[article] Triomphe de l’oligarchie : dossier argent et politique [texte imprimé] . - 2010 . - pp. 19-26. Langues : Français ( fre) in Le Monde Diplomatique > 675 (juin 2010) . - pp. 19-26
Catégories : |
32 Politique 33 Economie politique et sociale 336.7 Monnaie Banque Bourse
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Résumé : |
Présentation :
L’histoire de la démocratie repose-t-elle sur la séparation progressive du pouvoir politique et du pouvoir économique ? Longtemps, seuls les plus riches ont pu voter et être élus. Les luttes pour l’instauration du suffrage universel, puis d’une indemnité parlementaire (Le salaire de la politique) démontrent qu’il fallut des décennies pour desserrer ce monopole.
Bien sûr, les relations incestueuses entre argent et politique n’ont jamais totalement disparu, comme l’atteste la récurrence de la corruption (Aux Baléares, la fabrique de la corruption) et du clientélisme (Laurent Bonelli, ci-dessous). Mais elles ont été combattues par la justice (La grande désillusion des juges italiens), à la faveur d’un renouvellement des élites (Dans l’Egypte de Nasser surgit une « nouvelle classe »...), voire par des gouvernements soucieux d’imposer une « transparence » en la matière (En Norvège, proximité, transparence et... naïveté).
A l’heure où des milliardaires triomphent aux élections, comme en Italie, au Chili ou à New York (Une élection selon Michael Bloomberg) ; où des groupes de pression font prévaloir, à Bruxelles et ailleurs, les intérêts de leurs clients sur ceux de la collectivité (A Bruxelles, les lobbyistes sont « les garants de la démocratie ») ; où des chefs d’Etat et des ministres rivalisent pour imposer des mesures d’austérité avant de monnayer leur carnet d’adresses à des banques, est-il encore possible de gouverner sans servir les possédants ?
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Note de contenu : |
Articles
* Le gouvernement des banques, par Serge Halimi
L’insolence des spéculateurs suscite une vive opposition populaire et contraint les gouvernements à prendre quelques distances avec la finance. Le 20 mai, le président Barack Obama a qualifié de « hordes de lobbyistes » les banquiers qui s’opposaient à son projet de réglementation de Wall Street. Ceux qui signent les chèques vont-ils continuer à écrire les lois ?
* La mécanique clientéliste, par Laurent Bonelli
Sur la liste des relations inavouables entretenues par l’argent et la politique, le clientélisme talonne la corruption. Passe encore qu’en 1902 Louis Ollivier, député de Guingamp, raconte : « Lors de la dernière élection, j’avais fait des bons de quatre sous que mes agents distribuaient aux électeurs, partisans et adversaires, et ces bons étaient remboursables en consommations . » En 2009, les « dons d’argent » furent le motif invoqué par le Conseil d’Etat pour invalider la réélection de M. Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes...
* A Bruxelles, les lobbyistes sont « les garants de la démocratie », par François Ruffin
Les peuples ont le suffrage, les industriels ont le lobbying. Des groupes de pression qui instruisent les élus et inspirent la Commission européenne…
* Ainsi naissent les autoroutes, par François Ruffin
Douze mille kilomètres d’autoroutes : voilà le projet que lançait en 1991 la Commission européenne. Pour savoir qui les réclamait, et pourquoi, il suffisait d’allumer sa télévision, quelques semaines plus tôt.
* Extraits choisis
* La grande désillusion des juges italiens, par Francesca Lancini
Il y a dix-huit ans, les magistrats italiens lançaient une offensive sans précédent contre la corruption de la classe politique. Leur victoire fut de courte durée.
* Dans l’Egypte de Nasser surgit une « nouvelle classe »..., par Alain Gresh
Le renouvellement des élites ne suffit pas toujours à mettre fin aux mœurs clientélistes des anciens dirigeants.
* Aux Baléares, la fabrique de la corruption, par Andreu Manresa
Sur fond de spéculation immobilière, l’histoire édifiante d’un petit parti qui savait si bien monnayer ses faveurs...
* En Norvège, proximité, transparence et... naïveté, par Remi Nilsen
Existe-t-il des paradis démocratiques au Nord ? L’exemple norvégien montre tout le bénéfice que l’on peut tirer d’une transparence des relations entre argent et politique, même si celle-ci ne résout pas tout.
* Une élection selon Michael Bloomberg, par Renaud Lambert
En 2001, le magnat de la presse financière Michael Bloomberg dénonce l’« influence nocive » qu’exercent les « groupes de pression privés » sur les hommes politiques. Pour s’en libérer, il enjoint aux New-Yorkais d’élire un maire suffisamment riche... pour ne pas être corruptible. Cela tombe bien : M. Bloomberg est candidat, il est aussi milliardaire. Il promet de « payer [lui]-même pour [sa] propre campagne ». Il a déjà fixé le salaire qu’il s’adjugerait en tant que maire : 1 dollar par an.
* Le salaire de la politique, par Alain Garrigou
Pour éviter que la politique ne soit le monopole des nantis, il a fallu qu’elle devienne une profession et que ceux qui l’embrassent puissent en vivre. Au risque de se couper de leurs mandants. |
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[article]
Titre : |
Triomphe de l’oligarchie : dossier argent et politique |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2010 |
Article en page(s) : |
pp. 19-26 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
32 Politique 33 Economie politique et sociale 336.7 Monnaie Banque Bourse
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Résumé : |
Présentation :
L’histoire de la démocratie repose-t-elle sur la séparation progressive du pouvoir politique et du pouvoir économique ? Longtemps, seuls les plus riches ont pu voter et être élus. Les luttes pour l’instauration du suffrage universel, puis d’une indemnité parlementaire (Le salaire de la politique) démontrent qu’il fallut des décennies pour desserrer ce monopole.
Bien sûr, les relations incestueuses entre argent et politique n’ont jamais totalement disparu, comme l’atteste la récurrence de la corruption (Aux Baléares, la fabrique de la corruption) et du clientélisme (Laurent Bonelli, ci-dessous). Mais elles ont été combattues par la justice (La grande désillusion des juges italiens), à la faveur d’un renouvellement des élites (Dans l’Egypte de Nasser surgit une « nouvelle classe »...), voire par des gouvernements soucieux d’imposer une « transparence » en la matière (En Norvège, proximité, transparence et... naïveté).
A l’heure où des milliardaires triomphent aux élections, comme en Italie, au Chili ou à New York (Une élection selon Michael Bloomberg) ; où des groupes de pression font prévaloir, à Bruxelles et ailleurs, les intérêts de leurs clients sur ceux de la collectivité (A Bruxelles, les lobbyistes sont « les garants de la démocratie ») ; où des chefs d’Etat et des ministres rivalisent pour imposer des mesures d’austérité avant de monnayer leur carnet d’adresses à des banques, est-il encore possible de gouverner sans servir les possédants ?
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* Le gouvernement des banques, par Serge Halimi
L’insolence des spéculateurs suscite une vive opposition populaire et contraint les gouvernements à prendre quelques distances avec la finance. Le 20 mai, le président Barack Obama a qualifié de « hordes de lobbyistes » les banquiers qui s’opposaient à son projet de réglementation de Wall Street. Ceux qui signent les chèques vont-ils continuer à écrire les lois ?
* La mécanique clientéliste, par Laurent Bonelli
Sur la liste des relations inavouables entretenues par l’argent et la politique, le clientélisme talonne la corruption. Passe encore qu’en 1902 Louis Ollivier, député de Guingamp, raconte : « Lors de la dernière élection, j’avais fait des bons de quatre sous que mes agents distribuaient aux électeurs, partisans et adversaires, et ces bons étaient remboursables en consommations . » En 2009, les « dons d’argent » furent le motif invoqué par le Conseil d’Etat pour invalider la réélection de M. Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes...
* A Bruxelles, les lobbyistes sont « les garants de la démocratie », par François Ruffin
Les peuples ont le suffrage, les industriels ont le lobbying. Des groupes de pression qui instruisent les élus et inspirent la Commission européenne…
* Ainsi naissent les autoroutes, par François Ruffin
Douze mille kilomètres d’autoroutes : voilà le projet que lançait en 1991 la Commission européenne. Pour savoir qui les réclamait, et pourquoi, il suffisait d’allumer sa télévision, quelques semaines plus tôt.
* Extraits choisis
* La grande désillusion des juges italiens, par Francesca Lancini
Il y a dix-huit ans, les magistrats italiens lançaient une offensive sans précédent contre la corruption de la classe politique. Leur victoire fut de courte durée.
* Dans l’Egypte de Nasser surgit une « nouvelle classe »..., par Alain Gresh
Le renouvellement des élites ne suffit pas toujours à mettre fin aux mœurs clientélistes des anciens dirigeants.
* Aux Baléares, la fabrique de la corruption, par Andreu Manresa
Sur fond de spéculation immobilière, l’histoire édifiante d’un petit parti qui savait si bien monnayer ses faveurs...
* En Norvège, proximité, transparence et... naïveté, par Remi Nilsen
Existe-t-il des paradis démocratiques au Nord ? L’exemple norvégien montre tout le bénéfice que l’on peut tirer d’une transparence des relations entre argent et politique, même si celle-ci ne résout pas tout.
* Une élection selon Michael Bloomberg, par Renaud Lambert
En 2001, le magnat de la presse financière Michael Bloomberg dénonce l’« influence nocive » qu’exercent les « groupes de pression privés » sur les hommes politiques. Pour s’en libérer, il enjoint aux New-Yorkais d’élire un maire suffisamment riche... pour ne pas être corruptible. Cela tombe bien : M. Bloomberg est candidat, il est aussi milliardaire. Il promet de « payer [lui]-même pour [sa] propre campagne ». Il a déjà fixé le salaire qu’il s’adjugerait en tant que maire : 1 dollar par an.
* Le salaire de la politique, par Alain Garrigou
Pour éviter que la politique ne soit le monopole des nantis, il a fallu qu’elle devienne une profession et que ceux qui l’embrassent puissent en vivre. Au risque de se couper de leurs mandants. |
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