[article] Gewone vlamingen ? : de jodenjagers van de Vlaamse SS in Antwerpen, 1942 (deel 2) [texte imprimé] / Lieven Saerens, Auteur . - 2005 . - pp. 11-55. Langues : Néerlandais ( dut) in Cahiers d'Histoire du Temps Présent (CHTP) > 16 (novembre 2005) . - pp. 11-55
Catégories : |
31 Statistique Démographie 314 Démographie Etude de la population Sondage 329.18(430)"1933-1945" SS (Schutzstaffel) 352(493) Anvers 353(493=393) Flandre 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Collaboration Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Vie quotidienne Occupation Seconde Guerre mondiale 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle Judéocide / Shoah
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Résumé : |
Des Flamands ordinaires ? Les chasseurs de Juifs de la Vlaamse SS Ã Anvers, 1942 (Seconde partie)
- Article en néerlandais - Résumé en français et en anglais
Résumé :
Lorsqu'à l'été 1942, les Juifs ne furent plus disposés à se livrer volontairement, la Sipo-SD commença à opérer des rafles. Cette police ne fonctionnait pas dans un vide sociétal. Vu qu'elle manquait en permanence d'effectifs, elle fit appel à d'autres instances allemandes, mais aussi à des structures belges. Du côté allemand, elle reçut dès le départ l'aide de la Feldgendarmerie, qui dépendait de la Militärverwaltung. Du côté belge, elle tenta de faire intervenir la police locale. À Anvers, cela réussit, avec pour résultat l'engagement en bloc de la police d'Anvers lors de trois rafles en août 1942. Au cours de celle du 11 septembre 1942, il y eut aussi dans des domaines spécifiques, collaboration étroite avec la police anversoise. Plus tard, des agents de police anversois furent encore régulièrement 'réquisitionnés' de manière individuelle pour prendre part à l'arrestation de Juifs.
À partir des environs du 20 septembre 1942, la Sipo-SD d'Anvers eut recours aux SS du bataillon d'Anvers. Dans la collaboration des SS anversois, on peut grosso modo distinguer quatre phases. Dans une première, le bataillon fut engagé en bloc avec des membres de la Sipo-SD et la Feldgendarmerie. Suivit alors une phase plutôt 'chaotique', durant laquelle des SS flamands semblèrent plutôt agir de leur propre initiative. Dans une troisième phase, la Sipo-SD en appela à une vingtaine de volontaires de la SS flamande. Au cours de la dernière, quatre hommes de confiance de la SS furent sollicités, de concert avec Felix Lauterborn et la Sipo-SD (Dienststelle Erich Holm, le département juif). Les chasseurs de Juifs anversois accomplirent leur tâche librement et gratuitement. Pourtant, ils étaient tout sauf des idéalistes. En compensation, ils faisaient littéralement main basse sur tout ce qu'ils trouvaient.
Notre contribution, qui s'inscrit dans le cadre de l'étude de la persécution des Juifs en Belgique, porte résolument l'attention sur les criminels. Via une description d'une quarantaine de SS anversois chasseurs de Juifs, nous tentons d'accéder au niveau le plus concret et le plus élémentaire. Cela fournit le profil suivant. L'âge moyen des chasseurs de Juifs est de 27 ans. Une majorité d'entre eux font déjà partie avant-guerre des milieux nationalistes flamands liés à l'Ordre nouveau et anti-juifs. Il est aussi indicatif que 30 à 40 % des SS anversois chasseurs de Juifs adhèrent à l'Algemeene SS-Vlaanderen au cours de la période octobre-décembre 1940, soit presque immédiatement après sa création. Pour ce qui a trait aux réseaux politiques d'avant-guerre, un lien évident existe avec le Verdinaso. Pas moins de 32 à 35 % des chasseurs de Juifs proviennent de ce mouvement, ou du moins manifestent une sympathie à son égard.
Il est plus difficile de dégager les réseaux socio-culturels d'avant-guerre. Il est sûr en tout cas qu'un certain nombre de chasseurs de Juifs se connaissent déjà avant la guerre. Des cercles comme l'Académie des beaux-arts d'Anvers mériteraient à ce propos une recherche plus approfondie. Il est en effet remarquable de constater qu'un assez grand nombre de chasseurs de Juifs témoignent de certaines aptitudes et d'un certain intérêt artistiques. Pour ce qui est du niveau d'études, la plupart ne paraissent avoir suivi que l'enseignement primaire. Du point de vue professionnel, on est frappé par l'assez grand nombre d'employés modestes. Les ouvriers d'usine et de la construction n'apparaissent pas parmi les chasseurs de Juifs anversois.
Étant donné qu'une majorité d'entre eux ont déjà milité avant-guerre dans des organisations nazifiées d'Ordre nouveau et ouvertement anti-juives, il va de soi que les chasseurs de Juifs ne sont pas des enfants de chœur. Ils n'en sont pas pour autant des canailles. L'immense majorité a un casier judiciaire vierge. Encore plus remarquable est le fait que la majorité (60 %) se déclare "catholique romain" et qu'au moins 20 autres % sont manifestement d'origine catholique. Bien qu'un certain nombre de chasseurs de Juifs aient souffert de la crise des années 1930, il ne paraît pas s'agir de personnes nées 'perdantes'. Bref, ils ne proviennent pas de groupes sociaux marginalisés, mais paraissent, sous de nombreux aspects, juste de très ordinaires 'petites gens', aux racines (petites) bourgeoises. Cela n'empêche pas que plusieurs semblent être d'éternels mécontents, toujours dépités et extrêmement égocentriques, ce qui en fait des êtres difficiles à tenir en mains. La guerre enclenche très rapidement chez eux un processus de brutalisation. Au cours des rafles de Juifs, ils sombrent dans une violence brutale, qui n'épargne ni les enfants, ni les femmes, ni les malades, ni les personnes âgées. En outre, les circonstances de guerre augmentent indéniablement l'égo d'un certain nombre d'entre eux.
La justice d'après-guerre fut relativement clémente avec les chasseurs de Juifs. La plupart d'entre eux furent libérés au plus tard en 1951. De ceux qui avaient été condamnés à mort, aucun ne fut exécuté. Après un certain temps, pas moins d'une dizaine parmi la trentaine de chasseurs de Juifs non condamnés par contumace, soit 33 % d'entre eux, furent réhabilités. De manière générale, on peut d'ailleurs dire que les enquêtes menées après-guerre sur la persécution des Juifs en Belgique ne l'ont pas été à fond. Bien que cette recherche révèle un lien évident entre national-socialisme et persécution des Juifs, ce lien disparut très rapidement de la mémoire collective après le conflit. |
Permalink : |
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[article]
Titre : |
Gewone vlamingen ? : de jodenjagers van de Vlaamse SS in Antwerpen, 1942 (deel 2) |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Lieven Saerens, Auteur |
Année de publication : |
2005 |
Article en page(s) : |
pp. 11-55 |
Langues : |
Néerlandais (dut) |
Catégories : |
31 Statistique Démographie 314 Démographie Etude de la population Sondage 329.18(430)"1933-1945" SS (Schutzstaffel) 352(493) Anvers 353(493=393) Flandre 94(100)"1939/45" Histoire Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Collaboration Seconde Guerre mondiale 94(100)"1939/45" Vie quotidienne Occupation Seconde Guerre mondiale 94(493)"19" Histoire de la Belgique au XXe siècle Judéocide / Shoah
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Résumé : |
Des Flamands ordinaires ? Les chasseurs de Juifs de la Vlaamse SS Ã Anvers, 1942 (Seconde partie)
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Résumé :
Lorsqu'à l'été 1942, les Juifs ne furent plus disposés à se livrer volontairement, la Sipo-SD commença à opérer des rafles. Cette police ne fonctionnait pas dans un vide sociétal. Vu qu'elle manquait en permanence d'effectifs, elle fit appel à d'autres instances allemandes, mais aussi à des structures belges. Du côté allemand, elle reçut dès le départ l'aide de la Feldgendarmerie, qui dépendait de la Militärverwaltung. Du côté belge, elle tenta de faire intervenir la police locale. À Anvers, cela réussit, avec pour résultat l'engagement en bloc de la police d'Anvers lors de trois rafles en août 1942. Au cours de celle du 11 septembre 1942, il y eut aussi dans des domaines spécifiques, collaboration étroite avec la police anversoise. Plus tard, des agents de police anversois furent encore régulièrement 'réquisitionnés' de manière individuelle pour prendre part à l'arrestation de Juifs.
À partir des environs du 20 septembre 1942, la Sipo-SD d'Anvers eut recours aux SS du bataillon d'Anvers. Dans la collaboration des SS anversois, on peut grosso modo distinguer quatre phases. Dans une première, le bataillon fut engagé en bloc avec des membres de la Sipo-SD et la Feldgendarmerie. Suivit alors une phase plutôt 'chaotique', durant laquelle des SS flamands semblèrent plutôt agir de leur propre initiative. Dans une troisième phase, la Sipo-SD en appela à une vingtaine de volontaires de la SS flamande. Au cours de la dernière, quatre hommes de confiance de la SS furent sollicités, de concert avec Felix Lauterborn et la Sipo-SD (Dienststelle Erich Holm, le département juif). Les chasseurs de Juifs anversois accomplirent leur tâche librement et gratuitement. Pourtant, ils étaient tout sauf des idéalistes. En compensation, ils faisaient littéralement main basse sur tout ce qu'ils trouvaient.
Notre contribution, qui s'inscrit dans le cadre de l'étude de la persécution des Juifs en Belgique, porte résolument l'attention sur les criminels. Via une description d'une quarantaine de SS anversois chasseurs de Juifs, nous tentons d'accéder au niveau le plus concret et le plus élémentaire. Cela fournit le profil suivant. L'âge moyen des chasseurs de Juifs est de 27 ans. Une majorité d'entre eux font déjà partie avant-guerre des milieux nationalistes flamands liés à l'Ordre nouveau et anti-juifs. Il est aussi indicatif que 30 à 40 % des SS anversois chasseurs de Juifs adhèrent à l'Algemeene SS-Vlaanderen au cours de la période octobre-décembre 1940, soit presque immédiatement après sa création. Pour ce qui a trait aux réseaux politiques d'avant-guerre, un lien évident existe avec le Verdinaso. Pas moins de 32 à 35 % des chasseurs de Juifs proviennent de ce mouvement, ou du moins manifestent une sympathie à son égard.
Il est plus difficile de dégager les réseaux socio-culturels d'avant-guerre. Il est sûr en tout cas qu'un certain nombre de chasseurs de Juifs se connaissent déjà avant la guerre. Des cercles comme l'Académie des beaux-arts d'Anvers mériteraient à ce propos une recherche plus approfondie. Il est en effet remarquable de constater qu'un assez grand nombre de chasseurs de Juifs témoignent de certaines aptitudes et d'un certain intérêt artistiques. Pour ce qui est du niveau d'études, la plupart ne paraissent avoir suivi que l'enseignement primaire. Du point de vue professionnel, on est frappé par l'assez grand nombre d'employés modestes. Les ouvriers d'usine et de la construction n'apparaissent pas parmi les chasseurs de Juifs anversois.
Étant donné qu'une majorité d'entre eux ont déjà milité avant-guerre dans des organisations nazifiées d'Ordre nouveau et ouvertement anti-juives, il va de soi que les chasseurs de Juifs ne sont pas des enfants de chœur. Ils n'en sont pas pour autant des canailles. L'immense majorité a un casier judiciaire vierge. Encore plus remarquable est le fait que la majorité (60 %) se déclare "catholique romain" et qu'au moins 20 autres % sont manifestement d'origine catholique. Bien qu'un certain nombre de chasseurs de Juifs aient souffert de la crise des années 1930, il ne paraît pas s'agir de personnes nées 'perdantes'. Bref, ils ne proviennent pas de groupes sociaux marginalisés, mais paraissent, sous de nombreux aspects, juste de très ordinaires 'petites gens', aux racines (petites) bourgeoises. Cela n'empêche pas que plusieurs semblent être d'éternels mécontents, toujours dépités et extrêmement égocentriques, ce qui en fait des êtres difficiles à tenir en mains. La guerre enclenche très rapidement chez eux un processus de brutalisation. Au cours des rafles de Juifs, ils sombrent dans une violence brutale, qui n'épargne ni les enfants, ni les femmes, ni les malades, ni les personnes âgées. En outre, les circonstances de guerre augmentent indéniablement l'égo d'un certain nombre d'entre eux.
La justice d'après-guerre fut relativement clémente avec les chasseurs de Juifs. La plupart d'entre eux furent libérés au plus tard en 1951. De ceux qui avaient été condamnés à mort, aucun ne fut exécuté. Après un certain temps, pas moins d'une dizaine parmi la trentaine de chasseurs de Juifs non condamnés par contumace, soit 33 % d'entre eux, furent réhabilités. De manière générale, on peut d'ailleurs dire que les enquêtes menées après-guerre sur la persécution des Juifs en Belgique ne l'ont pas été à fond. Bien que cette recherche révèle un lien évident entre national-socialisme et persécution des Juifs, ce lien disparut très rapidement de la mémoire collective après le conflit. |
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