[article] Comment devient-on un héros ? Comment devient-on bourreau ? : dossier [texte imprimé] . - 2007 . - pp. 38-57. Langues : Français ( fre) in Philosophie magazine > 12 (septembre 2007) . - pp. 38-57
Catégories : |
159.9 Psychologie 179.6 Héroïsme Bravoure Courage Lâcheté 316 Sociologie 316.47 Relation sociale . Violence . Torture 323.25 Résistance passive . Désobéissance civile. Lutte non armée 323.26 Résistance armée . Lutte active. Sabotage . Guérilla Bourreaux
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Résumé : |
L'événement littéraire de l'automne dernier est assurément le succès des Bienveillantes, où Jonathan Littell invite son lecteur à s'identifier à l'officier nazi Max Aue. La Vie des autres a également fait la surprise ce printemps. Le public a plébiscité ce film qui montre un agent de la Stasi, fonctionnaire zélé du parti communiste en ex-RDA, s'ouvrir à la compassion et aux sentiments. Ces deux phénomènes témoignent d'une curiosité renouvelée pour la personnalité des bourreaux. Pourquoi cette figure revient-elle sur le devant de la scène ? Parce que notre époque sceptique, portée au relativisme, recherche une personnification du mal ? Bien au contraire. Ni Max Aue ni l'agent de renseignements Gerd Wiesler ne sont présentés comme des tueurs sadiques et inhumains.
Ce n'est pas sur la monstruosité des personnages, mais sur leur humanité, sur leurs trajectoires existentielles, que s'interrogent ces fictions. Cette démarche ne va d'ailleurs pas sans ambiguïtés. Les bourreaux seraient-ils en train de devenir, dans notre imaginaire, les nouveaux héros ?
Il nous paraissait urgent de nous interroger sur ces deux extrêmes de l'action morale, pour tenter de comprendre ce qui les distingue. Qu'est-ce qui fait que des individus basculent de la normalité dans la barbarie ou choisissent de risquer leur vie pour sauver leurs semblables ? Dans ce dossier, témoins et spécialistes apportent leurs réponses. L'historienne Gitta Sereny évoque sa rencontre avec un représentant du IIIe Reich, Franz Stangl. Le philosophe Michel Terestchenko se penche sur l'« absence » et la « présence à soi » qui différencierait bourreaux et héros. L'ancien président de Médecins sans frontières Rony Brauman et le politologue Jacques Sémelin décrivent la mise en place des mécaniques génocidaires. L'écrivain et grand reporter Jean Hatzfeld livre une vision de l'intérieur de la tragédie rwandaise. Enfin, le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours se demande si, dans le monde du travail contemporain, on rencontre des formes atténuées de collaboration et de résistance.
6 articles composent ce dossier :
* Deux visages de l'humanité / Michel Eltchaninoff et Martin Legros
Guerres, idéologies meurtrières, pression de l'autorité, toute situation de mise à l'épreuve entraîne des choix. Terrifiants pour certains qui se transforment en « salauds », courageux pour d'autres qui parviennent à rester intègres. Si les figures du héros et du bourreau évoluent au fil des siècles, elles ne cessent de nous renvoyer à nous-mêmes. Et nous enseignent de ne jamais cesser de penser.
* « Il aimait ce travail, devenu une addiction » : interview de Gitta Sereny / Alexandra Laignel-Lavastine
La journaliste et écrivain Gitta Sereny a été l'une des premières à recueillir les confidences d'un criminel nazi. De ses entretiens avec Franz Stangl, le commandant de Treblinka, est né un livre, Au fond des ténèbres. Sa réédition chez Denoël avec une préface inédite de l'auteur est l'occasion de retracer, loin de tout sensationnalisme, le parcours d'un bourreau.
* L'engrenage du pire / Michel Terestchenko
Lors du procès d'Eichmann, Hannah Arendt établit la « banalité du mal » : cette notion désigne une capacité à commettre des crimes qui n'est ni exceptionnelle ni pathologique, mais provient d'un effacement de la personnalité. Le héros, à l'inverse, est celui qui reste présent à lui-même et aux autres.
* De l'intention à l'acte : interview de Rony Brauman / Nicolas Truong
Comment, avec les meilleures intentions, peut-on se rendre complice du mal ? Quels sont les ressorts du passage à l'acte ? Les chercheurs Rony Brauman et Jacques Sémelin insistent sur l'ambiguïté des conduites humaines, sans pour autant abandonner l'exigence de juger.
* Se retrouver un moment sans son âme : interview de Jean Hatzfeld / Martin Legros et Anne-Sophie Moreau
Préparation idéologique, armes agricoles, les tueries du génocide tutsi se sont révélées redoutables – près de 1 million de morts en trois mois. Depuis 1994, année où il se rend au Rwanda pour la première fois, l'écrivain et journaliste Jean Hatzfeld travaille sur les récits des rescapés et des tueurs.
* Sale boulot / Alexandre Lacroix
Christophe Dejours, psychiatre et spécialiste du travail, cherche à identifier les mécanismes de résistance et de collaboration à l'oeuvre dans le monde du travail. Une critique audacieuse et polémique.
Encarts :
- Typologie des héros : Ulysse, François d’Assise, Nelson Mandela, l’amiral Nelson, Jean Cavaillès, Etty Hillesum et « Tank Man »
- Typologie des bourreaux : Caligula, Toms de Torquemada, Josef Staline, Shiro Ishi, Les Sanson, Gilles de Rais, Adolf Eichmann
- L’autre côté du mirorir : sur « les Bienveillantes » de J. Littell / M. Prazan
- Giorgio Perlasca, banalité du bien |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Comment devient-on un héros ? Comment devient-on bourreau ? : dossier |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2007 |
Article en page(s) : |
pp. 38-57 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
159.9 Psychologie 179.6 Héroïsme Bravoure Courage Lâcheté 316 Sociologie 316.47 Relation sociale . Violence . Torture 323.25 Résistance passive . Désobéissance civile. Lutte non armée 323.26 Résistance armée . Lutte active. Sabotage . Guérilla Bourreaux
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Résumé : |
L'événement littéraire de l'automne dernier est assurément le succès des Bienveillantes, où Jonathan Littell invite son lecteur à s'identifier à l'officier nazi Max Aue. La Vie des autres a également fait la surprise ce printemps. Le public a plébiscité ce film qui montre un agent de la Stasi, fonctionnaire zélé du parti communiste en ex-RDA, s'ouvrir à la compassion et aux sentiments. Ces deux phénomènes témoignent d'une curiosité renouvelée pour la personnalité des bourreaux. Pourquoi cette figure revient-elle sur le devant de la scène ? Parce que notre époque sceptique, portée au relativisme, recherche une personnification du mal ? Bien au contraire. Ni Max Aue ni l'agent de renseignements Gerd Wiesler ne sont présentés comme des tueurs sadiques et inhumains.
Ce n'est pas sur la monstruosité des personnages, mais sur leur humanité, sur leurs trajectoires existentielles, que s'interrogent ces fictions. Cette démarche ne va d'ailleurs pas sans ambiguïtés. Les bourreaux seraient-ils en train de devenir, dans notre imaginaire, les nouveaux héros ?
Il nous paraissait urgent de nous interroger sur ces deux extrêmes de l'action morale, pour tenter de comprendre ce qui les distingue. Qu'est-ce qui fait que des individus basculent de la normalité dans la barbarie ou choisissent de risquer leur vie pour sauver leurs semblables ? Dans ce dossier, témoins et spécialistes apportent leurs réponses. L'historienne Gitta Sereny évoque sa rencontre avec un représentant du IIIe Reich, Franz Stangl. Le philosophe Michel Terestchenko se penche sur l'« absence » et la « présence à soi » qui différencierait bourreaux et héros. L'ancien président de Médecins sans frontières Rony Brauman et le politologue Jacques Sémelin décrivent la mise en place des mécaniques génocidaires. L'écrivain et grand reporter Jean Hatzfeld livre une vision de l'intérieur de la tragédie rwandaise. Enfin, le psychiatre et psychanalyste Christophe Dejours se demande si, dans le monde du travail contemporain, on rencontre des formes atténuées de collaboration et de résistance.
6 articles composent ce dossier :
* Deux visages de l'humanité / Michel Eltchaninoff et Martin Legros
Guerres, idéologies meurtrières, pression de l'autorité, toute situation de mise à l'épreuve entraîne des choix. Terrifiants pour certains qui se transforment en « salauds », courageux pour d'autres qui parviennent à rester intègres. Si les figures du héros et du bourreau évoluent au fil des siècles, elles ne cessent de nous renvoyer à nous-mêmes. Et nous enseignent de ne jamais cesser de penser.
* « Il aimait ce travail, devenu une addiction » : interview de Gitta Sereny / Alexandra Laignel-Lavastine
La journaliste et écrivain Gitta Sereny a été l'une des premières à recueillir les confidences d'un criminel nazi. De ses entretiens avec Franz Stangl, le commandant de Treblinka, est né un livre, Au fond des ténèbres. Sa réédition chez Denoël avec une préface inédite de l'auteur est l'occasion de retracer, loin de tout sensationnalisme, le parcours d'un bourreau.
* L'engrenage du pire / Michel Terestchenko
Lors du procès d'Eichmann, Hannah Arendt établit la « banalité du mal » : cette notion désigne une capacité à commettre des crimes qui n'est ni exceptionnelle ni pathologique, mais provient d'un effacement de la personnalité. Le héros, à l'inverse, est celui qui reste présent à lui-même et aux autres.
* De l'intention à l'acte : interview de Rony Brauman / Nicolas Truong
Comment, avec les meilleures intentions, peut-on se rendre complice du mal ? Quels sont les ressorts du passage à l'acte ? Les chercheurs Rony Brauman et Jacques Sémelin insistent sur l'ambiguïté des conduites humaines, sans pour autant abandonner l'exigence de juger.
* Se retrouver un moment sans son âme : interview de Jean Hatzfeld / Martin Legros et Anne-Sophie Moreau
Préparation idéologique, armes agricoles, les tueries du génocide tutsi se sont révélées redoutables – près de 1 million de morts en trois mois. Depuis 1994, année où il se rend au Rwanda pour la première fois, l'écrivain et journaliste Jean Hatzfeld travaille sur les récits des rescapés et des tueurs.
* Sale boulot / Alexandre Lacroix
Christophe Dejours, psychiatre et spécialiste du travail, cherche à identifier les mécanismes de résistance et de collaboration à l'oeuvre dans le monde du travail. Une critique audacieuse et polémique.
Encarts :
- Typologie des héros : Ulysse, François d’Assise, Nelson Mandela, l’amiral Nelson, Jean Cavaillès, Etty Hillesum et « Tank Man »
- Typologie des bourreaux : Caligula, Toms de Torquemada, Josef Staline, Shiro Ishi, Les Sanson, Gilles de Rais, Adolf Eichmann
- L’autre côté du mirorir : sur « les Bienveillantes » de J. Littell / M. Prazan
- Giorgio Perlasca, banalité du bien |
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in Philosophie magazine > 12 (septembre 2007) . - pp. 38-57
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