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Guérilla littéraire / Lucie Geffroy in Le Monde Diplomatique, 734 (Mai 2015)
[article] Guérilla littéraire : fiction [texte imprimé] / Lucie Geffroy, Auteur . - 2015 . - p. 27.
Langues : Français (fre)
in Le Monde Diplomatique > 734 (Mai 2015) . - p. 27
Catégories : 323.21 Militantisme Participation Engagement
352(450) Bologne
7.05 Utilisation de l'art
821.131.1 Littérature italienne
94(450) Histoire de l'ItalieRésumé : Introduction
Mettre en échec la logique médiatique, accompagner les luttes altermondialistes, échafauder de nouveaux grands récits pour remplacer les mythes « toxiques » du capitalisme contemporain : la démarche du collectif d’écrivains bolonais Wu Ming connaît un grand retentissement en Italie et au-delà.Permalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di [article]
Titre : Guérilla littéraire : fiction Type de document : texte imprimé Auteurs : Lucie Geffroy, Auteur Année de publication : 2015 Article en page(s) : p. 27 Langues : Français (fre) Catégories : 323.21 Militantisme Participation Engagement
352(450) Bologne
7.05 Utilisation de l'art
821.131.1 Littérature italienne
94(450) Histoire de l'ItalieRésumé : Introduction
Mettre en échec la logique médiatique, accompagner les luttes altermondialistes, échafauder de nouveaux grands récits pour remplacer les mythes « toxiques » du capitalisme contemporain : la démarche du collectif d’écrivains bolonais Wu Ming connaît un grand retentissement en Italie et au-delà.Permalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di
in Le Monde Diplomatique > 734 (Mai 2015) . - p. 27Réservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité 49483 MON Livre Réserve Périodiques Disponible
[n° ou bulletin] 35-36 - Les guerres de Karl Kraus [texte imprimé] . - 2006 . - 1 fichier pdf (314p.).
Langues : Français (fre)
Catégories : 0(082) Critique / extrait document / citations
171:329.18 Antifascisme - Lutte contre l'extrême droite
821.112.2 Littérature allemande
929 Kraus, Karl (1874-1936)
94(100)"1914/18" Histoire Première Guerre mondiale
94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondialeRésumé : « “Karl Kraus est le seul Autrichien de ce siècle à avoir gagné deux guerres mondiales.” (Hans Weigel) Il a moralement gagné la première notamment en publiant, avec Les Derniers Jours de l’humanité, un des réquisitoires les plus impitoyables qui aient jamais été conçus contre elle et contre la guerre en général. Et il n’y a rien d’artificiel ou d’exagéré dans le fait de suggérer qu’il a gagné également de façon anticipée la deuxième, en écrivant, en 1933, avec la Troisième nuit de Walpurgis, un des textes les plus perspicaces et les plus puissants qui aient été produits sur une catastrophe dont il n’a pourtant vécu que les débuts, puisqu’il est mort en 1936, avant d’avoir connu le pire. »
Suivant la parution simultanée, à l’hiver 2005, de la traduction de ces deux ouvrages en français, ce numéro est consacré à certains aspects des nombreuses guerres que Kraus a menées non seulement contre la guerre, mais également contre le mensonge, la corruption, l’inhumanité et la barbarie sous toutes leurs formes.
Ce numéro est issu d’un colloque organisé au Collège de France, le 29 mars 2005, sous la direction de Jacques Bouveresse et Gerald Stieg, et dédié à la mémoire d’un autre intellectuel autrichien, disparu récemment, qui a mené, lui aussi, toute sa vie un combat infatigable pour la cause de la liberté et de la justice : Felix Kreilssler (1917–2004), résistant, déporté à Buchenwald, professeur émérite à l’université de Rouen et créateur de la revue Austriaca. Cahiers universitaires d’information sur l’Autriche.Note de contenu : SOMMAIRE
Karl Kraus et la construction de la réalité virtuelle, Edward Timms
L’attaque austro-hongroise contre la Serbie en août 1914 comportait tout au moins un zeste de logique puisque le complot visant à assassiner l’archiduc François-Ferdinand fut bel et bien ourdi à Belgrade. Mais comment un acte de terrorisme commis par des Saoudiens entraînés en Afghanistan peut-il justifier l’invasion de l’Irak ? Nous sommes là devant une réalité simulée à grande échelle. Ainsi ma contribution se conclut-elle comme elle a commencé, en rappelant la déclaration prophétique de Karl Kraus à l’automne 1915 – déclaration qui n’a rien perdu de sa valeur quatre-vingt-dix ans plus tard : « Comment ce monde est-il gouverné et conduit à la guerre ? — Les diplomates disent des mensonges aux journalistes puis ils les croient quand ils les voient imprimés. »
« La Loi ardente ». Elias Canetti auditeur et lecteur de Karl Kraus, Gerald Stieg
Pour Canetti, « étudiant de l’université Karl Kraus » qui s’interroge sur ce qu’il a vraiment appris – « Qu’a-t-il fait passer en moi au point que je ne saurais plus le séparer de ma personne ? » –, le monstre est resté indissociable de sa personne. Et c’est évidemment l’aspect éthique du satiriste qui fascine le plus Canetti, « le sentiment d’absolue responsabilité. […] Aujourd’hui encore, ce modèle se dresse devant moi avec une telle puissance que toutes les formulations ultérieures de la même exigence ne peuvent me paraître qu’insuffisantes. » Mais Canetti ne décrit pas seulement le fonctionnement de « l’instance absolue » du satiriste, il la reconnaît malgré les anathèmes de 1934.
Lettre à Karl Kraus, Georges Canetti (1934)
Freud « et les conséquences ». Kraus et la psychanalyse, ou les enjeux d’une hostilité, Jean-François Laplénie
Entre Karl Kraus et Sigmund Freud, tout semblait pourtant si bien commencer… Contrairement à une légende tenace, les positions des deux hommes s’avèrent être très proches durant les premières années du XXe siècle. L’estime réciproque qu’ils se portent jusqu’en 1907 se fait jour dans leurs lettres et leurs œuvres. De fait, les similarités sont frappantes : tous deux travaillent alors à une redéfinition du concept de perversion, s’opposent à la pénalisation de certains comportements sexuels (comme l’homosexualité) et s’efforcent d’affranchir le domaine de l’érotisme (Kraus) et de la sexualité (Freud) du statut d’exception où les place la morale bourgeoise. Sous la plume de Kraus, les allusions aux toutes jeunes théories freudiennes ont valeur de preuve de respect. Freud, de son côté, cite le satiriste à plusieurs reprises dans ses écrits de la décennie 1900. Pourtant, le changement de ton est sensible chez Kraus dès 1907, et l’alliance objective des premiers temps se mue très rapidement, de part et d’autre, en une situation d’hostilité déclarée.
Kraus contre Musil : la guerre du silence, Stéphane Gödicke
À première vue, beaucoup de choses auraient dû rapprocher Karl Kraus et Robert Musil : même génération, même classe sociale, mêmes fréquentations à Vienne ; même fibre sociale, même sympathie « de gauche » ; même regard lucide sur leur société ; même attitude critique face au monde qui les entoure, un refus des idées reçues et de l’ordre établi, un rejet des dogmes et de toutes les formes de simplification de la pensée ; enfin, ils font preuve d’une même intransigeance face aux exigences de la littérature, à laquelle ils sacrifient tout le reste. Or malgré tout cela, Kraus et Musil se sont superbement ignorés tout au long de leur carrière, observant l’un envers l’autre un silence glacé. Les traces de Kraus chez Musil sont rares, les traces de Musil chez Kraus sont nulles. Au regard de la proximité géographique, sociale et littéraire, ce silence mérite d’être commenté
« Apprendre à voir des abîmes là où sont des lieux communs » : le satiriste et la pédagogie de la nation, Jacques Bouveresse
En 1921, Kraus avait écrit : « On aiderait l’homme si on pouvait lui ouvrir, sinon l’œil pour l’écriture d’autrui, du moins l’oreille pour sa propre langue, et lui faire vivre à nouveau les significations que, sans le savoir, il porte quotidiennement à la bouche. » Réapprendre aux utilisateurs de la langue allemande à entendre ce qu’ils disent eux-mêmes et à lire réellement ce que d’autres écrivent, en particulier ce qu’écrivent les journaux, a toujours été, pour Kraus, la chose essentielle, dont dépend pour ainsi dire tout le reste. Même en 1933, quand quelque chose de pire encore que tout ce qu’il avait été capable d’imaginer est arrivé, cela ne l’a pas fait changer d’attitude, mais l’a plutôt renforcé dans son idée que les questions de langage étaient tout sauf secondaires et anodines.
En traduisant Karl Kraus, Jean-Louis Besson et Heinz Schwarzinger — Pierre Deshusses
Comme beaucoup de grands auteurs, Kraus a plusieurs langues : théâtre, poésie, essai, polémique. Mais chaque fois il y a une même patte, à laquelle on le reconnaît vraiment. Troisième nuit de Walpurgis est le dernier grand texte de Kraus. Écrit de mai à septembre 1933, donc cinq mois après l’arrivée de Hitler au pouvoir en janvier de la même année, il est vraiment stupéfiant : on peut dire qu’en mai 1933 Kraus a tout vu et tout compris – parce que tout était déjà là dans l’actualité du moment.
Quant aux Derniers Jours de l’humanité, pièce d’un théâtre démesuré qui traite de la Première Guerre mondiale, c’est toute l’énergie et le souffle – qui, évidemment, est un énorme cadeau – que les traducteurs ont avant tout voulu donner aux acteurs et aux lecteurs.
DES DERNIERS JOURS À LA TROISIÈME NUIT
« L’humanité, la balle lui est entrée par une oreille et ressortie par l’autre… », Karl Kraus — extrait des Derniers Jours de l’humanité (1919)
« Un savetier de Bohême est plus proche du sens de la vie qu’un penseur néo-allemand… », Karl Kraus — extrait de Troisième nuit de Walpurgis (1933)
FACKELKRAUS
Fac-similé du n° 1 de la Fackel (1899)
Le Flambeau, début avril 1899, Ire année, n° 1
Fac-similé du n° 888 de la Fackel (1933)
« Le procès Friedjung », fin décembre 1909, XIe année, n° 293
Fac-similé du n° 917–922 de la Fackel (1936)
« L’aventure techno-romantique », mai 1918, XXe année, n° 474–483
Fac-similé de l’appel à la démission du préfet Schober (1927)
« Réponse d’une non-sentimentale à Rosa Luxemburg », novembre 1920, n° 554–556
HISTOIRE RADICALE
« Archives oubliées d’une résistance obscure à la guerre de trente ans du capitalisme mondial au xxe siècle. Introduction aux textes de Monatte, Chardon & Prudhommeaux », par Charles Jacquier
« Pourquoi je démissionne du comité confédéral », par Pierre Monatte
« Les anarchistes & la guerre : deux attitudes », par Pierre Chardon
Trois textes signés du « camarade A. P. », André Prudhommeaux
« L’ordre règne en Allemagne. Le bilan de douze ans de “bolchevisation” du prolétariat allemand (1 — De Max Hölz à Van der Lubbe »)
« La barbarie commence à un. Quand la presse bourgeoise découvre les atrocités hitlériennes »
« Rudolf Rocker & la position anarchiste devant la guerre »En ligne : http://atheles.org/agone/revueagone/agone35et36/index.html Format de la ressource électronique : Présentation et document à télécharger Permalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=bulletin_ [n° ou bulletin]
Titre : 35-36 - Les guerres de Karl Kraus Type de document : texte imprimé Année de publication : 2006 Importance : 1 fichier pdf (314p.) Langues : Français (fre) Catégories : 0(082) Critique / extrait document / citations
171:329.18 Antifascisme - Lutte contre l'extrême droite
821.112.2 Littérature allemande
929 Kraus, Karl (1874-1936)
94(100)"1914/18" Histoire Première Guerre mondiale
94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondialeRésumé : « “Karl Kraus est le seul Autrichien de ce siècle à avoir gagné deux guerres mondiales.” (Hans Weigel) Il a moralement gagné la première notamment en publiant, avec Les Derniers Jours de l’humanité, un des réquisitoires les plus impitoyables qui aient jamais été conçus contre elle et contre la guerre en général. Et il n’y a rien d’artificiel ou d’exagéré dans le fait de suggérer qu’il a gagné également de façon anticipée la deuxième, en écrivant, en 1933, avec la Troisième nuit de Walpurgis, un des textes les plus perspicaces et les plus puissants qui aient été produits sur une catastrophe dont il n’a pourtant vécu que les débuts, puisqu’il est mort en 1936, avant d’avoir connu le pire. »
Suivant la parution simultanée, à l’hiver 2005, de la traduction de ces deux ouvrages en français, ce numéro est consacré à certains aspects des nombreuses guerres que Kraus a menées non seulement contre la guerre, mais également contre le mensonge, la corruption, l’inhumanité et la barbarie sous toutes leurs formes.
Ce numéro est issu d’un colloque organisé au Collège de France, le 29 mars 2005, sous la direction de Jacques Bouveresse et Gerald Stieg, et dédié à la mémoire d’un autre intellectuel autrichien, disparu récemment, qui a mené, lui aussi, toute sa vie un combat infatigable pour la cause de la liberté et de la justice : Felix Kreilssler (1917–2004), résistant, déporté à Buchenwald, professeur émérite à l’université de Rouen et créateur de la revue Austriaca. Cahiers universitaires d’information sur l’Autriche.Note de contenu : SOMMAIRE
Karl Kraus et la construction de la réalité virtuelle, Edward Timms
L’attaque austro-hongroise contre la Serbie en août 1914 comportait tout au moins un zeste de logique puisque le complot visant à assassiner l’archiduc François-Ferdinand fut bel et bien ourdi à Belgrade. Mais comment un acte de terrorisme commis par des Saoudiens entraînés en Afghanistan peut-il justifier l’invasion de l’Irak ? Nous sommes là devant une réalité simulée à grande échelle. Ainsi ma contribution se conclut-elle comme elle a commencé, en rappelant la déclaration prophétique de Karl Kraus à l’automne 1915 – déclaration qui n’a rien perdu de sa valeur quatre-vingt-dix ans plus tard : « Comment ce monde est-il gouverné et conduit à la guerre ? — Les diplomates disent des mensonges aux journalistes puis ils les croient quand ils les voient imprimés. »
« La Loi ardente ». Elias Canetti auditeur et lecteur de Karl Kraus, Gerald Stieg
Pour Canetti, « étudiant de l’université Karl Kraus » qui s’interroge sur ce qu’il a vraiment appris – « Qu’a-t-il fait passer en moi au point que je ne saurais plus le séparer de ma personne ? » –, le monstre est resté indissociable de sa personne. Et c’est évidemment l’aspect éthique du satiriste qui fascine le plus Canetti, « le sentiment d’absolue responsabilité. […] Aujourd’hui encore, ce modèle se dresse devant moi avec une telle puissance que toutes les formulations ultérieures de la même exigence ne peuvent me paraître qu’insuffisantes. » Mais Canetti ne décrit pas seulement le fonctionnement de « l’instance absolue » du satiriste, il la reconnaît malgré les anathèmes de 1934.
Lettre à Karl Kraus, Georges Canetti (1934)
Freud « et les conséquences ». Kraus et la psychanalyse, ou les enjeux d’une hostilité, Jean-François Laplénie
Entre Karl Kraus et Sigmund Freud, tout semblait pourtant si bien commencer… Contrairement à une légende tenace, les positions des deux hommes s’avèrent être très proches durant les premières années du XXe siècle. L’estime réciproque qu’ils se portent jusqu’en 1907 se fait jour dans leurs lettres et leurs œuvres. De fait, les similarités sont frappantes : tous deux travaillent alors à une redéfinition du concept de perversion, s’opposent à la pénalisation de certains comportements sexuels (comme l’homosexualité) et s’efforcent d’affranchir le domaine de l’érotisme (Kraus) et de la sexualité (Freud) du statut d’exception où les place la morale bourgeoise. Sous la plume de Kraus, les allusions aux toutes jeunes théories freudiennes ont valeur de preuve de respect. Freud, de son côté, cite le satiriste à plusieurs reprises dans ses écrits de la décennie 1900. Pourtant, le changement de ton est sensible chez Kraus dès 1907, et l’alliance objective des premiers temps se mue très rapidement, de part et d’autre, en une situation d’hostilité déclarée.
Kraus contre Musil : la guerre du silence, Stéphane Gödicke
À première vue, beaucoup de choses auraient dû rapprocher Karl Kraus et Robert Musil : même génération, même classe sociale, mêmes fréquentations à Vienne ; même fibre sociale, même sympathie « de gauche » ; même regard lucide sur leur société ; même attitude critique face au monde qui les entoure, un refus des idées reçues et de l’ordre établi, un rejet des dogmes et de toutes les formes de simplification de la pensée ; enfin, ils font preuve d’une même intransigeance face aux exigences de la littérature, à laquelle ils sacrifient tout le reste. Or malgré tout cela, Kraus et Musil se sont superbement ignorés tout au long de leur carrière, observant l’un envers l’autre un silence glacé. Les traces de Kraus chez Musil sont rares, les traces de Musil chez Kraus sont nulles. Au regard de la proximité géographique, sociale et littéraire, ce silence mérite d’être commenté
« Apprendre à voir des abîmes là où sont des lieux communs » : le satiriste et la pédagogie de la nation, Jacques Bouveresse
En 1921, Kraus avait écrit : « On aiderait l’homme si on pouvait lui ouvrir, sinon l’œil pour l’écriture d’autrui, du moins l’oreille pour sa propre langue, et lui faire vivre à nouveau les significations que, sans le savoir, il porte quotidiennement à la bouche. » Réapprendre aux utilisateurs de la langue allemande à entendre ce qu’ils disent eux-mêmes et à lire réellement ce que d’autres écrivent, en particulier ce qu’écrivent les journaux, a toujours été, pour Kraus, la chose essentielle, dont dépend pour ainsi dire tout le reste. Même en 1933, quand quelque chose de pire encore que tout ce qu’il avait été capable d’imaginer est arrivé, cela ne l’a pas fait changer d’attitude, mais l’a plutôt renforcé dans son idée que les questions de langage étaient tout sauf secondaires et anodines.
En traduisant Karl Kraus, Jean-Louis Besson et Heinz Schwarzinger — Pierre Deshusses
Comme beaucoup de grands auteurs, Kraus a plusieurs langues : théâtre, poésie, essai, polémique. Mais chaque fois il y a une même patte, à laquelle on le reconnaît vraiment. Troisième nuit de Walpurgis est le dernier grand texte de Kraus. Écrit de mai à septembre 1933, donc cinq mois après l’arrivée de Hitler au pouvoir en janvier de la même année, il est vraiment stupéfiant : on peut dire qu’en mai 1933 Kraus a tout vu et tout compris – parce que tout était déjà là dans l’actualité du moment.
Quant aux Derniers Jours de l’humanité, pièce d’un théâtre démesuré qui traite de la Première Guerre mondiale, c’est toute l’énergie et le souffle – qui, évidemment, est un énorme cadeau – que les traducteurs ont avant tout voulu donner aux acteurs et aux lecteurs.
DES DERNIERS JOURS À LA TROISIÈME NUIT
« L’humanité, la balle lui est entrée par une oreille et ressortie par l’autre… », Karl Kraus — extrait des Derniers Jours de l’humanité (1919)
« Un savetier de Bohême est plus proche du sens de la vie qu’un penseur néo-allemand… », Karl Kraus — extrait de Troisième nuit de Walpurgis (1933)
FACKELKRAUS
Fac-similé du n° 1 de la Fackel (1899)
Le Flambeau, début avril 1899, Ire année, n° 1
Fac-similé du n° 888 de la Fackel (1933)
« Le procès Friedjung », fin décembre 1909, XIe année, n° 293
Fac-similé du n° 917–922 de la Fackel (1936)
« L’aventure techno-romantique », mai 1918, XXe année, n° 474–483
Fac-similé de l’appel à la démission du préfet Schober (1927)
« Réponse d’une non-sentimentale à Rosa Luxemburg », novembre 1920, n° 554–556
HISTOIRE RADICALE
« Archives oubliées d’une résistance obscure à la guerre de trente ans du capitalisme mondial au xxe siècle. Introduction aux textes de Monatte, Chardon & Prudhommeaux », par Charles Jacquier
« Pourquoi je démissionne du comité confédéral », par Pierre Monatte
« Les anarchistes & la guerre : deux attitudes », par Pierre Chardon
Trois textes signés du « camarade A. P. », André Prudhommeaux
« L’ordre règne en Allemagne. Le bilan de douze ans de “bolchevisation” du prolétariat allemand (1 — De Max Hölz à Van der Lubbe »)
« La barbarie commence à un. Quand la presse bourgeoise découvre les atrocités hitlériennes »
« Rudolf Rocker & la position anarchiste devant la guerre »En ligne : http://atheles.org/agone/revueagone/agone35et36/index.html Format de la ressource électronique : Présentation et document à télécharger Permalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=bulletin_ Exemplaires
Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité aucun exemplaire Documents numériques
Revue en pdfURL Günter Grass : "la vie n'est que le fruit du hasard" / Günter Grass in Le Vif / L'Express, 2637 ([12/09/2008])
[article] Günter Grass : "la vie n'est que le fruit du hasard" [texte imprimé] / Günter Grass, Personne interviewée ; Jan Braet, Auteur . - 2008 . - pp. 154-157.
Langues : Français (fre)
in Le Vif / L'Express > 2637 [12/09/2008] . - pp. 154-157
Catégories : 321.6"1933/1945" Nazisme
821.112.2 Littérature allemande
929 Grass, GünterPermalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di [article]
Titre : Günter Grass : "la vie n'est que le fruit du hasard" Type de document : texte imprimé Auteurs : Günter Grass, Personne interviewée ; Jan Braet, Auteur Année de publication : 2008 Article en page(s) : pp. 154-157 Langues : Français (fre) Catégories : 321.6"1933/1945" Nazisme
821.112.2 Littérature allemande
929 Grass, GünterPermalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di
in Le Vif / L'Express > 2637 [12/09/2008] . - pp. 154-157Exemplaires
Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité aucun exemplaire Hamsun, Nobele et nazi / Emmanuel Hecht in Le Vif / L'Express, 09 ([05/03/2010])
[article] Hamsun, Nobele et nazi [texte imprimé] / Emmanuel Hecht, Auteur . - 2010 . - pp. 82-84.
Langues : Français (fre)
in Le Vif / L'Express > 09 [05/03/2010] . - pp. 82-84
Catégories : 321.6"1933/1945" Nazisme
821.113.5 Littérature norvégienne
Hamsun, Knut (1859-1952)Résumé :
La monumentale biographie d'un journaliste norvégien donne les clés de Knut Hamsun, génie littéraire et traître à sa patrie, romantique et réactionnaire, individualiste et admirateur du IIIe Reich.
de notre envoyé spécial
Le village norvégien de Tranøy est blanc et silencieux. La mer caresse les rochers enneigés sous un soleil pâle. La Hamsun Galleriet, galerie de peintures pour touristes, est close : le frimas (- 16 °C) est l'ennemi du chaland. La nuit, pourtant, elle est éclairée, comme toutes les maisons du village. Jadis, tout le monde se retrouvait dans ce bâtiment qui abritait un magasin, une agence postale, le guichet du vapeur, une boulangerie, un stock de charbonà Le maître des lieux, Nicolai Walso, avait fait fortune dans le hareng. C'était l'un des hommes les plus puissants du Nordland, région rude au-delà du cercle polaire. Knut Hamsun (1859-1952), prix Nobel de littérature, fut son commis. Le jeune homme de 15 ans avait de l'admiration pour ce self-made-man autoritaire et bienveillant : l'antithèse de son oncle, à qui ses parents, taraudés par la pauvreté, l'avaient confié. Pour son plus grand malheur. Knud Pedersen - il prendra plus tard un nom de plume inspiré du village voisin, Hamsund - n'avait d'yeux que pour Laura. La fille du patron était son premier amour. Dans Pan (1894), son livre le plus connu après Faim (1890), elle a les traits d'Edvarda, une jeune femme mince aux jambes interminables, un tablier noué en bas du ventre pour allonger un peu plus encore sa taille.
Edvarda Hus, la maison d'hôtes de Tranøy, a perpétué le souvenir de l'héroïne en lui empruntant son nom. La salle de lecture, mi-boudoir, mi-bibliothèque, donne sur le bâtiment où Knut connut ses premiers émois. « Le thème du livre, c'est le Nordland, les Lapons, les mystères, la superstition, le soleil de minuit, un personnage à la Rousseau qui entame une relation avec une jeune fille de cette région », explique le journaliste norvégien Ingar Sletten Kolloen, auteur d'une biographie roborative, traduite en français aux éditions Gaïa. Le personnage principal de Pan, le lieutenant Thomas Glahn, est l'achèvement du personnage hamsunien : instable chronique, vagabond en suspens, étranger à sa propre vie, fantasque, prêt à céder à ses pulsions, préférant les idées à leur accomplissementà Et ne trouvant un bref apaisement que dans la fusion avec la nature, au contact des forêts, des lacs... Ce romantisme paysan, ce lyrisme bucolique, est la marque de fabrique de l'écrivain. A l'instar de cet échange entre le lieutenant Glahn et Eva, la femme du forgeron :
« - Il y a trois choses que j'aime (à). J'aime un rêve d'amour que j'ai eu jadis, je t'aime et j'aime ce bout de terre.
- Et qu'est-ce que tu aimes le plus ? » lui demande-t-elle.
- Le rêve. »
Le rêve fut un fabuleux matériau pour Knut Hamsun. Il le mena aussi à sa perte, en l'abusant sur Hitler, que dans ses songes il imaginait en architecte d'un monde nouveau où la Norvège, débarrassée des tutelles danoise et suédoise, pourrait savourer une souveraineté recouvrée, dans le respect des valeurs de la terre. Lasà
La plaie réveillée
Nobel de littérature (1920) et nazi : depuis la fin de la guerre, la singularité de Knut Hamsun est un casse-tête pour les autorités. Comment honorer à la fois le génie, « père de la littérature moderne », selon Isaac Bashevis Singer, sans ignorer le traître à la patrie, soutien indéfectible de Vidkun Quisling, chef du gouvernement fantoche à la solde du IIIe Reich ? La célébration du cent cinquantième anniversaire de la naissance de l'écrivain, l'été dernier, a réveillé la plaie. Les Norvégiens optèrent pour le service minimal : une exposition à Oslo et un timbre à son effigie, tout en ménageant l'avenir avec l'annonce d'un projet de musée à Hamarøy, bourg voisin de Tranøy, où l'écrivain vécut une partie de son enfance.
« Pronazi, Knut Hamsun ? C'est incontestable. Et, pourtant, cela ne nous a pas empêchés de l'aimer. » Ingar Sletten Kolloen, qui s'est entouré d'une équipe d'universitaires pour bâtir cette biographie monumentale (1 300 pages en version originale, seulement la moitié en français), résume l'ambivalence des Norvégiens sur un auteur ambigu. « A partir des années 1930, le conquérant l'emporte sur le rêveur, tout le problème est là », suggère-t-il, renforcé dans son propos par le dépouillement des archives privées de l'écrivain, découvertes par hasard dans deux grosses boîtes. De fait, l'écrivain ne mégote pas son soutien au Reich, à Goebbels, à Hitler, qu'il rencontre en 1943. Mais l'entretien - un des meilleurs chapitres du livre - tourne mal. A près de 84 ans, Hamsun, plus sourd et têtu que jamais, ne cesse d'interrompre Hitler, au grand dam de l'interprète, et il exige la tête du représentant du Reich en Norvège plus la fin de la répression. Le Führer, bien davantage préoccupé par le front russe, le congédie. Pas rancunier, Knut Hamsun se fendra d'un message à la mort de Hitler, vantant le « guerrier au service de l'humanité » et le « réformateur d'une exceptionnelle nature ».
Ni Brasillach ni Céline
Aussi aveugle en politique qu'il est affûté dans l'examen des âmes, jamais, pourtant, il ne dénoncera ses compatriotes ni ne sombrera dans les délires antisémites. Hamsun n'est ni Brasillach ni Céline. Il sauve des juifs de la déportation et de jeunes résistants du peloton d'exécution. Lors de son procès, il se garde de faire mention de ces gestes, animé par l'orgueil, à moins que ce ne soit par « les mêmes principes suicidaires que les héros de ses romans », selon l'écrivain et intellectuel Manès Sperber.
Pronazi, Hamsun l'est d'abord par la haine des Anglais, nourrie dès l'enfance par les récits familiaux sur le blocus britannique des ports norvégiens pendant les guerres napoléoniennes et la constance de Londres à barrer les tentatives d'indépendance de la Norvège. Une alliance avec l'Allemagne, dont il souhaite la victoire dès la Première Guerre mondiale, sonnera l'heure de la revanche. Anti-anglais, Knut Hamsun est tout autant antidémocrate. Depuis ses séjours en Amérique, il est convaincu que le monde moderne, cocktail explosif de technique, d'individualisme et d'indifférence, mène l'homme à sa perte. L'issue, pour ce réactionnaire patenté, passe par un pouvoir fort et le retour à la vie agraire. Sans doute le Nobel règle-t-il ses comptes avec les élites qui l'ont longtemps snobé. Fils de paysans pauvres, expulsé du foyer familial, élève intermittent - moins de trois cents jours de scolarité dans toute son enfance - abonné aux petits boulots, émigrant famélique en Amérique, Hamsun eut une vie de chien : celle qu'il raconte dans Faim, le livre qui, paradoxalement, le rend célèbre à 31 ans. Dieu sait s' il dut ferrailler pour se faire publier par des éditeurs méprisant cet autodidacte intransigeant qui vitupérait Ibsen, icône de la littérature norvégienne. Ingar Sletten Kolloen raconte avec moult détails les épisodes d'une existence presque centenaire entre disette et prospérité, addiction et abstinence, exaltation et dépression, passions impossibles et débâcles conjugales, toujours sous-tendue par le rêve de mener de front une expérience de fermier et une carrière d'écrivain.
Le jour de l'été 1947 où il fut condamné pour collaboration à une forte amende, équivalent à une faillite, Knut Hamsun mit un point final à son quarante-deuxième livre, Sur les sentiers où l'herbe repousse : « Aujourd'hui, la Cour suprême a rendu sa sentence et moi, j'ai cessé d'écrire. » Aujourd'hui, l'heure est venue de (re)lire cet écrivain à fleur de nerfs, qui eut très tôt le pressentiment que quelque chose ne tournait pas rond. « Dieu avait fourré le doigt dans mon réseau nerveux et, modérément, très superficiellement, il avait mis un peu de désordre dans les fils. »
Knut Hamsun, rêveur et conquérant, d'Ingar Sletten Kolloen, traduit du norvégien par Eric Eydoux, éd. Gaïa, 750 p.
Victoria, de Knut Hamsun, traduit du norvégien par Ingunn Galtier et Alain-Pierre Guilhon, éd. Gaïa, 128 p.
EMMANUEL HECHT. reportage photo : patrick gripe/signatures pour le vif/l'express
Le phare de Tranøy, sur Senja, l'île où vécut Knut Hamsun. glaçant L'écrivain en 1935, déjà fasciné par le national-socialisme. projet Le musée Hamsun sera inauguré en juin prochain à Hamarøy.
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Titre : Hamsun, Nobele et nazi Type de document : texte imprimé Auteurs : Emmanuel Hecht, Auteur Année de publication : 2010 Article en page(s) : pp. 82-84 Langues : Français (fre) Catégories : 321.6"1933/1945" Nazisme
821.113.5 Littérature norvégienne
Hamsun, Knut (1859-1952)Résumé :
La monumentale biographie d'un journaliste norvégien donne les clés de Knut Hamsun, génie littéraire et traître à sa patrie, romantique et réactionnaire, individualiste et admirateur du IIIe Reich.
de notre envoyé spécial
Le village norvégien de Tranøy est blanc et silencieux. La mer caresse les rochers enneigés sous un soleil pâle. La Hamsun Galleriet, galerie de peintures pour touristes, est close : le frimas (- 16 °C) est l'ennemi du chaland. La nuit, pourtant, elle est éclairée, comme toutes les maisons du village. Jadis, tout le monde se retrouvait dans ce bâtiment qui abritait un magasin, une agence postale, le guichet du vapeur, une boulangerie, un stock de charbonà Le maître des lieux, Nicolai Walso, avait fait fortune dans le hareng. C'était l'un des hommes les plus puissants du Nordland, région rude au-delà du cercle polaire. Knut Hamsun (1859-1952), prix Nobel de littérature, fut son commis. Le jeune homme de 15 ans avait de l'admiration pour ce self-made-man autoritaire et bienveillant : l'antithèse de son oncle, à qui ses parents, taraudés par la pauvreté, l'avaient confié. Pour son plus grand malheur. Knud Pedersen - il prendra plus tard un nom de plume inspiré du village voisin, Hamsund - n'avait d'yeux que pour Laura. La fille du patron était son premier amour. Dans Pan (1894), son livre le plus connu après Faim (1890), elle a les traits d'Edvarda, une jeune femme mince aux jambes interminables, un tablier noué en bas du ventre pour allonger un peu plus encore sa taille.
Edvarda Hus, la maison d'hôtes de Tranøy, a perpétué le souvenir de l'héroïne en lui empruntant son nom. La salle de lecture, mi-boudoir, mi-bibliothèque, donne sur le bâtiment où Knut connut ses premiers émois. « Le thème du livre, c'est le Nordland, les Lapons, les mystères, la superstition, le soleil de minuit, un personnage à la Rousseau qui entame une relation avec une jeune fille de cette région », explique le journaliste norvégien Ingar Sletten Kolloen, auteur d'une biographie roborative, traduite en français aux éditions Gaïa. Le personnage principal de Pan, le lieutenant Thomas Glahn, est l'achèvement du personnage hamsunien : instable chronique, vagabond en suspens, étranger à sa propre vie, fantasque, prêt à céder à ses pulsions, préférant les idées à leur accomplissementà Et ne trouvant un bref apaisement que dans la fusion avec la nature, au contact des forêts, des lacs... Ce romantisme paysan, ce lyrisme bucolique, est la marque de fabrique de l'écrivain. A l'instar de cet échange entre le lieutenant Glahn et Eva, la femme du forgeron :
« - Il y a trois choses que j'aime (à). J'aime un rêve d'amour que j'ai eu jadis, je t'aime et j'aime ce bout de terre.
- Et qu'est-ce que tu aimes le plus ? » lui demande-t-elle.
- Le rêve. »
Le rêve fut un fabuleux matériau pour Knut Hamsun. Il le mena aussi à sa perte, en l'abusant sur Hitler, que dans ses songes il imaginait en architecte d'un monde nouveau où la Norvège, débarrassée des tutelles danoise et suédoise, pourrait savourer une souveraineté recouvrée, dans le respect des valeurs de la terre. Lasà
La plaie réveillée
Nobel de littérature (1920) et nazi : depuis la fin de la guerre, la singularité de Knut Hamsun est un casse-tête pour les autorités. Comment honorer à la fois le génie, « père de la littérature moderne », selon Isaac Bashevis Singer, sans ignorer le traître à la patrie, soutien indéfectible de Vidkun Quisling, chef du gouvernement fantoche à la solde du IIIe Reich ? La célébration du cent cinquantième anniversaire de la naissance de l'écrivain, l'été dernier, a réveillé la plaie. Les Norvégiens optèrent pour le service minimal : une exposition à Oslo et un timbre à son effigie, tout en ménageant l'avenir avec l'annonce d'un projet de musée à Hamarøy, bourg voisin de Tranøy, où l'écrivain vécut une partie de son enfance.
« Pronazi, Knut Hamsun ? C'est incontestable. Et, pourtant, cela ne nous a pas empêchés de l'aimer. » Ingar Sletten Kolloen, qui s'est entouré d'une équipe d'universitaires pour bâtir cette biographie monumentale (1 300 pages en version originale, seulement la moitié en français), résume l'ambivalence des Norvégiens sur un auteur ambigu. « A partir des années 1930, le conquérant l'emporte sur le rêveur, tout le problème est là », suggère-t-il, renforcé dans son propos par le dépouillement des archives privées de l'écrivain, découvertes par hasard dans deux grosses boîtes. De fait, l'écrivain ne mégote pas son soutien au Reich, à Goebbels, à Hitler, qu'il rencontre en 1943. Mais l'entretien - un des meilleurs chapitres du livre - tourne mal. A près de 84 ans, Hamsun, plus sourd et têtu que jamais, ne cesse d'interrompre Hitler, au grand dam de l'interprète, et il exige la tête du représentant du Reich en Norvège plus la fin de la répression. Le Führer, bien davantage préoccupé par le front russe, le congédie. Pas rancunier, Knut Hamsun se fendra d'un message à la mort de Hitler, vantant le « guerrier au service de l'humanité » et le « réformateur d'une exceptionnelle nature ».
Ni Brasillach ni Céline
Aussi aveugle en politique qu'il est affûté dans l'examen des âmes, jamais, pourtant, il ne dénoncera ses compatriotes ni ne sombrera dans les délires antisémites. Hamsun n'est ni Brasillach ni Céline. Il sauve des juifs de la déportation et de jeunes résistants du peloton d'exécution. Lors de son procès, il se garde de faire mention de ces gestes, animé par l'orgueil, à moins que ce ne soit par « les mêmes principes suicidaires que les héros de ses romans », selon l'écrivain et intellectuel Manès Sperber.
Pronazi, Hamsun l'est d'abord par la haine des Anglais, nourrie dès l'enfance par les récits familiaux sur le blocus britannique des ports norvégiens pendant les guerres napoléoniennes et la constance de Londres à barrer les tentatives d'indépendance de la Norvège. Une alliance avec l'Allemagne, dont il souhaite la victoire dès la Première Guerre mondiale, sonnera l'heure de la revanche. Anti-anglais, Knut Hamsun est tout autant antidémocrate. Depuis ses séjours en Amérique, il est convaincu que le monde moderne, cocktail explosif de technique, d'individualisme et d'indifférence, mène l'homme à sa perte. L'issue, pour ce réactionnaire patenté, passe par un pouvoir fort et le retour à la vie agraire. Sans doute le Nobel règle-t-il ses comptes avec les élites qui l'ont longtemps snobé. Fils de paysans pauvres, expulsé du foyer familial, élève intermittent - moins de trois cents jours de scolarité dans toute son enfance - abonné aux petits boulots, émigrant famélique en Amérique, Hamsun eut une vie de chien : celle qu'il raconte dans Faim, le livre qui, paradoxalement, le rend célèbre à 31 ans. Dieu sait s' il dut ferrailler pour se faire publier par des éditeurs méprisant cet autodidacte intransigeant qui vitupérait Ibsen, icône de la littérature norvégienne. Ingar Sletten Kolloen raconte avec moult détails les épisodes d'une existence presque centenaire entre disette et prospérité, addiction et abstinence, exaltation et dépression, passions impossibles et débâcles conjugales, toujours sous-tendue par le rêve de mener de front une expérience de fermier et une carrière d'écrivain.
Le jour de l'été 1947 où il fut condamné pour collaboration à une forte amende, équivalent à une faillite, Knut Hamsun mit un point final à son quarante-deuxième livre, Sur les sentiers où l'herbe repousse : « Aujourd'hui, la Cour suprême a rendu sa sentence et moi, j'ai cessé d'écrire. » Aujourd'hui, l'heure est venue de (re)lire cet écrivain à fleur de nerfs, qui eut très tôt le pressentiment que quelque chose ne tournait pas rond. « Dieu avait fourré le doigt dans mon réseau nerveux et, modérément, très superficiellement, il avait mis un peu de désordre dans les fils. »
Knut Hamsun, rêveur et conquérant, d'Ingar Sletten Kolloen, traduit du norvégien par Eric Eydoux, éd. Gaïa, 750 p.
Victoria, de Knut Hamsun, traduit du norvégien par Ingunn Galtier et Alain-Pierre Guilhon, éd. Gaïa, 128 p.
EMMANUEL HECHT. reportage photo : patrick gripe/signatures pour le vif/l'express
Le phare de Tranøy, sur Senja, l'île où vécut Knut Hamsun. glaçant L'écrivain en 1935, déjà fasciné par le national-socialisme. projet Le musée Hamsun sera inauguré en juin prochain à Hamarøy.
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in Le Vif / L'Express > 09 [05/03/2010] . - pp. 82-84Exemplaires
Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité aucun exemplaire Héritiers d'un désastre sans mots / ANNY DAYAN-ROSENMAN in Revue d'histoire de la Shoah, 176 (septembre-décembre 2002)
[article] Héritiers d'un désastre sans mots : enfants de déportés [texte imprimé] / ANNY DAYAN-ROSENMAN . - 2002 . - pp. 147 - 166.
Langues : Français (fre)
in Revue d'histoire de la Shoah > 176 (septembre-décembre 2002) . - pp. 147 - 166
Catégories : -053.2 Enfants / Jeunes
0(082) Critique / extrait document / citations
173 Morale familiale Vie de famille
82 Littérature en général
821.133.1 Littérature française
Judéocide / ShoahPermalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di [article]
Titre : Héritiers d'un désastre sans mots : enfants de déportés Type de document : texte imprimé Auteurs : ANNY DAYAN-ROSENMAN Année de publication : 2002 Article en page(s) : pp. 147 - 166 Langues : Français (fre) Catégories : -053.2 Enfants / Jeunes
0(082) Critique / extrait document / citations
173 Morale familiale Vie de famille
82 Littérature en général
821.133.1 Littérature française
Judéocide / ShoahPermalink : https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di
in Revue d'histoire de la Shoah > 176 (septembre-décembre 2002) . - pp. 147 - 166Réservation
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Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité 30242/1 P/3819 Périodique Libre-accès Périodiques Disponible Hier à Berlin / Hans Georg Noack
PermalinkL'histoire des 3 Adolf / Osamu Tezuka
PermalinkL'histoire des 3 Adolf / Osamu Tezuka
PermalinkL'histoire des 3 Adolf / Osamu Tezuka
PermalinkL'Histoire de Günter / DANIEL RONDEAU in Le Vif / L'Express, 1749 ([10/12/1999])
PermalinkHistoire de la littérature prolétarienne de langue française / Michel Ragon
PermalinkHistoire du roman américain: des insurgents aux Hippies / Marc Saporta
PermalinkL'Holocauste lorsqu'on est enfant / Aharon Appelfeld in Nouvel Observateur, 2097 (13-19 janvier 2005)
PermalinkL'honneur d'un homme / Allan Massie
PermalinkIl fait froid dans l'histoire (ou : Robert Poulet, aujourd'hui) / JOEL ROUCLOUX in Le Journal de Culture et Démocratie, 13 (printemps 2005)
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