un emploi ou louer un logement.
On relève également une corrélation avec le fait d’être en faveur de mesures mémorielles et matérielles liées à l’histoire et aux injustices coloniales. La grande majorité, soit 91%, des Afro-descendant.e.s que nous avons interviewés pense que l’histoire coloniale devrait être enseignée à l’école. 74% d’entre eux pensent que la question coloniale est trop peu présente et, ou occultée dans le débat public. Il n’y a pas de différence entre les Belgo-Congolais.e.s, les Belgo-Rwandais.e.s et les Belgo- Burundais.e.s et le reste des Afro-descendant.e.s en ce qui concerne la demande de mesures mémorielles.
En outre, il ressort que les Afro-descendant.e.s s’intéressent plus à la politique belge que la population belge en général. Le fort intérêt au sein de ces groupes pour la politique a notamment à voir avec le niveau d’instruction plus élevé comparativement à la population belge dans son ensemble. Si l’intérêt pour la politique concerne plus le pays d’origine que la Belgique, il n’en demeure pas moins le fait notable que l’intérêt pour la politique fédérale belge et européenne est plus élevé que celui de la moyenne nationale.
Enfin, on relève une forte transnationalisation des pratiques sociales, les contacts avec le pays d’origine sont réguliers et fréquents mais ils diminuent au fil des générations. Une différence importante entre les premières et les deuxièmes générations concerne les aspirations futures en matière de migration. Bien que les premières générations évoquent en majorité leur pays d’origine comme unique destination, les deuxièmes générations sont tournées vers d’autres destinations qu’elles perçoivent comme associées à de meilleures opportunités économiques, une meilleure qualité de vie et, dans une moindre mesure, à une plus grande ouverture vis-à -vis des personnes d’ascendance africaine.
Au terme de cette étude, il ressort que la conjonction des facteurs que sont la marginalisation structurelle de ce groupe et sa méconnaissance par les pouvoirs publics contribue à créer un sentiment d’exclusion. L’étude conclut à l’urgence de prendre en compte le potentiel humain et socioéconomique de cette population et d’entendre ses demandes de reconnaissance, en vue d’une société inclusive vis-à -vis des Afro- descendant.e.s.
* Corinne Torrekens, Ilke Adam, « Belgo-Marocains, Belgo-Turcs: (auto)portrait de nos concitoyens » , Fondation Roi Baudouin, 2015
Auteurs :
Dr. Sarah Demart, Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations, ULg
Prof. Bruno Schoumaker, Centre de Recherche en Démographie, UCL
Dr. Marie Godin, Institute for European Studies, VUB & University of Oxford
Prof. Ilke Adam, Institute for European Studies, VUB |
Note de contenu : |
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
Résumé / Samenvatting / Summary
Introduction
Chapitre 1. Repères méthodologiques
1.1. L’organisation de la recherche
1.2. L’enquête quantitative
1.2.1. Questionnaire
1.2.2. Population cible
1.2.3. Echantillon
1.2.4. Formation des enquêteurs, collecte des données et déroulement de l’enquête
1.2.5. Traitement et analyse des données
1.3. L’enquête qualitative
1.3.1. Entretiens et focus groups
1.3.2. Population cible
1.3.3. L’analyse des données
Chapitre 2. Données socioéconomiques et démographiques
2.1. Description de l’échantillon
2.2. Profils migratoires
2.2.1. Des arrivées dans l’ensemble récentes et jeunes
2.2.2. Etudes, famille, conflits: trois principaux motifs de migration
2.2.3. Un.e migrant.e sur quatre a obtenu le statut de réfugié
2.2.4. Une migration d’installation
2.3. Conclusion
Chapitre 3. Environnement familial, éducation et profils socioéconomiques
3.1. Environnement familial
3.1.1. Une diversité de ménages et de situations familiales
3.1.2. Des familles transnationales fréquentes
3.2. Education et emploi
3.2.1. Des niveaux d’instruction dans l’ensemble élevés, mais une part importante de diplômes non reconnus
3.2.2. Une insertion difficile sur le marché de l’emploi
3.2.3. Une surreprésentation dans des emplois peu qualifiés et un déclassement fréquei
3.2.4. Une situation d’emploi qui influence fortement la situation financière
3.3. Conclusion
Chapitre 4. Citoyenneté, nationalité, sentiment d’appartenance, valeurs et distance sociale
4.1. Etre Belge ou devenir Belge?
4.1.1. Pourquoi devenir Belge? Enfants, emploi et mobilité
4.1.2. Identité et sentiment d’appartenance à la Belgique
4.1.3. Appartenance et pratique religieuse
4.2. Valeurs
4.2.1. Démocratie
4.2.2. Rapports hommes-femmes
4.2.3. Questions de société
4.3. Contacts inter-groupes et distances entre groupes
4.3.1. Des contacts inter-groupes limités et plus fréquents dans la deuxième génération ..
4.3.2. Une distance sociale perçue comme importante
4.3.3. Le sentiment d’être mal représenté.e dans l’espace médiatique
4.4. Conclusion
Chapitre 5. Discriminations et confiance envers les institutions
5.1. Ressenti de discriminations
5.1.1. Discriminations ethniques et raciales : une réalité partagée
5.1.2. Racisme et discrimination: un vécu précoce et structurel
5.1.3. L’égalité des chances: un leurre pour une majorité d’Afro-descendant.e.s
5.2. Confiance dans les institutions
5.3. Conclusion
Chapitre 6. Vie politique: participation associative, opinions et revendications
6.1. Votes et intérêt pour la politique
6.1.1. Un.e Afro-descendant.e sur deux a déjà voté en Belgique
6.1.2. Le vote pour des Afro-descendant.e.s: plus prononcé à Bruxelles et chez les plus âgés
6.1.3. L’intérêt pour la politique: un intérêt plus prononcé pour la politique au pays d’origine .
6.1.4. Perception des politiques d’immigration et d’intégration
6.2. Participation associative
6.3. Participation politique
6.4. Revendications en matière de justice historique
6.5. Conclusion
Chapitre 7. Pratiques transnationales et projets de départ-retour
7.1. Pratiques transnationales
7.1.1. Des contacts réguliers mais des visites peu fréquentes
7.1.2. Envoi d’argent
7.2. Projets de retour et de départ vers d’autres pays
7.2.1. Aller vivre au pays d’origine? Des projets incertains et lointains
7.2.2. Aller vivre dans un autre pays? Un projet présent surtout chez les jeunes
7.3. Conclusion
Chapitre 8. Conclusion
8.1. Une meilleure connaissance des Afro-descendant.e.s de Belgique à travers six grands résultats
8.1.1. Un processus d’installation durable
8.1.2. Un niveau d’éducation élevé mais aussi de chômage et de déclassement
8.1.3. Un niveau très élevé de discriminations raciales
8.1.4. L’enseignement de l’histoire coloniale : une revendication quasi unanime
8.1.5. De fortes dynamiques transnationales
8.1.6. Les Afro-descendant.e.s s’intéressent plus à la politique que les Belgo-Belges . . .
8.2. Des constats à nuancer selon les pays d’origine
8.3. En conclusion, un potentiel humain et socioéconomique à prendre en compte
Références
Annexe: Échantillonnage et marges d’erreur
|
En ligne : |
https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2017/20171121_CF |
Format de la ressource électronique : |
Présentation et documents à télécharger |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
Titre : |
Des citoyens aux racines africaines : un portrait des Belgo-Congolais, Belgo-Rwandais et Belgo-Burundais |
Type de document : |
document électronique |
Editeur : |
Bruxelles : Fondation Roi Baudouin |
Année de publication : |
2017 |
Importance : |
1 fichier pdf (226 p.) |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
172 Citoyenneté . Civisme . Solidarité . Morale sociale . Ethique sociale. Empathie 31 Statistique Démographie 314.7 Immigration / Emigration / Diasporas / Exil 316 Sociologie 316.61 Intégration. Assimilation. Sociabilisation 325.3 Colonisation/ décolonisation 94(675) Histoire de la République Démocratique du Congo (RDC) Histoire du Burundi Histoire du Rwanda
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Résumé : |
RÉSUMÉ
La présence des Afro-descendant.e.s en Belgique a longtemps été ignorée ou considérée comme temporaire du fait de l’avènement tardif de migrants africains subsahariens et de la prédominance du profil estudiantin jusque dans les années 1980. Cette étude fait aujourd’hui le constat de l’installation durable des Afro-descendant.e.s en Belgique, de la diversité des profils migratoires et d’un développement démographique important puisque l’on estime à environ 250.000 leur nombre.
Jusqu’à présent le groupe des Afro-descendant.e.s était mal connu et souvent absent des politiques publiques. A l’inverse du Maroc et de la Turquie, les migrations congolaises, rwandaises et burundaises en Belgique sont liées à des initiatives individuelles et familiales, et n’ont jamais relevé d’arrangements bilatéraux. De plus, elles ont historiquement été associées à des profils socio-éducatifs plus élevés que celui des populations d’origines turque et marocaine.
Réalisée dans le cadre d’un consortium d’universités (Université de Liège, Université catholique de Louvain-la-Neuve, Vrije Universiteit Brussel), cette étude constitue le tout premier monitoring des Afro-descendant.e.s, notamment ceux d’origines congolaise, rwandaise et burundaise. Nous avons cherché à voir dans quelle mesure l’histoire partagée entre d’une part, la RD Congo, le Rwanda et le Burundi, et d’autre part, la Belgique, constitue une variable différenciant ce sous-groupe au sein de la population des Afro-descendant.e.s. Cela nous a amené à prendre en compte deux groupes: les Belgo-Congolais.e.s., les Belgo-Rwandais.e.s et les Belgo-Burundais.e.s, d’une part, les Afro-descendant.e.s originaires d’autres pays d’Afrique francophone, d’autre part.
Cette recherche est non seulement inédite au niveau de la Belgique, mais également au niveau européen, où les Afro-descendant.e.s en général, et les groupes originaires des pays anciennement colonisés par les pays européens, sont confrontés à de multiples discriminations qui renvoient à un racisme quotidien mais aussi institutionnel, aussi bien dans le domaine de l’emploi et du logement que de l’école.
D’un point de vue méthodologique, il s’agissait de s’appuyer sur l’enquête de 2015 de la Fondation Roi Baudouin sur les Belgo-Marocains et les Belgo-Turcs*, tout en l’élargissant à une autre population. Pour des raisons de moyens et de comparabilité des résultats, nous nous sommes limités aux personnes originaires de l’Afrique subsaharienne francophone mais il est important de souligner que les personnes ayant participé à l’étude résidaient dans les trois régions de la Belgique (Wallonie, Flandre, Bruxelles-Capitale).
Les onze sections du questionnaire ont été reprises dans les six chapitres du présent rapport, à savoir: 1) les données socioéconomiques et démographiques, 2) l’environne-ment familial et l’éducation, 3) la citoyenneté, 4) les discriminations, 5) la vie politique, 6) les pratiques transnationales. Ils sont précédés d’une section sur la méthodologie.
Dans la mesure du possible, nous avons cherché à illustrer les données quantitatives par
des extraits d’entretiens qualitatifs. C’est le cas des sections abordant les thématiques liées à l’appartenance, la citoyenneté, les revendications et les discriminations.
Il ressort de cette étude que les Afro-descendant.e.s sont dans un processus d’installation durable en Belgique qui se traduit par une inclusion plus prononcée de la génération née et socialisée en Belgique. C’est une population majoritairement jeune, née en Afrique et résidant dans les trois régions du pays, avec une plus forte concentration en région bruxelloise. 56% des Afro-descendant.e.s interviewés ont la nationalité belge, en comparaison l’étude de 2015 montrait que 91% des Belgo- Marocains (contre 78% en 2009) et 93% pour le groupe belgo-turc (contre 74% en 2007) ont la nationalité belge.
L’un des grands résultats de cette enquête est de confirmer et de généraliser des données précédentes (Schoonvaere, op.cit.) concernant le niveau d’éducation très élevé des Afro-descendant.e.s, par rapport à tous les autres groupes, issus de l’immigration ou pas, tout en accusant un taux de chômage et de déclassement extrêmement élevé. Plus de 60% des Afro-descendant.e.s ont un diplôme supérieur et 56% des Afro-descendant.e.s sont en situation de déclassement (leur qualification est supérieure à ce que leur emploi requiert). Le taux de chômage des Afro-descendant.e.s est 4 fois supérieur à celui des Belges et 3 fois supérieur pour la deuxième génération, née et scolarisée en Belgique. L’étude montre par ailleurs que le sexe est une variable très discriminante, les femmes étant moins déclassées que les hommes mais assignées à une forte ethno-stratification du marché de l’emploi.
De manière détaillée, l’étude montre que les Afro-descendant.e.s sont très fortement touchés par les discriminations ethno-raciales et le racisme et que cela se répercute sur le sentiment de ne pas avoir les mêmes chances que les Belgo-Belges. Près de 80% des répondants déclarent avoir subi des discriminations, des inégalités de traitement ou des insultes pour au moins une de ces deux raisons: couleur de peau ou origine. Ce chiffre est nettement supérieur à celui recueilli auprès des Belgo-Marocains et des Belgo-Thrcs. Près de 80% des répondants pensent n’avoir pas les mêmes chances que les personnes non issues de l’immigration pour obtenir un emploi ou louer un logement.
On relève également une corrélation avec le fait d’être en faveur de mesures mémorielles et matérielles liées à l’histoire et aux injustices coloniales. La grande majorité, soit 91%, des Afro-descendant.e.s que nous avons interviewés pense que l’histoire coloniale devrait être enseignée à l’école. 74% d’entre eux pensent que la question coloniale est trop peu présente et, ou occultée dans le débat public. Il n’y a pas de différence entre les Belgo-Congolais.e.s, les Belgo-Rwandais.e.s et les Belgo- Burundais.e.s et le reste des Afro-descendant.e.s en ce qui concerne la demande de mesures mémorielles.
En outre, il ressort que les Afro-descendant.e.s s’intéressent plus à la politique belge que la population belge en général. Le fort intérêt au sein de ces groupes pour la politique a notamment à voir avec le niveau d’instruction plus élevé comparativement à la population belge dans son ensemble. Si l’intérêt pour la politique concerne plus le pays d’origine que la Belgique, il n’en demeure pas moins le fait notable que l’intérêt pour la politique fédérale belge et européenne est plus élevé que celui de la moyenne nationale.
Enfin, on relève une forte transnationalisation des pratiques sociales, les contacts avec le pays d’origine sont réguliers et fréquents mais ils diminuent au fil des générations. Une différence importante entre les premières et les deuxièmes générations concerne les aspirations futures en matière de migration. Bien que les premières générations évoquent en majorité leur pays d’origine comme unique destination, les deuxièmes générations sont tournées vers d’autres destinations qu’elles perçoivent comme associées à de meilleures opportunités économiques, une meilleure qualité de vie et, dans une moindre mesure, à une plus grande ouverture vis-à -vis des personnes d’ascendance africaine.
Au terme de cette étude, il ressort que la conjonction des facteurs que sont la marginalisation structurelle de ce groupe et sa méconnaissance par les pouvoirs publics contribue à créer un sentiment d’exclusion. L’étude conclut à l’urgence de prendre en compte le potentiel humain et socioéconomique de cette population et d’entendre ses demandes de reconnaissance, en vue d’une société inclusive vis-à -vis des Afro- descendant.e.s.
* Corinne Torrekens, Ilke Adam, « Belgo-Marocains, Belgo-Turcs: (auto)portrait de nos concitoyens » , Fondation Roi Baudouin, 2015
Auteurs :
Dr. Sarah Demart, Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations, ULg
Prof. Bruno Schoumaker, Centre de Recherche en Démographie, UCL
Dr. Marie Godin, Institute for European Studies, VUB & University of Oxford
Prof. Ilke Adam, Institute for European Studies, VUB |
Note de contenu : |
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
Résumé / Samenvatting / Summary
Introduction
Chapitre 1. Repères méthodologiques
1.1. L’organisation de la recherche
1.2. L’enquête quantitative
1.2.1. Questionnaire
1.2.2. Population cible
1.2.3. Echantillon
1.2.4. Formation des enquêteurs, collecte des données et déroulement de l’enquête
1.2.5. Traitement et analyse des données
1.3. L’enquête qualitative
1.3.1. Entretiens et focus groups
1.3.2. Population cible
1.3.3. L’analyse des données
Chapitre 2. Données socioéconomiques et démographiques
2.1. Description de l’échantillon
2.2. Profils migratoires
2.2.1. Des arrivées dans l’ensemble récentes et jeunes
2.2.2. Etudes, famille, conflits: trois principaux motifs de migration
2.2.3. Un.e migrant.e sur quatre a obtenu le statut de réfugié
2.2.4. Une migration d’installation
2.3. Conclusion
Chapitre 3. Environnement familial, éducation et profils socioéconomiques
3.1. Environnement familial
3.1.1. Une diversité de ménages et de situations familiales
3.1.2. Des familles transnationales fréquentes
3.2. Education et emploi
3.2.1. Des niveaux d’instruction dans l’ensemble élevés, mais une part importante de diplômes non reconnus
3.2.2. Une insertion difficile sur le marché de l’emploi
3.2.3. Une surreprésentation dans des emplois peu qualifiés et un déclassement fréquei
3.2.4. Une situation d’emploi qui influence fortement la situation financière
3.3. Conclusion
Chapitre 4. Citoyenneté, nationalité, sentiment d’appartenance, valeurs et distance sociale
4.1. Etre Belge ou devenir Belge?
4.1.1. Pourquoi devenir Belge? Enfants, emploi et mobilité
4.1.2. Identité et sentiment d’appartenance à la Belgique
4.1.3. Appartenance et pratique religieuse
4.2. Valeurs
4.2.1. Démocratie
4.2.2. Rapports hommes-femmes
4.2.3. Questions de société
4.3. Contacts inter-groupes et distances entre groupes
4.3.1. Des contacts inter-groupes limités et plus fréquents dans la deuxième génération ..
4.3.2. Une distance sociale perçue comme importante
4.3.3. Le sentiment d’être mal représenté.e dans l’espace médiatique
4.4. Conclusion
Chapitre 5. Discriminations et confiance envers les institutions
5.1. Ressenti de discriminations
5.1.1. Discriminations ethniques et raciales : une réalité partagée
5.1.2. Racisme et discrimination: un vécu précoce et structurel
5.1.3. L’égalité des chances: un leurre pour une majorité d’Afro-descendant.e.s
5.2. Confiance dans les institutions
5.3. Conclusion
Chapitre 6. Vie politique: participation associative, opinions et revendications
6.1. Votes et intérêt pour la politique
6.1.1. Un.e Afro-descendant.e sur deux a déjà voté en Belgique
6.1.2. Le vote pour des Afro-descendant.e.s: plus prononcé à Bruxelles et chez les plus âgés
6.1.3. L’intérêt pour la politique: un intérêt plus prononcé pour la politique au pays d’origine .
6.1.4. Perception des politiques d’immigration et d’intégration
6.2. Participation associative
6.3. Participation politique
6.4. Revendications en matière de justice historique
6.5. Conclusion
Chapitre 7. Pratiques transnationales et projets de départ-retour
7.1. Pratiques transnationales
7.1.1. Des contacts réguliers mais des visites peu fréquentes
7.1.2. Envoi d’argent
7.2. Projets de retour et de départ vers d’autres pays
7.2.1. Aller vivre au pays d’origine? Des projets incertains et lointains
7.2.2. Aller vivre dans un autre pays? Un projet présent surtout chez les jeunes
7.3. Conclusion
Chapitre 8. Conclusion
8.1. Une meilleure connaissance des Afro-descendant.e.s de Belgique à travers six grands résultats
8.1.1. Un processus d’installation durable
8.1.2. Un niveau d’éducation élevé mais aussi de chômage et de déclassement
8.1.3. Un niveau très élevé de discriminations raciales
8.1.4. L’enseignement de l’histoire coloniale : une revendication quasi unanime
8.1.5. De fortes dynamiques transnationales
8.1.6. Les Afro-descendant.e.s s’intéressent plus à la politique que les Belgo-Belges . . .
8.2. Des constats à nuancer selon les pays d’origine
8.3. En conclusion, un potentiel humain et socioéconomique à prendre en compte
Références
Annexe: Échantillonnage et marges d’erreur
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https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2017/20171121_CF |
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