[article] Stakingen in België en Nederland, 1940-1941 [texte imprimé] / Dirk Luyten, Auteur . - 2005 . - pp. 149-175. Article en néerlandais - Résumé en français et en anglais Langues : Néerlandais ( dut) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 15 (2005) . - pp. 149-175
Catégories : |
331.109.32 Grèves Contestations 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Résistance Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Vie quotidienne Occupation Seconde Guerre mondiale 94(492) Histoire des Pays-Bas 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
Les grèves en Belgique et aux Pays-Bas, 1940-1941
Tant la Belgique que les Pays-Bas ont été confrontés à des grèves importantes en 1941 : la grève de février aux Pays-Bas et la "grève des 100.000" en Belgique. Dans cet article, les deux mouvements de grèves sont comparés et placés dans un cadre plus large portant sur l'analyse comparée des grèves au cours des deux premières années d'occupation dans les deux pays. Sont en particulier examinés les causes et les effets de ces interruptions de travail.
Une première constatation, c'est que l'on recourt nettement moins à la grève aux Pays-Bas qu'en Belgique (respectivement 10 grèves et 54.390 grévistes aux Pays-Bas pour 120 grèves et 111.853 grévistes en Belgique). En outre, en Belgique, les grévistes proviennent des secteurs clé de l'économie, en particulier l'industrie minière, tandis qu'aux Pays-Bas, les travailleurs issus de secteurs plus périphériques (mise au travail des chômeurs, communes) sont surreprésentés.
Ce modèle nettement divergent en matière de grève s'explique par les différences de situations en termes de ravitaillement, par d'autres rapports institutionnels et par l'état d'esprit éloigné des employeurs. L'approvisionnement alimentaire est bien organisé aux Pays-Bas si bien qu'il ne constitue pas un motif pour se mettre en grève. En Belgique, le ravitaillement est bancal et très tôt déjà les gens doivent recourir au marché noir pour se procurer la nourriture nécessaire. La défense du pouvoir d'achat constitue dès lors une des raisons principales pour arrêter le travail. Les employeurs néerlandais, qui profitent de l'embellie économique observée en 1940-1941, paraissent disposés à consentir des augmentations salariales à leur personnel, notamment pour pouvoir faire face à la pénurie sur le marché du travail. Les employeurs belges, par contre, se montrent hostiles à des augmentations salariales et un certain nombre d'entre eux, notamment dans l'industrie charbonnière, profitent de la situation pour réduire les avantages sociaux. Cet état de fait suscite des protestations qui ne peuvent, comme c'était le cas avant-guerre, être canalisées par la concertation : les comités paritaires sont à l'arrêt. Les syndicats doivent cesser leurs activités et aucun contact n'est noué avec l'Union des Travailleurs manuels et intellectuels. Aux Pays-Bas, le Collège des négociateurs d'État continue de fonctionner, les syndicats confessionnels poursuivent leurs activités et les contacts entre les employeurs et les employés n'ont jamais été rompus. Le nombre de conventions collectives et de travailleurs assujettis à ces conventions s'est même accru durant les deux premières années de guerre.
La "grève des 100.000" s'inscrit dans le prolongement des actions antérieures tandis que la grève de février a un caractère plus politique. Parce qu'elle est plus difficile à canaliser et parce qu'elle se transforme en insurrection populaire, elle peut davantage être perçue comme une action anti-allemande que la "grève des 100.000" qui porte en premier lieu sur le pouvoir d'achat et vise surtout les patrons et les autorités belges. Les effets des deux grèves sont dès lors également très différents. Les retombées politiques et sociétales de la grève de février sont restées limitées tandis que "la grève des 100.000" a donné lieu à une augmentation générale des salaires de 8 % et confronté l'Union des Travailleurs manuels et intellectuels à un problème de légitimité. Elle a en outre été le point de départ d'une normalisation des rapports entre les patrons et les dirigeants syndicaux d'avant-guerre, qui constitue en partie une réponse à la création d'un syndicat clandestin radical d'inspiration communiste dans les entreprises après la grève. |
Permalink : |
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[article]
Titre : |
Stakingen in België en Nederland, 1940-1941 |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Dirk Luyten, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 149-175 |
Note générale : |
Article en néerlandais - Résumé en français et en anglais |
Langues : |
Néerlandais (dut) |
Catégories : |
331.109.32 Grèves Contestations 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Résistance Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Vie quotidienne Occupation Seconde Guerre mondiale 94(492) Histoire des Pays-Bas 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle
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Résumé : |
Les grèves en Belgique et aux Pays-Bas, 1940-1941
Tant la Belgique que les Pays-Bas ont été confrontés à des grèves importantes en 1941 : la grève de février aux Pays-Bas et la "grève des 100.000" en Belgique. Dans cet article, les deux mouvements de grèves sont comparés et placés dans un cadre plus large portant sur l'analyse comparée des grèves au cours des deux premières années d'occupation dans les deux pays. Sont en particulier examinés les causes et les effets de ces interruptions de travail.
Une première constatation, c'est que l'on recourt nettement moins à la grève aux Pays-Bas qu'en Belgique (respectivement 10 grèves et 54.390 grévistes aux Pays-Bas pour 120 grèves et 111.853 grévistes en Belgique). En outre, en Belgique, les grévistes proviennent des secteurs clé de l'économie, en particulier l'industrie minière, tandis qu'aux Pays-Bas, les travailleurs issus de secteurs plus périphériques (mise au travail des chômeurs, communes) sont surreprésentés.
Ce modèle nettement divergent en matière de grève s'explique par les différences de situations en termes de ravitaillement, par d'autres rapports institutionnels et par l'état d'esprit éloigné des employeurs. L'approvisionnement alimentaire est bien organisé aux Pays-Bas si bien qu'il ne constitue pas un motif pour se mettre en grève. En Belgique, le ravitaillement est bancal et très tôt déjà les gens doivent recourir au marché noir pour se procurer la nourriture nécessaire. La défense du pouvoir d'achat constitue dès lors une des raisons principales pour arrêter le travail. Les employeurs néerlandais, qui profitent de l'embellie économique observée en 1940-1941, paraissent disposés à consentir des augmentations salariales à leur personnel, notamment pour pouvoir faire face à la pénurie sur le marché du travail. Les employeurs belges, par contre, se montrent hostiles à des augmentations salariales et un certain nombre d'entre eux, notamment dans l'industrie charbonnière, profitent de la situation pour réduire les avantages sociaux. Cet état de fait suscite des protestations qui ne peuvent, comme c'était le cas avant-guerre, être canalisées par la concertation : les comités paritaires sont à l'arrêt. Les syndicats doivent cesser leurs activités et aucun contact n'est noué avec l'Union des Travailleurs manuels et intellectuels. Aux Pays-Bas, le Collège des négociateurs d'État continue de fonctionner, les syndicats confessionnels poursuivent leurs activités et les contacts entre les employeurs et les employés n'ont jamais été rompus. Le nombre de conventions collectives et de travailleurs assujettis à ces conventions s'est même accru durant les deux premières années de guerre.
La "grève des 100.000" s'inscrit dans le prolongement des actions antérieures tandis que la grève de février a un caractère plus politique. Parce qu'elle est plus difficile à canaliser et parce qu'elle se transforme en insurrection populaire, elle peut davantage être perçue comme une action anti-allemande que la "grève des 100.000" qui porte en premier lieu sur le pouvoir d'achat et vise surtout les patrons et les autorités belges. Les effets des deux grèves sont dès lors également très différents. Les retombées politiques et sociétales de la grève de février sont restées limitées tandis que "la grève des 100.000" a donné lieu à une augmentation générale des salaires de 8 % et confronté l'Union des Travailleurs manuels et intellectuels à un problème de légitimité. Elle a en outre été le point de départ d'une normalisation des rapports entre les patrons et les dirigeants syndicaux d'avant-guerre, qui constitue en partie une réponse à la création d'un syndicat clandestin radical d'inspiration communiste dans les entreprises après la grève. |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 15 (2005) . - pp. 149-175
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