[article] Onverbiddelijk, maar ook clement. Het Belgische immigratiebeleid en de joodse vlucht uit Nazi-Duitsland, maart 1938-augustus 1939 = Inflexible, mais clémente. La politique d'immigration belge et les Juifs fuyant l'Allemagne nazie entre l'Anschluss et le déclenchement de la guerre [texte imprimé] / Frank Caestecker . - 2004 . - pp. 99-139. Langues : Néerlandais ( dut) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 13/14 (décembre 2004) . - pp. 99-139
Catégories : |
(493) Belgique 314.7 Immigration / Emigration / Diasporas / Exil 94"1918-1939" Histoire entre-deux-guerres 94(33) Histoire du Peuple juif 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle Judéocide / Shoah
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Résumé : |
Après l'Anschluss et la Nuit de Cristal, les réfugiés juifs issus de l'Allemagne nazie tentèrent massivement d'échapper à une persécution prenant alors soudain de l'ampleur. Une immigration légale vers la Belgique était pour la plupart exclue, vu qu'on ne leur accordait généralement pas de visa. Ils étaient implacablement refoulés à la frontière. Le renforcement du contrôle à la frontière – un endroit à l'abri du regard du citoyen – était, à l'époque, l'option politique plaidée par tous les décideurs publics. Abstraction faite d'un incident à portée limitée en janvier 1939 relatif à l'expulsion d'enfants réfugiés non accompagnés, la politique de la frontière échappa au cours de cette période au débat public. Le contrôle opéré par la Belgique à la frontière avec, à partir d'octobre 1938, l'appui contradictoire des autorités allemandes, a incontestablement retenu ou effrayé de nombreux candidats réfugiés, mais cette politique de la frontière n'a pas réussi à imposer un stop migratoire. En 1938 et 1939, un millier de réfugiés parvinrent chaque mois à pénétrer sur le territoire belge malgré les gardes-frontières.
Dès 1933, la Belgique avait choisi de traiter cette immigration non désirée de manière non policière, mais politique. Ces réfugiés juifs et politiques étaient tolérés et non pas expulsés comme d'autres immigrants illégaux. Le néophyte politique Joseph Pholien, ministre de la Justice dans le gouvernement tripartite de Paul-Henri Spaak, voulut, sous la pression du succès électoral de Rex en mai 1936, rompre avec cette clémence pour les réfugiés juifs. La politique d'expulsion aveugle de ce catholique conservateur politiquement inexpérimenté et sans nuance se heurta directement au 'patron' socialiste Emile Vandervelde qui par le biais de ce dossier symbolique, s'engagea dans une nouvelle confrontation avec son camarade de parti, le Premier ministre Paul-Henri Spaak. La façon maladroite dont Pholien s'immisça dans ce débat politique fit qu'un grand nombre de personnes, qui tout simplement ne rejetaient pas les réfugiés juifs, se sentirent forcés de faire entendre leur voix. L'option politique consistant à expulser les réfugiés juifs fut suite à cela très rapidement abandonnée.
De ce fait, l'expulsion de réfugiés juifs non désirés resta au cours de l'année 1939, période au cours de laquelle les autres pays voisins de l'Allemagne nazie changèrent leur fusil d'épaule et transformèrent les réfugiés juifs en immigrants illégaux, un sujet largement tabou. Joseph Pholien a ainsi, à son corps défendant, contribué grandement à ce que la Belgique soit en 1939 le seul voisin de l'Allemagne nazie à continuer à tolérer les réfugiés juifs migrant illégalement. |
Permalink : |
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[article]
Titre : |
Onverbiddelijk, maar ook clement. Het Belgische immigratiebeleid en de joodse vlucht uit Nazi-Duitsland, maart 1938-augustus 1939 |
Titre original : |
Inflexible, mais clémente. La politique d'immigration belge et les Juifs fuyant l'Allemagne nazie entre l'Anschluss et le déclenchement de la guerre |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Frank Caestecker |
Année de publication : |
2004 |
Article en page(s) : |
pp. 99-139 |
Langues : |
Néerlandais (dut) |
Catégories : |
(493) Belgique 314.7 Immigration / Emigration / Diasporas / Exil 94"1918-1939" Histoire entre-deux-guerres 94(33) Histoire du Peuple juif 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle Judéocide / Shoah
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Résumé : |
Après l'Anschluss et la Nuit de Cristal, les réfugiés juifs issus de l'Allemagne nazie tentèrent massivement d'échapper à une persécution prenant alors soudain de l'ampleur. Une immigration légale vers la Belgique était pour la plupart exclue, vu qu'on ne leur accordait généralement pas de visa. Ils étaient implacablement refoulés à la frontière. Le renforcement du contrôle à la frontière – un endroit à l'abri du regard du citoyen – était, à l'époque, l'option politique plaidée par tous les décideurs publics. Abstraction faite d'un incident à portée limitée en janvier 1939 relatif à l'expulsion d'enfants réfugiés non accompagnés, la politique de la frontière échappa au cours de cette période au débat public. Le contrôle opéré par la Belgique à la frontière avec, à partir d'octobre 1938, l'appui contradictoire des autorités allemandes, a incontestablement retenu ou effrayé de nombreux candidats réfugiés, mais cette politique de la frontière n'a pas réussi à imposer un stop migratoire. En 1938 et 1939, un millier de réfugiés parvinrent chaque mois à pénétrer sur le territoire belge malgré les gardes-frontières.
Dès 1933, la Belgique avait choisi de traiter cette immigration non désirée de manière non policière, mais politique. Ces réfugiés juifs et politiques étaient tolérés et non pas expulsés comme d'autres immigrants illégaux. Le néophyte politique Joseph Pholien, ministre de la Justice dans le gouvernement tripartite de Paul-Henri Spaak, voulut, sous la pression du succès électoral de Rex en mai 1936, rompre avec cette clémence pour les réfugiés juifs. La politique d'expulsion aveugle de ce catholique conservateur politiquement inexpérimenté et sans nuance se heurta directement au 'patron' socialiste Emile Vandervelde qui par le biais de ce dossier symbolique, s'engagea dans une nouvelle confrontation avec son camarade de parti, le Premier ministre Paul-Henri Spaak. La façon maladroite dont Pholien s'immisça dans ce débat politique fit qu'un grand nombre de personnes, qui tout simplement ne rejetaient pas les réfugiés juifs, se sentirent forcés de faire entendre leur voix. L'option politique consistant à expulser les réfugiés juifs fut suite à cela très rapidement abandonnée.
De ce fait, l'expulsion de réfugiés juifs non désirés resta au cours de l'année 1939, période au cours de laquelle les autres pays voisins de l'Allemagne nazie changèrent leur fusil d'épaule et transformèrent les réfugiés juifs en immigrants illégaux, un sujet largement tabou. Joseph Pholien a ainsi, à son corps défendant, contribué grandement à ce que la Belgique soit en 1939 le seul voisin de l'Allemagne nazie à continuer à tolérer les réfugiés juifs migrant illégalement. |
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