[article] Des stratégies de résistance [texte imprimé] / Bernard Cassen, Directeur de publication . - 2008 . - pp. 81-97. Langues : Français ( fre) in Manière de voir > 97 (Février-Mars 2008) . - pp. 81-97
Catégories : |
070.4(493) Politique 316.35 Groupes / Identités / Communautés 81 Linguistique Langue
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Résumé : |
Langue et politique sont intimement liées. C’est ce que n’ont toujours pas compris certains linguistes qui croient à une sorte de « marché » naturel des langues. Ils consignent la montée de telle d’entre elles et la disparition de telle autre à la manière dont les opérateurs suivent les hauts et les bas des cours de la Bourse. La notion de politique linguistique les choque, car elle interfère avec la « main invisible » régulant ce « marché » qui constitue leur corpus de recherche. Ils oublient que les Etats, lorsqu’il faut sauver les investisseurs au détriment du contribuable, renflouent les institutions financières défaillantes. Dans une visée plus respectable, ce sont aussi les Etats qui, par leurs interventions, ont permis à certaines langues (hongrois, finnois, tchèque, estonien, hébreu israélien) de survivre ou de s’adapter à la modernité.
Les politiques linguistiques sont donc le moyen, pour les entités infra-étatiques, étatiques et supraétatiques, de contrecarrer la dérive naturelle du « marché » vers l’acteur le plus puissant, en l’occurrence l’anglais. Il ne s’agit pas de lutter contre cette langue, mais de promouvoir les autres, dans une logique de pluralisme. D’autant que le « marché » est par définition « court-termiste » et incapable de se projeter vers l’avenir. Les médias regorgent d’articles sur la montée en puissance de l’Asie, mais qui se soucie de l’enseignement du chinois, du coréen, du japonais, du malais ou du vietnamien ?
Dans l’immédiat, les actions de résistance à l’homogénéisation consistent d’abord, pour les gouvernements, à faire appliquer strictement les régimes linguistiques des organisations internationales dont ils sont membres. En théorie, l’anglais n’y est pratiquement jamais la langue unique officielle ou de travail. La pratique est très différente, et cela vaut tout autant pour l’Union européenne. Une piste pleine d’avenir n’est pas encore explorée, faute de volonté politique : l’intercompréhension des langues romanes, qui ferait de l’ensemble de celles-ci une seule langue, parlée par plus d’un milliard d’êtres humains.
Une idée en marche, la latinité
Philippe Rossillon
Entre locuteurs de langues romanes, on peut toujours se comprendre
B. C.
Esprit de famille
Françoise Ploquin
Un multilinguisme émancipateur
José Vidal-Beneyto
Bruxelles devrait être une vitrine
B. C. |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
[article]
Titre : |
Des stratégies de résistance |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Bernard Cassen, Directeur de publication |
Année de publication : |
2008 |
Article en page(s) : |
pp. 81-97 |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
070.4(493) Politique 316.35 Groupes / Identités / Communautés 81 Linguistique Langue
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Résumé : |
Langue et politique sont intimement liées. C’est ce que n’ont toujours pas compris certains linguistes qui croient à une sorte de « marché » naturel des langues. Ils consignent la montée de telle d’entre elles et la disparition de telle autre à la manière dont les opérateurs suivent les hauts et les bas des cours de la Bourse. La notion de politique linguistique les choque, car elle interfère avec la « main invisible » régulant ce « marché » qui constitue leur corpus de recherche. Ils oublient que les Etats, lorsqu’il faut sauver les investisseurs au détriment du contribuable, renflouent les institutions financières défaillantes. Dans une visée plus respectable, ce sont aussi les Etats qui, par leurs interventions, ont permis à certaines langues (hongrois, finnois, tchèque, estonien, hébreu israélien) de survivre ou de s’adapter à la modernité.
Les politiques linguistiques sont donc le moyen, pour les entités infra-étatiques, étatiques et supraétatiques, de contrecarrer la dérive naturelle du « marché » vers l’acteur le plus puissant, en l’occurrence l’anglais. Il ne s’agit pas de lutter contre cette langue, mais de promouvoir les autres, dans une logique de pluralisme. D’autant que le « marché » est par définition « court-termiste » et incapable de se projeter vers l’avenir. Les médias regorgent d’articles sur la montée en puissance de l’Asie, mais qui se soucie de l’enseignement du chinois, du coréen, du japonais, du malais ou du vietnamien ?
Dans l’immédiat, les actions de résistance à l’homogénéisation consistent d’abord, pour les gouvernements, à faire appliquer strictement les régimes linguistiques des organisations internationales dont ils sont membres. En théorie, l’anglais n’y est pratiquement jamais la langue unique officielle ou de travail. La pratique est très différente, et cela vaut tout autant pour l’Union européenne. Une piste pleine d’avenir n’est pas encore explorée, faute de volonté politique : l’intercompréhension des langues romanes, qui ferait de l’ensemble de celles-ci une seule langue, parlée par plus d’un milliard d’êtres humains.
Une idée en marche, la latinité
Philippe Rossillon
Entre locuteurs de langues romanes, on peut toujours se comprendre
B. C.
Esprit de famille
Françoise Ploquin
Un multilinguisme émancipateur
José Vidal-Beneyto
Bruxelles devrait être une vitrine
B. C. |
Permalink : |
https://bibliotheque.territoires-memoire.be/pmb/opac_css/index.php?lvl=notice_di |
in Manière de voir > 97 (Février-Mars 2008) . - pp. 81-97
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