[article] Les droites au pouvoir [texte imprimé] / Serge Halimi, Directeur de publication . - 2007 . - 98 p. Langues : Français ( fre) in Manière de voir > 95 (octobre-décembre 2007) . - 98 p.
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0(082) Critique / extrait document / citations 14 Libéralisme (philosophie) 329.12 Tendance libérale/droite 33(091) Histoire économique et sociale 330.82 Libéralisme - Capitalisme
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Résumé : |
I. Seconde jeunesse de la vieille droite :
Pendant les trois décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, la vieille droite autoritaire a dû ronger son frein. La disqualification des pratiques répressives découlait de l’effondrement sanglant des régimes fascistes ; de son côté, le libéralisme économique paraissait avoir été blessé à mort par la grande crise des années 1930. Assurés qu’il fallait, hélas, que tout change pour que tout reste pareil, les conservateurs s’accommodèrent alors du pouvoir des syndicats, des politiques keynésiennes de régulation, d’un secteur public en expansion, d’une religion cantonnée aux affaires spirituelles et aux seules consciences qu’elle maintenait encore sous son emprise. Ils pestaient contre la tyrannie de la majorité et contre les progrès du communisme dans le monde, mais avec le sentiment un peu élégiaque de conduire un combat d’arrière-garde.
Pourtant, le vieux feu couvait sous la cendre. L’apparente hégémonie idéologique de la gauche, la résignation des milieux d’affaires à une économie mixte n’étaient que provisoires. La vieille droite n’avait pas désarmé ; elle continuait, discrètement, à mener la bataille des idées. Se présentant comme opposée à un « politiquement correct » progressiste, elle interrogeait, soupçonneuse : la démocratie n’a-t-elle pas été trop loin ? La moralité traditionnelle peut-elle impunément être remise en cause au risque de voir le chaos s’installer dans les usines, dans les familles,dans les rues ? Le clergé, la police et l’armée ne constituent-ils pas d’utiles piliers de l’ordre social ? Rien de très neuf en apparence.
Mais quand l’euphorie des « trente glorieuses » commença à se dissiper, quand le chômage s’installa, on se mit à prêter davantage d’attention aux propositions d’antan, que les années de prospérité et de progrès avaient disqualifiées. Parfois, comme au Chili, le retour de bâton fut particulièrement brutal. La roue avait tourné. Peu à peu, la droite en revint alors aux principes qu’elle tenait sous le boisseau en attendant des jours meilleurs. « Je suis un keynésien », avait lancé le président républicain Richard Nixon en 1971. Justement, c’était fini ; le consensus d’après-guerre allait basculer avant que la décennie ne s’achève. Dix ans plus tard, Ronald Reagan entrait à la Maison Blanche. Ce vieux conservateur y personnifia la jouvence de la nouvelle droite, mélange singulier de morale religieuse puritaine et de capitalisme ivre de débauches.
Articles :
De la révolution nationale à l’enthousiasme industriel. / Gilbert Comte
Hantise du loup-garou communiste. / Claude Bourdet
Quand la démocratie menaçait le capitalisme. / Claude Julien
Les cléricaux au secours des libéraux. / Marie-France Toinet
Dieu, la nation et l’armée, une sainte trinité. / Philip S. Golub
Fiasco pour la gauche post-nationale américaine. / Todd Gitlin
« Je ne me considère pas comme un néoconservateur. J’ai toujours été conservateur. » / Samuel Huntington
Maurras en Amérique latine. / Miguel Rojas-Mix
Pologne parano. / Ignacio Ramonet
Ces chômeurs, ces étrangers qui se prélassent... / Philippe Videlier
Le discours orchestré contre l’égalité. / Christian de Brie
II. Techniques de la « réforme »
Cherchant, en juillet 2007, à justifier l’idée d’un financement de la protection sociale par des impôts sur la consommation, lesquels pénalisent proportionnellement davantage les revenus modestes, un conseiller du président Nicolas Sarkozy a expliqué : « Chacun doit avoir l’honnêteté de reconnaître que, si l’on taxe le capital ou le travail, ils s’en vont, et que la taxation de la consommation peut être une partie de la solution pour faire face au dumping fiscal et social de certains pays. »
Il était difficile de décrire le corridor des « réformes » libérales de façon plus pédagogique. Des décisions politiques, nationales ou internationales (européennes par exemple), ont favorisé la mobilité du capital ; ensuite, au nom des effets prévisibles — et prévus — de cette « libération », les gouvernements se sont trouvés « contraints » de hâter le pas sur la même voie, de remettre en cause chacun des piliers de l’Etat social, dont la fiscalité progressive. Un « effet de cliquet » interdit tout retour en arrière.
Un tel voyage sans retour exige souvent pour condition préalable que les éventuels foyers de résistance aux « réformes », les syndicats par exemple, soient affaiblis ou défaits lors de grandes batailles. Comme celle qui, en 1984-1985, opposa Mme Margaret Thatcher aux mineurs britanniques.
La nouvelle droite se voulant révolutionnaire, chacune des résistances à ses politiques se voit assimilée à ce que Milton Friedman qualifiait de « tyrannie du statu quo. » Pour s’en dégager, il faut tout chambouler au plus vite, tirer le meilleur parti de la victoire et du désarroi de l’adversaire. Un des architectes de la révolution libérale néo-zélandaise conseilla à ses amis : « N’essayez pas d’avancer pas à pas. Définissez clairement vos objectifs et rapprochez-vous-en par grands bonds qualitatifs. Une fois le programme de réformes mis en œuvre, ne vous arrêtez qu’après l’avoir mené à terme : le feu de vos adversaires est moins précis quand il doit viser une cible qui ne cesse de bouger. » Restriction du droit de grève, autonomie des universités, baisse des impêts directs, remise en cause des contrats de travail, durcissement pénal : les débuts de la présidence Sarkozy s’inspirent-ils de ces « grands bonds qualitatifs » ?
Articles :
Les vieilles idées des « nouveaux » économistes. / Denis Clerc
Et le patronat a créé la flexibilité... / Danièle Linhart
La longue grève des mineurs anglais / Maurice Lemoine
De l’art d’ignorer les pauvres. / John Kenneth Galbraith
Pris dans l’étau des privatisations. / S.H.
La Poste saisie par le commerce. / Gilles Balbastre
L’impôt vu de droite. / C. de B.
L’envers du miracle économique américain. / Thomas Frank et David Mulcahey
III. La culture à la rescousse
« Réussir », « Tais-toi et achète », « Le classement des hôpitaux, des écoles », « Ambition », « En avoir pour son argent », « Combien ça coûte ? » : il n’est pas difficile de rattacher la transformation individualiste de la société, l’« univers impitoyable » du chacun pour soi, et l’orientation dominante des grands médias. La concentration des moyens de communication entre les mains de quelques grands groupes a « spontanément » accompagné et raffermi la privatisation des moyens de production ; la connivence entre les propriétaires des multinationales de l’information ou du divertissement et les responsables politiques a rendu plus avenant le chemin de croix des « réformes ».
Modifier les comportements pour ne privilégier d’autres collectifs que ceux des spectateurs et des consommateurs, d’autre sentiment généreux que celui de la compassion ou de la charité constitua un travail de longue haleine. La percée de M.Silvio Berlusconi en Italie ne s’imagine pas sans cette fabrication d’une communauté joviale et dépolitisée. Ne peut-on pas en dire autant de la victoire de M. Nicolas Sarkozy en France (à qui l’appui des grands médias privés ne fit jamais défaut) ou de la réélection de M. George W.Bush aux Etats-Unis, qu’appuyèrent les chaînes et les journaux de M. Rupert Murdoch ?
D’autres facteurs ont joué, assurément, mais qui dira l’impact politique à long terme de ces programmes qui effacèrent les collectifs ouvriers pour leur substituer tantôt des « entrepreneurs » dynamiques, tantôt des « exclus » pathétiques interdits d’avenir et d’histoire, pressés de dévoiler leur intimité ? Le tout dans un tohu-bohu d’animateurs-producteurs cyniques et méprisants, de sportifs exilés (fiscalement) en Suisse ou en Belgique, de journalistes, d’intellectuels narcissiques issus de la gauche et qui, apparemment, avaient avec elle et ses idéaux un compte à régler.
A moins que ces derniers aient tout simplement, eux aussi, apprécié avec justesse le nouvel état du marché, la fusion consommée entre émission littéraire et entreprise de téléachat, programme culturel et promotion d’un mécène. Mais la culture pouvait-elle demeurer épargnée par les secousses telluriques qui bousculaient — et qui bousculent — la société dans son ensemble ? Elles ne délaissent jamais longtemps ses représentations ni son imaginaire.
Articles :
Des médias et du retour aux normes. / Pierre Dommergues
Italie, la traversée du « Cavaliere ». / Pierre Musso et Guy Pineau
La télé parle enfin de moi ! / Ignacio Ramonet
Sacrées séries de l’ère Reagan. / S.H.
Le monde du travail interdit d’écran. / G.B. et Joëlle Stechel
« Vive la crise ! », leçon de soumission. / Pierre Rimbert
Chercheur-militant, puis expert mercenaire. / Jean-Pierre Garnier
La dernière frontière du libéralisme. / Frédéric Lordon
Biographies
- Adolphe Thiers. L’antisocialiste sanglant (O. P.)
- Antoine Pinay. L’ami des rentiers (O. P.)
- Barry Goldwater. Le « perdant » victorieux (S. H.)
- Sir Keith Joseph. L’intellectuel du thatchérisme (Keith Dixon)
- William Buckley. Un maccarthyste érudit (S. H.)
- José Maria Aznar. Autoritaire et proaméricain (Manuel S. Jardi)
Des fictions très politiques :
Jonathan Coe, « Testament à l’anglaise ». : En un royaume avili (Jacques Decornoy)
Costa-Gavras, « Le Couperet ». : Un conte amoral (I. R.)
Le renouveau du cinéma britannique. : Des regards acides et tendres (Gareth McFeely)
Laurent Cantet, « Ressources humaines ». : Deux générations (S. H.)
Tom Wolfe, « Le Bûcher des vanités ». : Dans le ventre de New York (Bernard Cassen)
René-Victor Pilhes, « La Médiatrice ». : Chronique d’une époque horrifique (Alain Gresh)
Documentation / Olivier Pironet
- Chronologies : Les années Reagan - Les années Thatcher - Les années Berlusconi
- Essais
- Sur la Toile |
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Titre : |
Les droites au pouvoir |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Serge Halimi, Directeur de publication |
Année de publication : |
2007 |
Article en page(s) : |
98 p. |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
0(082) Critique / extrait document / citations 14 Libéralisme (philosophie) 329.12 Tendance libérale/droite 33(091) Histoire économique et sociale 330.82 Libéralisme - Capitalisme
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Résumé : |
I. Seconde jeunesse de la vieille droite :
Pendant les trois décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, la vieille droite autoritaire a dû ronger son frein. La disqualification des pratiques répressives découlait de l’effondrement sanglant des régimes fascistes ; de son côté, le libéralisme économique paraissait avoir été blessé à mort par la grande crise des années 1930. Assurés qu’il fallait, hélas, que tout change pour que tout reste pareil, les conservateurs s’accommodèrent alors du pouvoir des syndicats, des politiques keynésiennes de régulation, d’un secteur public en expansion, d’une religion cantonnée aux affaires spirituelles et aux seules consciences qu’elle maintenait encore sous son emprise. Ils pestaient contre la tyrannie de la majorité et contre les progrès du communisme dans le monde, mais avec le sentiment un peu élégiaque de conduire un combat d’arrière-garde.
Pourtant, le vieux feu couvait sous la cendre. L’apparente hégémonie idéologique de la gauche, la résignation des milieux d’affaires à une économie mixte n’étaient que provisoires. La vieille droite n’avait pas désarmé ; elle continuait, discrètement, à mener la bataille des idées. Se présentant comme opposée à un « politiquement correct » progressiste, elle interrogeait, soupçonneuse : la démocratie n’a-t-elle pas été trop loin ? La moralité traditionnelle peut-elle impunément être remise en cause au risque de voir le chaos s’installer dans les usines, dans les familles,dans les rues ? Le clergé, la police et l’armée ne constituent-ils pas d’utiles piliers de l’ordre social ? Rien de très neuf en apparence.
Mais quand l’euphorie des « trente glorieuses » commença à se dissiper, quand le chômage s’installa, on se mit à prêter davantage d’attention aux propositions d’antan, que les années de prospérité et de progrès avaient disqualifiées. Parfois, comme au Chili, le retour de bâton fut particulièrement brutal. La roue avait tourné. Peu à peu, la droite en revint alors aux principes qu’elle tenait sous le boisseau en attendant des jours meilleurs. « Je suis un keynésien », avait lancé le président républicain Richard Nixon en 1971. Justement, c’était fini ; le consensus d’après-guerre allait basculer avant que la décennie ne s’achève. Dix ans plus tard, Ronald Reagan entrait à la Maison Blanche. Ce vieux conservateur y personnifia la jouvence de la nouvelle droite, mélange singulier de morale religieuse puritaine et de capitalisme ivre de débauches.
Articles :
De la révolution nationale à l’enthousiasme industriel. / Gilbert Comte
Hantise du loup-garou communiste. / Claude Bourdet
Quand la démocratie menaçait le capitalisme. / Claude Julien
Les cléricaux au secours des libéraux. / Marie-France Toinet
Dieu, la nation et l’armée, une sainte trinité. / Philip S. Golub
Fiasco pour la gauche post-nationale américaine. / Todd Gitlin
« Je ne me considère pas comme un néoconservateur. J’ai toujours été conservateur. » / Samuel Huntington
Maurras en Amérique latine. / Miguel Rojas-Mix
Pologne parano. / Ignacio Ramonet
Ces chômeurs, ces étrangers qui se prélassent... / Philippe Videlier
Le discours orchestré contre l’égalité. / Christian de Brie
II. Techniques de la « réforme »
Cherchant, en juillet 2007, à justifier l’idée d’un financement de la protection sociale par des impôts sur la consommation, lesquels pénalisent proportionnellement davantage les revenus modestes, un conseiller du président Nicolas Sarkozy a expliqué : « Chacun doit avoir l’honnêteté de reconnaître que, si l’on taxe le capital ou le travail, ils s’en vont, et que la taxation de la consommation peut être une partie de la solution pour faire face au dumping fiscal et social de certains pays. »
Il était difficile de décrire le corridor des « réformes » libérales de façon plus pédagogique. Des décisions politiques, nationales ou internationales (européennes par exemple), ont favorisé la mobilité du capital ; ensuite, au nom des effets prévisibles — et prévus — de cette « libération », les gouvernements se sont trouvés « contraints » de hâter le pas sur la même voie, de remettre en cause chacun des piliers de l’Etat social, dont la fiscalité progressive. Un « effet de cliquet » interdit tout retour en arrière.
Un tel voyage sans retour exige souvent pour condition préalable que les éventuels foyers de résistance aux « réformes », les syndicats par exemple, soient affaiblis ou défaits lors de grandes batailles. Comme celle qui, en 1984-1985, opposa Mme Margaret Thatcher aux mineurs britanniques.
La nouvelle droite se voulant révolutionnaire, chacune des résistances à ses politiques se voit assimilée à ce que Milton Friedman qualifiait de « tyrannie du statu quo. » Pour s’en dégager, il faut tout chambouler au plus vite, tirer le meilleur parti de la victoire et du désarroi de l’adversaire. Un des architectes de la révolution libérale néo-zélandaise conseilla à ses amis : « N’essayez pas d’avancer pas à pas. Définissez clairement vos objectifs et rapprochez-vous-en par grands bonds qualitatifs. Une fois le programme de réformes mis en œuvre, ne vous arrêtez qu’après l’avoir mené à terme : le feu de vos adversaires est moins précis quand il doit viser une cible qui ne cesse de bouger. » Restriction du droit de grève, autonomie des universités, baisse des impêts directs, remise en cause des contrats de travail, durcissement pénal : les débuts de la présidence Sarkozy s’inspirent-ils de ces « grands bonds qualitatifs » ?
Articles :
Les vieilles idées des « nouveaux » économistes. / Denis Clerc
Et le patronat a créé la flexibilité... / Danièle Linhart
La longue grève des mineurs anglais / Maurice Lemoine
De l’art d’ignorer les pauvres. / John Kenneth Galbraith
Pris dans l’étau des privatisations. / S.H.
La Poste saisie par le commerce. / Gilles Balbastre
L’impôt vu de droite. / C. de B.
L’envers du miracle économique américain. / Thomas Frank et David Mulcahey
III. La culture à la rescousse
« Réussir », « Tais-toi et achète », « Le classement des hôpitaux, des écoles », « Ambition », « En avoir pour son argent », « Combien ça coûte ? » : il n’est pas difficile de rattacher la transformation individualiste de la société, l’« univers impitoyable » du chacun pour soi, et l’orientation dominante des grands médias. La concentration des moyens de communication entre les mains de quelques grands groupes a « spontanément » accompagné et raffermi la privatisation des moyens de production ; la connivence entre les propriétaires des multinationales de l’information ou du divertissement et les responsables politiques a rendu plus avenant le chemin de croix des « réformes ».
Modifier les comportements pour ne privilégier d’autres collectifs que ceux des spectateurs et des consommateurs, d’autre sentiment généreux que celui de la compassion ou de la charité constitua un travail de longue haleine. La percée de M.Silvio Berlusconi en Italie ne s’imagine pas sans cette fabrication d’une communauté joviale et dépolitisée. Ne peut-on pas en dire autant de la victoire de M. Nicolas Sarkozy en France (à qui l’appui des grands médias privés ne fit jamais défaut) ou de la réélection de M. George W.Bush aux Etats-Unis, qu’appuyèrent les chaînes et les journaux de M. Rupert Murdoch ?
D’autres facteurs ont joué, assurément, mais qui dira l’impact politique à long terme de ces programmes qui effacèrent les collectifs ouvriers pour leur substituer tantôt des « entrepreneurs » dynamiques, tantôt des « exclus » pathétiques interdits d’avenir et d’histoire, pressés de dévoiler leur intimité ? Le tout dans un tohu-bohu d’animateurs-producteurs cyniques et méprisants, de sportifs exilés (fiscalement) en Suisse ou en Belgique, de journalistes, d’intellectuels narcissiques issus de la gauche et qui, apparemment, avaient avec elle et ses idéaux un compte à régler.
A moins que ces derniers aient tout simplement, eux aussi, apprécié avec justesse le nouvel état du marché, la fusion consommée entre émission littéraire et entreprise de téléachat, programme culturel et promotion d’un mécène. Mais la culture pouvait-elle demeurer épargnée par les secousses telluriques qui bousculaient — et qui bousculent — la société dans son ensemble ? Elles ne délaissent jamais longtemps ses représentations ni son imaginaire.
Articles :
Des médias et du retour aux normes. / Pierre Dommergues
Italie, la traversée du « Cavaliere ». / Pierre Musso et Guy Pineau
La télé parle enfin de moi ! / Ignacio Ramonet
Sacrées séries de l’ère Reagan. / S.H.
Le monde du travail interdit d’écran. / G.B. et Joëlle Stechel
« Vive la crise ! », leçon de soumission. / Pierre Rimbert
Chercheur-militant, puis expert mercenaire. / Jean-Pierre Garnier
La dernière frontière du libéralisme. / Frédéric Lordon
Biographies
- Adolphe Thiers. L’antisocialiste sanglant (O. P.)
- Antoine Pinay. L’ami des rentiers (O. P.)
- Barry Goldwater. Le « perdant » victorieux (S. H.)
- Sir Keith Joseph. L’intellectuel du thatchérisme (Keith Dixon)
- William Buckley. Un maccarthyste érudit (S. H.)
- José Maria Aznar. Autoritaire et proaméricain (Manuel S. Jardi)
Des fictions très politiques :
Jonathan Coe, « Testament à l’anglaise ». : En un royaume avili (Jacques Decornoy)
Costa-Gavras, « Le Couperet ». : Un conte amoral (I. R.)
Le renouveau du cinéma britannique. : Des regards acides et tendres (Gareth McFeely)
Laurent Cantet, « Ressources humaines ». : Deux générations (S. H.)
Tom Wolfe, « Le Bûcher des vanités ». : Dans le ventre de New York (Bernard Cassen)
René-Victor Pilhes, « La Médiatrice ». : Chronique d’une époque horrifique (Alain Gresh)
Documentation / Olivier Pironet
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