[n° ou bulletin] est un bulletin de
144 - 1er trimestre 2012 - L'extrême droite en Europe [texte imprimé] . - 2012 . - 219 p. ; 20 cm. Langues : Français ( fre)
Catégories : |
329.18(4) Extrême droite Europe 329.18(41) Extrême droite UK 329.18(430) Extrême droite Allemagne 329.18(439.1) Extrême droite Hongrie 329.18(44) Extrême droite France 329.18(460) Extrême droite Espagne 329.18(47) Extrême droite Russie 329.18(480) Extrême droite Finlande 329.18(481) Extrême droite Norvège 329.18(485) Extrême droite Suède 329.18(489) Extrême droite Danemark 329.18(492) Extrême droite Pays-Bas 329.18(495) Extrême droite Grèce 329.18(497.11) Extrême droite en Serbie Extrême droite Slovénie
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Résumé : |
Site éditeur :
La montée électorale, dès le début des années 1980, du Front national avait fait de la France une exception en Europe. Depuis, des États comme l’Autriche et la Belgique ont aussi connu la percée de partis politiques d’extrême droite, revendiquant la préférence nationale, dénonçant le cosmopolitisme, le multiculturalisme et, plus directement encore, la présence des étrangers. Les démocraties de l’Europe du Nord, en particulier scandinaves, qui semblaient échapper à cette poussée politique nationaliste, sont à leur tour touchées. Et si les scores de l’extrême droite sont encore faibles en Grande-Bretagne et en Espagne, les conditions de leur essor sont malheureusement bien présentes, surtout si la crise économique s’installe durablement.
Les ressorts communs à la montée de l’extrême droite en Europe que sont l’immigration musulmane, la mondialisation (à laquelle la désindustrialisation et la montée du chômage sont associées) et l’Union européenne ne suffisent cependant pas à effacer les particularités des situations nationales de chaque État. C’est pourquoi Hérodote a choisi de présenter diverses situations européennes pour mieux les compren-dre, sans oublier de s’intéresser à la Russie. |
Note de contenu : |
- Présentation par la rédaction Hérodote
- Extrême droite en Europe : une analyse géopolitique par Béatrice Giblin
- Les temps du vote Front national et de ses représentations par Bernard Alidières
Il s’agit de montrer que, si l’« insécurisation » est un facteur d’explication du vote FN dans les milieux populaires, ce phénomène n’est pas récent et doit être envisagé sur un temps plus long. En 1984, la percée électorale du FN avait déjà été précédée d’une forte hausse de l’insécurité. Or, dans les analyses du vote FN, cette question a été délaissée ou réduite à l’évocation d’un fantasme sans lien avec la hausse des délits. Ce type de représentation a eu une influence durable sur la gauche et contribué au maintien d’un déficit politique face au FN au moins jusqu’en 1997.
Il faut considérer aussi les différents temps de l’offre frontiste. Dans les années 1990, la fidélisation de l’électorat s’opère avec le maintien du vote FN au second tour des élections territoriales, ce qui permet au FN d’exercer son « pouvoir de nuisance » aux dépens de la droite. Puis, la scission Mégret-Le Pen a eu des effets durables : de 1999 à 2009, le vote FN a régressé à tous les types de scrutin (sauf en avril 2002) et son « pouvoir de nuisance » disparaît. De nombreux électeurs du FN ont rejoint les « abstentionnistes intermittents », un électorat que Marine Le Pen, à l’instar de la droite et de la gauche, devra convaincre en 2012.
- L’extrême droite en Hongrie, Racines, culture, espace par Balázs Ablonczy, Bálint Ablonczy
Le score aux élections européennes de 2009 (14,77% des voix) et aux élections législatives de 2010 (16,67% des voix au premier tour) de Jobbik Magyarországért Mozgalom (Mouvement pour une Hongrie meilleure, communément appelé Jobbik) en Hongrie avait attiré l’attention internationale sur l’émergence d’une nouvelle droite radicale dans la région. Au bout d’une crise politique qui a envenimé la situation politique hongroise depuis 2006 et la crise économique mondiale aidant, 855 000 électeurs hongrois (sur environ 5 millions de votants) se sont prononcés en faveur d’une option politique totalement étrangère aux valeurs déclarées de l’Union européenne. Il serait tentant de parler d’un phénomène inédit, spécifiquement hongrois, sans racine et sans commune mesure avec des forces politiques similaires d’autres pays, et d’établir une affiliation directe des « démons du passé ».
Dans cet essai nous tenterons de démontrer que la résurgence de ces idées est le fruit de processus socioéconomiques et culturels complexes ayant trait aux événements récents tout aussi bien qu’à certaines spécificités de l’histoire des idées politiques en Hongrie, et à certaines questions qui n’ont pas été posées depuis la transition démocratique de 1990.
- L’extrême droite allemande : une stratégie de communication moderne par Delphine IOST
(Article en ligne ).
Aujourd’hui encore, la société allemande reste profondément marquée par le traumatisme du génocide des Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale et les organisations politiques ouvertement racistes et xénophobes n’ont pas voix au chapitre dans les médias de masse. Afin de contourner cette mise au ban médiatique, l’extrême droite allemande a développé une stratégie d’utilisation ciblée des outils de communication moderne (musique, Internet) afin de s’adresser à un public jeune. Outre cette occupation d’un espace virtuel, le Parti national-démocrate (NPD) et son organisation de jeunesse (JN) s’investissent massivement dans l’organisation d’une série de manifestations, véritables démonstrations de force dans l’espace public. Cette évolution ne reste toutefois pas sans rencontrer de résistance et les citoyens sont nombreux à se mobiliser contre ces apparitions publiques. Par le biais de contre-manifestations, mais aussi par une réflexion plus profonde sur les moyens à mettre en place au quotidien, nombreux sont ceux qui s’organisent pour protester contre l’extrême droite.
- Les droites extrêmes et populistes dans les pays nordiques par Cyril Coulet
Les élections législatives suédoises en 2010 et finlandaises en 2011 ont consacré la percée politique des formations populistes de droite qui disposent désormais d’une représentation dans l’ensemble des parlements nationaux des pays nordiques. Ces dernières ont fait du rejet de l’altérité leur thématique de campagne principale. Cet article ambitionne de saisir les conditions favorisant l’émergence de ces formations ainsi que leurs spécificités par rapport aux mouvements d’extrême droite. Les déterminants du vote pour ces partis laissent apparaître que la densité des migrants est moins significative que la capacité de médiatisation des conflits de valeurs entre les migrants et leur société d’accueil. L’étude des politiques publiques révèle que l’influence politique des partis populistes de droite est plus importante que prévu.
- Les transformations urbaines et l’émergence des partis populistes de la droite radicale en Europe. Le cas de la ville de La Haye par Wouter Van Gent, Sako Musterd
Cet article reprend trois explications traditionnelles de l’émergence des partis populistes de la droite radicale dans une perspective urbaine, et tente de comprendre les changements spatiaux à l’intérieur même de la ville. Nous avançons l’idée que ces changements sont plus importants que la composition sociale des différents quartiers, et qu’ils résultent de processus sociaux et spatiaux découlant de trois décennies de transformation urbaines dans les villes d’Europe. En examinant la géographie électorale des partis populistes de la droite radicale à La Haye en 2010, nous avons identifié trois types de quartiers différents ceux caractérisés par la diversité ethnique, l’isolement social et la protestation politique. En conclusion nous proposons quelques pistes de recherches.
- « Ceci n’est pas un parti » : le véhicule fantôme de l’anti-islamisme de Geert Wilders par Virginie Mamadouh, Herman van der Wusten
Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders est depuis les législatives de 2010 le troisième des Pays-Bas, qui plus est un partenaire indispensable du gouvernement minoritaire de la coalition des conservateurs du VVD et des chrétiens-démocrates du CDA. Cette contribution retrace le parcours politique de Geert Wilders depuis ses débuts comme assistant du groupe parlementaire de Frits Bolkestein en 1990. Elle retrace le succès de son parti (qui en vérité n’en est pas un puisqu’il n’a pas de membres), dans le contexte du débat sur l’immigration, l’intégration et l’islam, des assassinats politiques de Pim Fortuijn en 2002 et Theo van Gogh en 2004 et de la montée de mouvements populistes anti-islamistes aux Pays-Bas. Elle présente enfin les grands traits de la géographie électorale du PVV.
- Deux visions de l’extrême droite dans l’ex-Yougoslavie : les cas de la Slovénie et de la Serbie par Laurent HASSID
Dans les deux anciennes républiques yougoslaves de Slovénie et de Serbie, indépendantes depuis 20 ans, l’extrême droite se manifeste de manière très différente. En Slovénie, le parti d’extrême droite, le SNS de Zmago Jelincic, n’est qu’un acteur secondaire du nationalisme, laissant le rôle essentiel au leader du parti conservateur (SDS) de Janez Jansa, Premier ministre de 2004 à 2008, comme l’a démontré l’exploitation politique de l’affaire des effacés. En Serbie, au contraire, le Parti radical de Vojislav Seselj a failli gagner des élections nationales à plusieurs reprises et des groupuscules, souvent violents, disséminés dans la société civile, se revendiquent d’extrême droite. L’indépendance du Kosovo en février 2008 a contribué à scinder l’extrême droite serbe avec la création du Parti progressiste dirigé par l’ancien dauphin de Seselj, Tomislav Nikolic, qui se présente désormais en chef d’un parti conservateur face au parti pro-européen du président Boris Tadic. Entre un parti conservateur slovène qui glisse vers un nationalisme excessif et l’extrême droite serbe qui se cherche une respectabilité, les débats autour de la nation restent primordiaux dans ces deux États balkaniques.
- Le nouveau nationalisme en Russie par Anastasia Mitrofanova
Le nationalisme classique, apparu en Russie à la fin du XIXe siècle à l’issue de la désagrégation de l’idéologie panslaviste, était paradoxalement non ethnique. Ses idéologues préféraient évoquer non pas la « race russe » supérieure par essence mais bien la « nation russienne » qui incluait toutes les ethnies de l’empire. En revanche, le nouveau nationalisme, qui naît après la Seconde Guerre mondiale sous l’influence du national-socialisme germanique, est clairement d’inspiration ethnique.
Dans ce nouveau nationalisme il faut distinguer deux tendances majeures : des organisations radicales paramilitaires imitant l’idéologie et la symbolique du néonazisme européen (cf. Parti populaire national), et des organisations modérées nationalistes non militarisées ayant pour but la conquête légale du pouvoir ou la quête d’influence sur le pouvoir en place. Ces nationalistes modérés sont apparus précisément afin de fédérer des couches larges de la population et des classes moyennes au détriment des radicaux et des marginaux, chasse gardée du nationalisme classique. Ils font de la lutte contre l’immigration illégale et musulmane leur cheval de bataille.
Les législatives de 2011 dans l’« archipel de la puissance » : prémices d’un pluralisme politique à la russe ? par Kevin Limonier
- La forte croissance de Plataforma per Catalunya : à l’aube d’un nouveau national-populisme en Espagne ? par Hassen Guedioura
(Article en ligne)
L’Espagne ne figure plus parmi les rares pays européens à être épargnés par la vague nationale-populiste qui touche le continent depuis le début de ce millénaire. La Plataforma per Catalunya (PxC), nouveau parti d’extrême droite violemment xénophobe ou plus spécifiquement « morophobe », enregistre une forte dynamique de croissance dans un contexte marqué par l’arrivée massive de travailleurs immigrés (1,4 million en 2001, ils sont presque 6 millions en 2011 ; environ 12 % de la population – INE) et une crise économique durable faisant de cet État celui où le taux de chômage est le plus élevé d’Europe (20,4 % – Eurostat 2011). Ce surgissement soudain de l’extrême droite n’en reste pas moins paradoxal car on a longtemps cru que ce pays serait immunisé face à un phénomène qui a toujours été marginal depuis l’avènement de la démocratie. Aussi parce qu’il a lieu en Catalogne, région autonome qui se projette comme un espace d’immigration et d’intégration.
La réussite relative de PxC est le fruit d’une stratégie de conquête territoriale s’appuyant sur un ancrage local fort et qui saura tirer parti de ce contexte nouveau. Mais elle est surtout le produit d’une savante et complexe alchimie idéologique conçue par son leader, Josep Anglada i Rius, qui va réussir à adapter le discours des nouvelles formations européennes dites « identitaires » à la singularité géopolitique espagnole et catalane.
- L’ extrême droite au Royaume-Uni : Une réelle imprégnation idéologique dans l’ espace politique et public au cours de la dernière décennie par Kevin Braouezec
(Article en ligne)
La dernière décennie a marqué un changement important dans la vie politique et dans les mentalités britanniques : les partis et courants extrêmes de droite ont effectué une vraie progression électorale et ont occupé une place notable dans l’espace politique britannique. Alors qu’historiquement la culture civique britannique faisait rempart contre la pensée extrémiste, les événements des années 2000 (attentats du 11 septembre 2005, attentats de Londres en 2005, crise financière) et l’émergence de formations politiques plutôt bien organisées comme le British National Party (BNP) et l’United Kingdom Party (UKIP) ont permis cette imprégnation idéologique et électorale de la pensée extrémiste anti-immigration et antieuropéenne au Royaume-Uni. Face à la montée de l’extrême droite en Europe et à la crise économqiue qui touche le continent, la société britannique qui vient de connaître ses plus fortes émeutes depuis trente ans est donc dans un moment important de son histoire.
- Lettre d’Athènes par Xavier Houdoy
Le LAOS, fondé en 2000, figure au sein de l’exécutif qui a vu le jour au lendemain de la chute du gouvernement de Georges Papandréou et doit assurer la transition politique du pays jusqu’aux législatives anticipées d’avril 2012. L’accession au pouvoir de ce parti peu représentatif a permis de dénouer la crise politique qui se dessinait, fruit d’une situation économique et financière de plus en plus difficile à gérer par les deux partis majoritaires. Au-delà, elle se fait le reflet de la profonde désillusion de la société grecque, qui désavoue massivement les deux partis majoritaires – PASOK et Nouvelle Démocratie – et dont une petite partie semble progressivement adhérer aux discours nationalistes et xénophobes tenus par une extrême droite qui monte en puissance. |
En ligne : |
http://www.herodote.org/spip.php?rubrique59 |
Format de la ressource électronique : |
Présentation du numéro et articles en ligne |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=bulletin_ |
[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
144 - 1er trimestre 2012 - L'extrême droite en Europe |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2012 |
Importance : |
219 p. |
Format : |
20 cm |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
329.18(4) Extrême droite Europe 329.18(41) Extrême droite UK 329.18(430) Extrême droite Allemagne 329.18(439.1) Extrême droite Hongrie 329.18(44) Extrême droite France 329.18(460) Extrême droite Espagne 329.18(47) Extrême droite Russie 329.18(480) Extrême droite Finlande 329.18(481) Extrême droite Norvège 329.18(485) Extrême droite Suède 329.18(489) Extrême droite Danemark 329.18(492) Extrême droite Pays-Bas 329.18(495) Extrême droite Grèce 329.18(497.11) Extrême droite en Serbie Extrême droite Slovénie
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Résumé : |
Site éditeur :
La montée électorale, dès le début des années 1980, du Front national avait fait de la France une exception en Europe. Depuis, des États comme l’Autriche et la Belgique ont aussi connu la percée de partis politiques d’extrême droite, revendiquant la préférence nationale, dénonçant le cosmopolitisme, le multiculturalisme et, plus directement encore, la présence des étrangers. Les démocraties de l’Europe du Nord, en particulier scandinaves, qui semblaient échapper à cette poussée politique nationaliste, sont à leur tour touchées. Et si les scores de l’extrême droite sont encore faibles en Grande-Bretagne et en Espagne, les conditions de leur essor sont malheureusement bien présentes, surtout si la crise économique s’installe durablement.
Les ressorts communs à la montée de l’extrême droite en Europe que sont l’immigration musulmane, la mondialisation (à laquelle la désindustrialisation et la montée du chômage sont associées) et l’Union européenne ne suffisent cependant pas à effacer les particularités des situations nationales de chaque État. C’est pourquoi Hérodote a choisi de présenter diverses situations européennes pour mieux les compren-dre, sans oublier de s’intéresser à la Russie. |
Note de contenu : |
- Présentation par la rédaction Hérodote
- Extrême droite en Europe : une analyse géopolitique par Béatrice Giblin
- Les temps du vote Front national et de ses représentations par Bernard Alidières
Il s’agit de montrer que, si l’« insécurisation » est un facteur d’explication du vote FN dans les milieux populaires, ce phénomène n’est pas récent et doit être envisagé sur un temps plus long. En 1984, la percée électorale du FN avait déjà été précédée d’une forte hausse de l’insécurité. Or, dans les analyses du vote FN, cette question a été délaissée ou réduite à l’évocation d’un fantasme sans lien avec la hausse des délits. Ce type de représentation a eu une influence durable sur la gauche et contribué au maintien d’un déficit politique face au FN au moins jusqu’en 1997.
Il faut considérer aussi les différents temps de l’offre frontiste. Dans les années 1990, la fidélisation de l’électorat s’opère avec le maintien du vote FN au second tour des élections territoriales, ce qui permet au FN d’exercer son « pouvoir de nuisance » aux dépens de la droite. Puis, la scission Mégret-Le Pen a eu des effets durables : de 1999 à 2009, le vote FN a régressé à tous les types de scrutin (sauf en avril 2002) et son « pouvoir de nuisance » disparaît. De nombreux électeurs du FN ont rejoint les « abstentionnistes intermittents », un électorat que Marine Le Pen, à l’instar de la droite et de la gauche, devra convaincre en 2012.
- L’extrême droite en Hongrie, Racines, culture, espace par Balázs Ablonczy, Bálint Ablonczy
Le score aux élections européennes de 2009 (14,77% des voix) et aux élections législatives de 2010 (16,67% des voix au premier tour) de Jobbik Magyarországért Mozgalom (Mouvement pour une Hongrie meilleure, communément appelé Jobbik) en Hongrie avait attiré l’attention internationale sur l’émergence d’une nouvelle droite radicale dans la région. Au bout d’une crise politique qui a envenimé la situation politique hongroise depuis 2006 et la crise économique mondiale aidant, 855 000 électeurs hongrois (sur environ 5 millions de votants) se sont prononcés en faveur d’une option politique totalement étrangère aux valeurs déclarées de l’Union européenne. Il serait tentant de parler d’un phénomène inédit, spécifiquement hongrois, sans racine et sans commune mesure avec des forces politiques similaires d’autres pays, et d’établir une affiliation directe des « démons du passé ».
Dans cet essai nous tenterons de démontrer que la résurgence de ces idées est le fruit de processus socioéconomiques et culturels complexes ayant trait aux événements récents tout aussi bien qu’à certaines spécificités de l’histoire des idées politiques en Hongrie, et à certaines questions qui n’ont pas été posées depuis la transition démocratique de 1990.
- L’extrême droite allemande : une stratégie de communication moderne par Delphine IOST
(Article en ligne ).
Aujourd’hui encore, la société allemande reste profondément marquée par le traumatisme du génocide des Juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale et les organisations politiques ouvertement racistes et xénophobes n’ont pas voix au chapitre dans les médias de masse. Afin de contourner cette mise au ban médiatique, l’extrême droite allemande a développé une stratégie d’utilisation ciblée des outils de communication moderne (musique, Internet) afin de s’adresser à un public jeune. Outre cette occupation d’un espace virtuel, le Parti national-démocrate (NPD) et son organisation de jeunesse (JN) s’investissent massivement dans l’organisation d’une série de manifestations, véritables démonstrations de force dans l’espace public. Cette évolution ne reste toutefois pas sans rencontrer de résistance et les citoyens sont nombreux à se mobiliser contre ces apparitions publiques. Par le biais de contre-manifestations, mais aussi par une réflexion plus profonde sur les moyens à mettre en place au quotidien, nombreux sont ceux qui s’organisent pour protester contre l’extrême droite.
- Les droites extrêmes et populistes dans les pays nordiques par Cyril Coulet
Les élections législatives suédoises en 2010 et finlandaises en 2011 ont consacré la percée politique des formations populistes de droite qui disposent désormais d’une représentation dans l’ensemble des parlements nationaux des pays nordiques. Ces dernières ont fait du rejet de l’altérité leur thématique de campagne principale. Cet article ambitionne de saisir les conditions favorisant l’émergence de ces formations ainsi que leurs spécificités par rapport aux mouvements d’extrême droite. Les déterminants du vote pour ces partis laissent apparaître que la densité des migrants est moins significative que la capacité de médiatisation des conflits de valeurs entre les migrants et leur société d’accueil. L’étude des politiques publiques révèle que l’influence politique des partis populistes de droite est plus importante que prévu.
- Les transformations urbaines et l’émergence des partis populistes de la droite radicale en Europe. Le cas de la ville de La Haye par Wouter Van Gent, Sako Musterd
Cet article reprend trois explications traditionnelles de l’émergence des partis populistes de la droite radicale dans une perspective urbaine, et tente de comprendre les changements spatiaux à l’intérieur même de la ville. Nous avançons l’idée que ces changements sont plus importants que la composition sociale des différents quartiers, et qu’ils résultent de processus sociaux et spatiaux découlant de trois décennies de transformation urbaines dans les villes d’Europe. En examinant la géographie électorale des partis populistes de la droite radicale à La Haye en 2010, nous avons identifié trois types de quartiers différents ceux caractérisés par la diversité ethnique, l’isolement social et la protestation politique. En conclusion nous proposons quelques pistes de recherches.
- « Ceci n’est pas un parti » : le véhicule fantôme de l’anti-islamisme de Geert Wilders par Virginie Mamadouh, Herman van der Wusten
Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders est depuis les législatives de 2010 le troisième des Pays-Bas, qui plus est un partenaire indispensable du gouvernement minoritaire de la coalition des conservateurs du VVD et des chrétiens-démocrates du CDA. Cette contribution retrace le parcours politique de Geert Wilders depuis ses débuts comme assistant du groupe parlementaire de Frits Bolkestein en 1990. Elle retrace le succès de son parti (qui en vérité n’en est pas un puisqu’il n’a pas de membres), dans le contexte du débat sur l’immigration, l’intégration et l’islam, des assassinats politiques de Pim Fortuijn en 2002 et Theo van Gogh en 2004 et de la montée de mouvements populistes anti-islamistes aux Pays-Bas. Elle présente enfin les grands traits de la géographie électorale du PVV.
- Deux visions de l’extrême droite dans l’ex-Yougoslavie : les cas de la Slovénie et de la Serbie par Laurent HASSID
Dans les deux anciennes républiques yougoslaves de Slovénie et de Serbie, indépendantes depuis 20 ans, l’extrême droite se manifeste de manière très différente. En Slovénie, le parti d’extrême droite, le SNS de Zmago Jelincic, n’est qu’un acteur secondaire du nationalisme, laissant le rôle essentiel au leader du parti conservateur (SDS) de Janez Jansa, Premier ministre de 2004 à 2008, comme l’a démontré l’exploitation politique de l’affaire des effacés. En Serbie, au contraire, le Parti radical de Vojislav Seselj a failli gagner des élections nationales à plusieurs reprises et des groupuscules, souvent violents, disséminés dans la société civile, se revendiquent d’extrême droite. L’indépendance du Kosovo en février 2008 a contribué à scinder l’extrême droite serbe avec la création du Parti progressiste dirigé par l’ancien dauphin de Seselj, Tomislav Nikolic, qui se présente désormais en chef d’un parti conservateur face au parti pro-européen du président Boris Tadic. Entre un parti conservateur slovène qui glisse vers un nationalisme excessif et l’extrême droite serbe qui se cherche une respectabilité, les débats autour de la nation restent primordiaux dans ces deux États balkaniques.
- Le nouveau nationalisme en Russie par Anastasia Mitrofanova
Le nationalisme classique, apparu en Russie à la fin du XIXe siècle à l’issue de la désagrégation de l’idéologie panslaviste, était paradoxalement non ethnique. Ses idéologues préféraient évoquer non pas la « race russe » supérieure par essence mais bien la « nation russienne » qui incluait toutes les ethnies de l’empire. En revanche, le nouveau nationalisme, qui naît après la Seconde Guerre mondiale sous l’influence du national-socialisme germanique, est clairement d’inspiration ethnique.
Dans ce nouveau nationalisme il faut distinguer deux tendances majeures : des organisations radicales paramilitaires imitant l’idéologie et la symbolique du néonazisme européen (cf. Parti populaire national), et des organisations modérées nationalistes non militarisées ayant pour but la conquête légale du pouvoir ou la quête d’influence sur le pouvoir en place. Ces nationalistes modérés sont apparus précisément afin de fédérer des couches larges de la population et des classes moyennes au détriment des radicaux et des marginaux, chasse gardée du nationalisme classique. Ils font de la lutte contre l’immigration illégale et musulmane leur cheval de bataille.
Les législatives de 2011 dans l’« archipel de la puissance » : prémices d’un pluralisme politique à la russe ? par Kevin Limonier
- La forte croissance de Plataforma per Catalunya : à l’aube d’un nouveau national-populisme en Espagne ? par Hassen Guedioura
(Article en ligne)
L’Espagne ne figure plus parmi les rares pays européens à être épargnés par la vague nationale-populiste qui touche le continent depuis le début de ce millénaire. La Plataforma per Catalunya (PxC), nouveau parti d’extrême droite violemment xénophobe ou plus spécifiquement « morophobe », enregistre une forte dynamique de croissance dans un contexte marqué par l’arrivée massive de travailleurs immigrés (1,4 million en 2001, ils sont presque 6 millions en 2011 ; environ 12 % de la population – INE) et une crise économique durable faisant de cet État celui où le taux de chômage est le plus élevé d’Europe (20,4 % – Eurostat 2011). Ce surgissement soudain de l’extrême droite n’en reste pas moins paradoxal car on a longtemps cru que ce pays serait immunisé face à un phénomène qui a toujours été marginal depuis l’avènement de la démocratie. Aussi parce qu’il a lieu en Catalogne, région autonome qui se projette comme un espace d’immigration et d’intégration.
La réussite relative de PxC est le fruit d’une stratégie de conquête territoriale s’appuyant sur un ancrage local fort et qui saura tirer parti de ce contexte nouveau. Mais elle est surtout le produit d’une savante et complexe alchimie idéologique conçue par son leader, Josep Anglada i Rius, qui va réussir à adapter le discours des nouvelles formations européennes dites « identitaires » à la singularité géopolitique espagnole et catalane.
- L’ extrême droite au Royaume-Uni : Une réelle imprégnation idéologique dans l’ espace politique et public au cours de la dernière décennie par Kevin Braouezec
(Article en ligne)
La dernière décennie a marqué un changement important dans la vie politique et dans les mentalités britanniques : les partis et courants extrêmes de droite ont effectué une vraie progression électorale et ont occupé une place notable dans l’espace politique britannique. Alors qu’historiquement la culture civique britannique faisait rempart contre la pensée extrémiste, les événements des années 2000 (attentats du 11 septembre 2005, attentats de Londres en 2005, crise financière) et l’émergence de formations politiques plutôt bien organisées comme le British National Party (BNP) et l’United Kingdom Party (UKIP) ont permis cette imprégnation idéologique et électorale de la pensée extrémiste anti-immigration et antieuropéenne au Royaume-Uni. Face à la montée de l’extrême droite en Europe et à la crise économqiue qui touche le continent, la société britannique qui vient de connaître ses plus fortes émeutes depuis trente ans est donc dans un moment important de son histoire.
- Lettre d’Athènes par Xavier Houdoy
Le LAOS, fondé en 2000, figure au sein de l’exécutif qui a vu le jour au lendemain de la chute du gouvernement de Georges Papandréou et doit assurer la transition politique du pays jusqu’aux législatives anticipées d’avril 2012. L’accession au pouvoir de ce parti peu représentatif a permis de dénouer la crise politique qui se dessinait, fruit d’une situation économique et financière de plus en plus difficile à gérer par les deux partis majoritaires. Au-delà, elle se fait le reflet de la profonde désillusion de la société grecque, qui désavoue massivement les deux partis majoritaires – PASOK et Nouvelle Démocratie – et dont une petite partie semble progressivement adhérer aux discours nationalistes et xénophobes tenus par une extrême droite qui monte en puissance. |
En ligne : |
http://www.herodote.org/spip.php?rubrique59 |
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