[article] Violents, les jeunes ? : dossier [texte imprimé] / Fabienne Brion, Directeur de publication ; Joëlle Kwaschin, Directeur de publication ; Luc Van Campenhoudt, Directeur de publication . - 2008 . - pp. 29-74. Communications présentées lors d'un séminaire interuniversitaire (FNRS, 21/05/2007) Langues : Français ( fre) in La Revue Nouvelle > 12 (décembre 2008) . - pp. 29-74
Catégories : |
316.47 Relation sociale . Violence . Torture 343.915 Délinquance juvénile 374.3 Education de la jeunesse
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Résumé : |
Extrait de l'introduction :
La photographie qui illustre la couverture est dans le droit fil de l’esprit qui a présidé à la constitution de ce dossier. Le graffiti peut être soit une incivilité qui dépare l’espace public, soit de l’art urbain. L’intervention ici choisie pour ses qualités graphiques fait partie d’un ensemble impressionnant graffé sur les piles d’un pont d’autoroute d’une commune bruxelloise. À l’opposé d’une idée reçue, nul dégât donc, nulle agression de l’œil, mais l’expression de jeunes artistes qui donne vie à un passage sinistre reliant deux parcs. Le graffiti s’inscrit dans une tradition ancienne : on le trouve déjà sur les murs de l’Antiquité, témoin précieux de la société qui l’a produit.
La violence, en particulier celle attribuée à la jeunesse, comme les tags et les graffitis censés en être le reflet, suscitent beaucoup d’attention des médias et des pouvoirs publics qui voient dans le jeune une figure contemporaine de la menace, un représentant d’une classe dangereuse, dont les comportements délinquants sont d’autant plus incompréhensibles qu’ils sont « gratuits ». Ce dossier a l’ambition de montrer, à travers quelques questions, que la violence est un concept polysémique et que, parfois, elle ne se trouve pas là où on l’attend.
[...] |
Note de contenu : |
* Violents, les jeunes ? / Joëlle Kwaschin
* Violences et cultures juvéniles / Xavier Rousseaux, David Niget
La mise en perspective historique permet de prendre distance par rapport à des évidences, comme celle d’assimiler violence et jeunesse, et de montrer que les conflits sont inscrits dans le fonctionnement normal des rapports sociaux. Au XIVe siècle, certains types de violence font l’objet d’usages ritualisés. L’évolution aboutit au XXe siècle à la régulation étatique, l’État détenant le monopole de la violence légitime. Cette civilisation des mœurs a des effets sur la manière de concevoir la jeunesse, qui devient une période autonome qu’il faut encadrer
* La violence des jeunes et le drame de la reconnaissance / Mauricio Garcia
La violence des jeunes en milieu scolaire est considérée comme absurde, gratuite et donc irritante. On oublie ainsi que le non-sens se produit chez l’observateur et rarement chez l’acteur. On comprend davantage l’expérience de la victime et moins celle de l’agresseur. Pour les jeunes agresseurs, le recours à la violence signifie obtenir la reconnaissance des groupes de pairs. En effet, pour eux, la peur des autres est une manière de s’assurer de leur existence et de leur valeur personnelle dans le regard des autres et, par ce biais, ils obtiennent une reconnaissance qu’ils ne parviennent pas à trouver autrement. Par ailleurs, on observe que le recours à la violence diminue quand on approche des deux dernières années du secondaire. Parmi une multitude de facteurs qui expliquent ce déclin de la violence, un bouleversement de l’importance de l’image personnelle face aux autres apparaît comme décisif dans le discours des jeunes. Autrement dit, la diminution de la violence paraît aller de pair avec la perte de la valeur des identifications spéculaires pour donner place à une autre manière de produire une « identité ». Pour la prévention de la violence, il est central de favoriser ce processus.
* Les justifications de l’acte adolescent / Antoine Masson
Comment les adolescents justifient-ils leurs transgressions ? Quelle est la relation entre ces actes et les principes de l’autorité ? Certains de ces actes semblent sans raison extérieure, purement gratuits. Tenter de penser l’impensable est sans doute la meilleure manière d’éviter la survenance de tels actes.
* L’intériorisation du stigmate de la délinquance comme violence / Jacinthe Mazzocchetti
Alors que les politiques d’aide et de protection de la jeunesse se durcissent, alimentées d’idéologie de contrôle, de responsabilisation des jeunes et d’enjeux sécuritaires, certaines pratiques, dont celle de l’enfermement, produisent des violences potentielles. Ainsi le passage par une institution judiciaire, comme un institut public de protection de la jeunesse (IPPJ) stigmatise, les jeunes qui y séjournent et provoque étiquetage, culpabilisation excessive, dépersonnalisation, révolte..., alors que, en ce qui concerne les jeunes filles pour le moins, elles sont davantage en danger que délinquantes. Face à certaines réponses de l’institution aux actes posés par les jeunes qui accentuent la culpabilité, aux mots qui étiquettent, classent, enferment, à des pratiques à connotation carcérale à l’impact négatif, comment ces jeunes filles, prises dans un paradoxe - être enfermées pour se réinsérer - à la fois s’identifient-elles et se défendent-elles de l’image imposée? ?
* Tirer ou ne pas tirer ? Passage à l’acte à la lumière du "biais du tireur"/ Olivier Klein, Stéphane Doyen
Certaines bavures policières ont été étudiées en psychologie sociale expérimentale sous l’intitulé du « biais du tireur ». Ainsi, si la victime est noire, serait-ce que les policiers sont racistes ? Les travaux montrent que la réalité est plus complexe et que pour comprendre un comportement violent, il importe de prendre en compte les facteurs socioculturels, psychologiques et liés au contexte.
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Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Violents, les jeunes ? : dossier |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Fabienne Brion, Directeur de publication ; Joëlle Kwaschin, Directeur de publication ; Luc Van Campenhoudt, Directeur de publication |
Année de publication : |
2008 |
Article en page(s) : |
pp. 29-74 |
Note générale : |
Communications présentées lors d'un séminaire interuniversitaire (FNRS, 21/05/2007) |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
316.47 Relation sociale . Violence . Torture 343.915 Délinquance juvénile 374.3 Education de la jeunesse
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Résumé : |
Extrait de l'introduction :
La photographie qui illustre la couverture est dans le droit fil de l’esprit qui a présidé à la constitution de ce dossier. Le graffiti peut être soit une incivilité qui dépare l’espace public, soit de l’art urbain. L’intervention ici choisie pour ses qualités graphiques fait partie d’un ensemble impressionnant graffé sur les piles d’un pont d’autoroute d’une commune bruxelloise. À l’opposé d’une idée reçue, nul dégât donc, nulle agression de l’œil, mais l’expression de jeunes artistes qui donne vie à un passage sinistre reliant deux parcs. Le graffiti s’inscrit dans une tradition ancienne : on le trouve déjà sur les murs de l’Antiquité, témoin précieux de la société qui l’a produit.
La violence, en particulier celle attribuée à la jeunesse, comme les tags et les graffitis censés en être le reflet, suscitent beaucoup d’attention des médias et des pouvoirs publics qui voient dans le jeune une figure contemporaine de la menace, un représentant d’une classe dangereuse, dont les comportements délinquants sont d’autant plus incompréhensibles qu’ils sont « gratuits ». Ce dossier a l’ambition de montrer, à travers quelques questions, que la violence est un concept polysémique et que, parfois, elle ne se trouve pas là où on l’attend.
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Note de contenu : |
* Violents, les jeunes ? / Joëlle Kwaschin
* Violences et cultures juvéniles / Xavier Rousseaux, David Niget
La mise en perspective historique permet de prendre distance par rapport à des évidences, comme celle d’assimiler violence et jeunesse, et de montrer que les conflits sont inscrits dans le fonctionnement normal des rapports sociaux. Au XIVe siècle, certains types de violence font l’objet d’usages ritualisés. L’évolution aboutit au XXe siècle à la régulation étatique, l’État détenant le monopole de la violence légitime. Cette civilisation des mœurs a des effets sur la manière de concevoir la jeunesse, qui devient une période autonome qu’il faut encadrer
* La violence des jeunes et le drame de la reconnaissance / Mauricio Garcia
La violence des jeunes en milieu scolaire est considérée comme absurde, gratuite et donc irritante. On oublie ainsi que le non-sens se produit chez l’observateur et rarement chez l’acteur. On comprend davantage l’expérience de la victime et moins celle de l’agresseur. Pour les jeunes agresseurs, le recours à la violence signifie obtenir la reconnaissance des groupes de pairs. En effet, pour eux, la peur des autres est une manière de s’assurer de leur existence et de leur valeur personnelle dans le regard des autres et, par ce biais, ils obtiennent une reconnaissance qu’ils ne parviennent pas à trouver autrement. Par ailleurs, on observe que le recours à la violence diminue quand on approche des deux dernières années du secondaire. Parmi une multitude de facteurs qui expliquent ce déclin de la violence, un bouleversement de l’importance de l’image personnelle face aux autres apparaît comme décisif dans le discours des jeunes. Autrement dit, la diminution de la violence paraît aller de pair avec la perte de la valeur des identifications spéculaires pour donner place à une autre manière de produire une « identité ». Pour la prévention de la violence, il est central de favoriser ce processus.
* Les justifications de l’acte adolescent / Antoine Masson
Comment les adolescents justifient-ils leurs transgressions ? Quelle est la relation entre ces actes et les principes de l’autorité ? Certains de ces actes semblent sans raison extérieure, purement gratuits. Tenter de penser l’impensable est sans doute la meilleure manière d’éviter la survenance de tels actes.
* L’intériorisation du stigmate de la délinquance comme violence / Jacinthe Mazzocchetti
Alors que les politiques d’aide et de protection de la jeunesse se durcissent, alimentées d’idéologie de contrôle, de responsabilisation des jeunes et d’enjeux sécuritaires, certaines pratiques, dont celle de l’enfermement, produisent des violences potentielles. Ainsi le passage par une institution judiciaire, comme un institut public de protection de la jeunesse (IPPJ) stigmatise, les jeunes qui y séjournent et provoque étiquetage, culpabilisation excessive, dépersonnalisation, révolte..., alors que, en ce qui concerne les jeunes filles pour le moins, elles sont davantage en danger que délinquantes. Face à certaines réponses de l’institution aux actes posés par les jeunes qui accentuent la culpabilité, aux mots qui étiquettent, classent, enferment, à des pratiques à connotation carcérale à l’impact négatif, comment ces jeunes filles, prises dans un paradoxe - être enfermées pour se réinsérer - à la fois s’identifient-elles et se défendent-elles de l’image imposée? ?
* Tirer ou ne pas tirer ? Passage à l’acte à la lumière du "biais du tireur"/ Olivier Klein, Stéphane Doyen
Certaines bavures policières ont été étudiées en psychologie sociale expérimentale sous l’intitulé du « biais du tireur ». Ainsi, si la victime est noire, serait-ce que les policiers sont racistes ? Les travaux montrent que la réalité est plus complexe et que pour comprendre un comportement violent, il importe de prendre en compte les facteurs socioculturels, psychologiques et liés au contexte.
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Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
in La Revue Nouvelle > 12 (décembre 2008) . - pp. 29-74
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