[n° ou bulletin] est un bulletin de
55 - printemps 11 - Nouveaux fascismes ? = enquêtes sur les droites en Europe [texte imprimé] . - 2011 . - 94 p. ; 30 cm. Langues : Français ( fre)
Catégories : |
321.7 Démocratie / Démocratisation 321.7.02 Démagogie Populisme 323.118 Racisme. Rejet. Préjugés. Discriminations. Ségrégation raciale. Xénophobie 329.18 Tendance d'extrême droite 329.18(439.1) Extrême droite Hongrie 329.18(44) Extrême droite France 329.18(450) Extrême droite Italie 329.18(492) Extrême droite Pays-Bas 341.43 Droit d'asile. Réfugiés
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Note de contenu : |
Sommaire du dossier :
* Joseph Confavreux / nouveaux fascismes ? : Avant-propos (texte en ligne)
Ce chantier se loge dans le choc provoqué par la violence mise en œuvre l’été dernier — en actes et mots — à l’encontre des populations roms, par un pouvoir prompt à désigner des boucs émissaires et à livrer à la vindicte des catégories de populations. À cela s’est ajoutée une cohorte d’autres faits inquiétants : débat piégé sur l’identité nationale ou la laïcité, politiques de plus en plus sévères à l’égard des étrangers, stigmatisation des populations issues de l’immigration ou confusion entretenue entre aspiration à la sécurité et besoin d’ordre. Dans ce contexte délétère, les insultes faisant référence aux années les plus sombres de notre histoire ont fusé : années 1930, fascisme rampant, vichysme… Et ce background historique semble devoir nous accompagner au moins jusqu’en 2012, puisque Christian Jacob reproche à Dominique Strauss-Kahn de n’être pas « terroir » ou que le MJS (Mouvement des jeunes socialistes) produit une image travestissant Sarkozy en Hitler.Plusieurs mises au point d’historiens ont permis de montrer que, certes, comparaison n’est pas raison. Mais l’histoire enseigne aussi qu’il n’existe ni régime, ni territoire, ni époque étanche aux embrigadements totalitaires ou aux idéologies destructrices. Le fascisme — sous une apparence qui justifierait peut-être un nouveau nom de baptême — n’est sans doute pas plus allergique au temps présent qu’il n’a été, dans sa forme historique, allergique à la France (entretien avec Annie Collovald, p.26).
* Lise Wajeman, Pierre Zaoui / minority trouble (texte en ligne)
L’invention du bouc émissaire flottant
On peut s’étonner de voir la droite promouvoir une nouvelle politique des minorités au nom des valeurs de la République. Une droite extrême soucieuse des juifs, des femmes ou des homosexuels ? Le paradoxe n’est qu’apparent : il ne s’agit pas plus de défendre certaines minorités que de repenser l’universalisme, il s’agit seulement pour la droite de se maintenir au pouvoir. Contre un néo-national libéralisme de mauvais augure, il faut réaffirmer la force des minorités agissantes.
* Joseph Confavreux / après l’indignation
Propositions pour une politique de l’engagement
Si l’on peut se réjouir du succès que connaît « Indignez-vous », le pamphlet de Stéphane Hessel, ne devons-nous pas également nous interroger sur l’efficacité et la pertinence d’une réaction qui dresse le cœur (à gauche) contre la raison (apanage de la droite) ? Ne fait-elle pas, d’une certaine manière, le jeu du futur candidat Sarkozy en alimentant son cynisme vis-à -vis des « belles âmes » ou « des droits de l’hommistes » ? Décryptage et essais de propositions pour une politique de l’engagement.
* Portes ouvertes : entretien avec Annie Collovald, entretien réalisé par Yannick Sédov
Le fascisme, antithèse de la démocratie ? Malheureusement, rien n’est moins sûr. S’il y a indiscutablement une vieille haine de la démocratie du côté des droites radicales, haine que leur acclimatation au jeu électoral n’a pas éteinte, il y a aussi — c’est plus inquiétant encore — une porosité accrue des démocraties libérales à des discours et à des pratiques qui ne sont plus le propre de l’extrême droite. Le loup est désormais dans la bergerie. Annie Collovald examine les portes par lesquelles on l’a laissé entrer.
* Yannick Barthélémi / une révolution de velours réactionnaire
La décentralisation dévoyée
Contre la monarchie absolue, l’esprit de la Révolution française était décentralisateur d’autant que, contrairement aux idées reçues, les jacobins n’étaient pas favorables au centralisme. Mais, aujourd’hui une nouvelle politique administrative et étatique met à mal l’esprit de la décentralisation. Les élus locaux sont transformés en nouveaux gendarmes du pays réel, et une sociabilité de proximité disparaît au nom d’un idéal sécuritaire fondé sur la vidéo-surveillance : en douceur, les communes s’ajustent au sarkozysme.
* Claire Rodier / Frontex, la petite muette (texte en ligne)
Répression des migrants aux frontières de l’Europe
Le projet européen a pu apparaître comme un rempart aux excès sécuritaires et xénophobes des politiques nationales. Pourtant, en matière d’immigration, le processus d’élaboration de règles communes se caractérise par un nivellement par le bas : fermeture des frontières, criminalisation de l’immigration, application restrictive du droit d’asile. Depuis 2004, l’Union s’est d’ailleurs dotée d’un bras armé pour exécuter ses basses œuvres en matière de répression des migrants aux frontières : l’agence Frontex.
* Mathieu Potte-Bonneville / Hongrie : dissidence et répétition
Viktor Orbà n contre Agnes Heller
En Hongrie, le parti national d’extrême droite Fidesz, élu en 2010, s’en prend violemment, par voie de presse et de justice à celles et ceux qui ont osé le critiquer publiquement. Au banc des accusés figurent plusieurs intellectuels déjà attaqués publiquement en 1973 par le parti communiste, dont Agnes Heller, philosophe exilée depuis aux États-Unis. Comment interpréter cet étonnant retour de l’histoire, cette récupération des formes et des cibles d’antan stigmatisées par le pouvoir totalitaire ? La philosophie, insoumise, engage un cheminement public inséparable de la remise en cause de tous les pouvoirs.
* Jérôme Jamin / vieilles pratiques, nouveaux visages
Geert Wilders et l’extrême droite en Europe
Les Pays-Bas ont longtemps eu l’image de l’un des pays les plus tolérants d’Europe : au pays de Spinoza, tous les libres-penseurs pouvaient trouver refuge. C’est peut-être pour cela qu’ils ont été l’espace privilégié d’un renouvellement apparent des discours extrémistes, mais apparent seulement, car sous couvert du droit à la critique et à la libre parole, la stratégie de condamnation de la religion musulmane comme idéologie liberticide s’accompagne des mécanismes traditionnels du discours raciste.
* Lisa Ginzburg / lettre en souffrance
Contre Berlusconi, quelle parole ?
« Le silence que la scène italienne provoque est profond. S’il y a des silences sonores et d’autres qui ne produisent pas d’échos, sans doute celui-ci fait-il partie de la deuxième catégorie. Devant ce qui se passe en Italie, pour quelqu’un qui, comme moi, a choisi récemment de partir habiter à l’étranger, le dépaysement est une sensation permanente. Dépaysement redoublé : je suis étrangère ici et devenue étrangère par rapport à mon propre pays. J’ai quitté une situation déprimée, un paysage avec peu d’horizons, dans l’espoir de retrouver de l’énergie en m’éloignant ; mais avec la distance, le destin de l’Italie est devenue une pensée prioritaire, une urgence, un appel constant.
* Salvatore Palidda / l’Italie : laboratoire de l’État du pire ?
Un État de droit moribond
Réduire l’Italie à la seule figure de Berlusconi oblitère tout ce que la situation politique de l’autre côté des Alpes peut avoir de désespérante. Et elle l’est d’autant plus qu’elle dure depuis longtemps. Les attaques anti-démocratiques paralysent l’État de droit et le soumettent à une anamorphose continue de ses institutions que la gauche affaissée n’arrive plus à combattre. État des lieux.
* Lynda Dematteo / anthropologie de l’imbroglio
Formes de la conflictualité politique dans les régimes de l’apparence
La mainmise généralisée de Berlusconi sur les médias est régulièrement pointée du doigt comme le signe de l’affaissement démocratique de l’Italie. Mais ce n’est sans doute pas là le pire. L’embrouille est devenue un mode de gouvernement, une stratégie d’action qui lui permet — tout comme à Umberto Bossi, le leader la Ligue du Nord — d’entretenir l’illusion du débat et de recouvrir les enjeux et les faits réels qui font la politique. La culture de la fourberie et le cynisme institué viennent ainsi révéler la tragique dégradation du lien social.
*Dominique Dupart / le discours que Nicolas Sarkozy n’a jamais prononcé
Le Président à cœur ouvert
Mes chers compatriotes,
Je me suis livré à un exercice un peu étrange, un peu singulier pour un président en exercice mais c’est ça être un président en exercice, c’est prendre des risques, c’est favoriser l’intérêt général même si au premier abord on a l’impression que non, ce n’est pas prendre un risque, ce n’est pas l’intérêt général de se livrer à un exercice un peu étrange, un peu singulier.J’ai relu tous mes discours prononcés l’année dernière, je veux dire, pendant l’année 2010, cette année si riche en financements innovants et en expériences de la diversité locale et mondiale et en réformes cruciales pour notre avenir dans le monde.
Et, encore plus fort, je les ai relus avec en mémoire mon premier discours prononcé aux Français de tous bords, de tous les partis, de tous les idéaux, de toutes les croyances, je veux dire mon discours prononcé le 6 mai 2007 quand j’ai eu l’honneur d’être élu président de notre beau pays, la France, cette grande Nation française, qui est en ce moment un peu moins grande, c’est vrai, mais qui, grâce à moi, sera bientôt la plus grande de toutes. C’est juste une question de prise de décision et aussi de rapidité dans les prises de décision : tous les chefs d’entreprise savent cela et je m’inspire de leur modèle comme je vous encourage tous à vous inspirer de leur modèle pour être innovants, compétitifs, dans votre vie privée, pour bénéficier de l’effet cluster, très important. Et je n’ai pas peur de le dire — là , j’ai totalement oublié le discours écrit, je vous le distribuerai, cela m’arrive souvent au milieu d’allocution de quitter l’écrit, et c’est mieux comme ça, c’est plus vrai, c’est la vérité, même si je salue ceux qui ont écrit le discours — je n’ai pas peur de le dire directement alors que d’habitude je le dis avec un peu plus de délicatesse, de courtoisie oblique, car je suis parfois de l’avis de mes collaborateurs : oui, les Chinois, les Indiens avec lesquels nous sommes en train de construire un partenariat global et compétitif, oui, eux n’ont qu’à bien se tenir car les Français sont de nouveau back sur la scène internationale avec moi, moi, qui éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d’appartenir à une grande, vieille et belle Nation, la France. Et je n’ai pas peur de le redire comme je l’ai dit lors de mon discours de promotion de l’opération Ciné lycée : oui, le cinéma français est plus grand que le cinéma italien et le cinéma allemand, ce n’est pas une honte de le dire, ce n’est pas une honte pour nos partenaires européens que je respecte et que je respecte encore, et ce n’est pas une honte de voir la vérité en face. Moi, je n’ai pas honte. Jamais je n’ai honte.
Reste du sommaire de Vacarme 55 :
éditorial : Joseph Confavreux / Sabah el Thawra
Vincent Casanova, Gaëlle Krikorian / devenir pairs : entretien avec Nancy Fraser
cahier
Anne Waldman / Manatee/Humanity (extraits)
Xavier Person / le sexe d’Odette
Suzanne Doppelt, François Matton / 2 fois au moins
Eric Labbé / surpr!se
Anne Coppel, Olivier Doubre / « un maelström d’affection », entretien avec Mathieu Lindon
Anne Coppel, Olivier Doubre / une esthétique de l’existence
Marguerite de Navarre / un roman par la fenêtre
Éric Baudelaire / puissances du faux (journal)
Marc Ribot / tombeau pour une guitare
lignes
Pauline Londeix, Jérôme Martin / guerre contre les usagers de drogues
Chloé Forette, Olivier Maguet, Olivier Vandecasteele / du pavot à la pivoine
Cécile Casanova / la route du retour
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[n° ou bulletin] est un bulletin de
Titre : |
55 - printemps 11 - Nouveaux fascismes ? |
Titre original : |
enquêtes sur les droites en Europe |
Type de document : |
texte imprimé |
Année de publication : |
2011 |
Importance : |
94 p. |
Format : |
30 cm |
Langues : |
Français (fre) |
Catégories : |
321.7 Démocratie / Démocratisation 321.7.02 Démagogie Populisme 323.118 Racisme. Rejet. Préjugés. Discriminations. Ségrégation raciale. Xénophobie 329.18 Tendance d'extrême droite 329.18(439.1) Extrême droite Hongrie 329.18(44) Extrême droite France 329.18(450) Extrême droite Italie 329.18(492) Extrême droite Pays-Bas 341.43 Droit d'asile. Réfugiés
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Note de contenu : |
Sommaire du dossier :
* Joseph Confavreux / nouveaux fascismes ? : Avant-propos (texte en ligne)
Ce chantier se loge dans le choc provoqué par la violence mise en œuvre l’été dernier — en actes et mots — à l’encontre des populations roms, par un pouvoir prompt à désigner des boucs émissaires et à livrer à la vindicte des catégories de populations. À cela s’est ajoutée une cohorte d’autres faits inquiétants : débat piégé sur l’identité nationale ou la laïcité, politiques de plus en plus sévères à l’égard des étrangers, stigmatisation des populations issues de l’immigration ou confusion entretenue entre aspiration à la sécurité et besoin d’ordre. Dans ce contexte délétère, les insultes faisant référence aux années les plus sombres de notre histoire ont fusé : années 1930, fascisme rampant, vichysme… Et ce background historique semble devoir nous accompagner au moins jusqu’en 2012, puisque Christian Jacob reproche à Dominique Strauss-Kahn de n’être pas « terroir » ou que le MJS (Mouvement des jeunes socialistes) produit une image travestissant Sarkozy en Hitler.Plusieurs mises au point d’historiens ont permis de montrer que, certes, comparaison n’est pas raison. Mais l’histoire enseigne aussi qu’il n’existe ni régime, ni territoire, ni époque étanche aux embrigadements totalitaires ou aux idéologies destructrices. Le fascisme — sous une apparence qui justifierait peut-être un nouveau nom de baptême — n’est sans doute pas plus allergique au temps présent qu’il n’a été, dans sa forme historique, allergique à la France (entretien avec Annie Collovald, p.26).
* Lise Wajeman, Pierre Zaoui / minority trouble (texte en ligne)
L’invention du bouc émissaire flottant
On peut s’étonner de voir la droite promouvoir une nouvelle politique des minorités au nom des valeurs de la République. Une droite extrême soucieuse des juifs, des femmes ou des homosexuels ? Le paradoxe n’est qu’apparent : il ne s’agit pas plus de défendre certaines minorités que de repenser l’universalisme, il s’agit seulement pour la droite de se maintenir au pouvoir. Contre un néo-national libéralisme de mauvais augure, il faut réaffirmer la force des minorités agissantes.
* Joseph Confavreux / après l’indignation
Propositions pour une politique de l’engagement
Si l’on peut se réjouir du succès que connaît « Indignez-vous », le pamphlet de Stéphane Hessel, ne devons-nous pas également nous interroger sur l’efficacité et la pertinence d’une réaction qui dresse le cœur (à gauche) contre la raison (apanage de la droite) ? Ne fait-elle pas, d’une certaine manière, le jeu du futur candidat Sarkozy en alimentant son cynisme vis-à -vis des « belles âmes » ou « des droits de l’hommistes » ? Décryptage et essais de propositions pour une politique de l’engagement.
* Portes ouvertes : entretien avec Annie Collovald, entretien réalisé par Yannick Sédov
Le fascisme, antithèse de la démocratie ? Malheureusement, rien n’est moins sûr. S’il y a indiscutablement une vieille haine de la démocratie du côté des droites radicales, haine que leur acclimatation au jeu électoral n’a pas éteinte, il y a aussi — c’est plus inquiétant encore — une porosité accrue des démocraties libérales à des discours et à des pratiques qui ne sont plus le propre de l’extrême droite. Le loup est désormais dans la bergerie. Annie Collovald examine les portes par lesquelles on l’a laissé entrer.
* Yannick Barthélémi / une révolution de velours réactionnaire
La décentralisation dévoyée
Contre la monarchie absolue, l’esprit de la Révolution française était décentralisateur d’autant que, contrairement aux idées reçues, les jacobins n’étaient pas favorables au centralisme. Mais, aujourd’hui une nouvelle politique administrative et étatique met à mal l’esprit de la décentralisation. Les élus locaux sont transformés en nouveaux gendarmes du pays réel, et une sociabilité de proximité disparaît au nom d’un idéal sécuritaire fondé sur la vidéo-surveillance : en douceur, les communes s’ajustent au sarkozysme.
* Claire Rodier / Frontex, la petite muette (texte en ligne)
Répression des migrants aux frontières de l’Europe
Le projet européen a pu apparaître comme un rempart aux excès sécuritaires et xénophobes des politiques nationales. Pourtant, en matière d’immigration, le processus d’élaboration de règles communes se caractérise par un nivellement par le bas : fermeture des frontières, criminalisation de l’immigration, application restrictive du droit d’asile. Depuis 2004, l’Union s’est d’ailleurs dotée d’un bras armé pour exécuter ses basses œuvres en matière de répression des migrants aux frontières : l’agence Frontex.
* Mathieu Potte-Bonneville / Hongrie : dissidence et répétition
Viktor Orbà n contre Agnes Heller
En Hongrie, le parti national d’extrême droite Fidesz, élu en 2010, s’en prend violemment, par voie de presse et de justice à celles et ceux qui ont osé le critiquer publiquement. Au banc des accusés figurent plusieurs intellectuels déjà attaqués publiquement en 1973 par le parti communiste, dont Agnes Heller, philosophe exilée depuis aux États-Unis. Comment interpréter cet étonnant retour de l’histoire, cette récupération des formes et des cibles d’antan stigmatisées par le pouvoir totalitaire ? La philosophie, insoumise, engage un cheminement public inséparable de la remise en cause de tous les pouvoirs.
* Jérôme Jamin / vieilles pratiques, nouveaux visages
Geert Wilders et l’extrême droite en Europe
Les Pays-Bas ont longtemps eu l’image de l’un des pays les plus tolérants d’Europe : au pays de Spinoza, tous les libres-penseurs pouvaient trouver refuge. C’est peut-être pour cela qu’ils ont été l’espace privilégié d’un renouvellement apparent des discours extrémistes, mais apparent seulement, car sous couvert du droit à la critique et à la libre parole, la stratégie de condamnation de la religion musulmane comme idéologie liberticide s’accompagne des mécanismes traditionnels du discours raciste.
* Lisa Ginzburg / lettre en souffrance
Contre Berlusconi, quelle parole ?
« Le silence que la scène italienne provoque est profond. S’il y a des silences sonores et d’autres qui ne produisent pas d’échos, sans doute celui-ci fait-il partie de la deuxième catégorie. Devant ce qui se passe en Italie, pour quelqu’un qui, comme moi, a choisi récemment de partir habiter à l’étranger, le dépaysement est une sensation permanente. Dépaysement redoublé : je suis étrangère ici et devenue étrangère par rapport à mon propre pays. J’ai quitté une situation déprimée, un paysage avec peu d’horizons, dans l’espoir de retrouver de l’énergie en m’éloignant ; mais avec la distance, le destin de l’Italie est devenue une pensée prioritaire, une urgence, un appel constant.
* Salvatore Palidda / l’Italie : laboratoire de l’État du pire ?
Un État de droit moribond
Réduire l’Italie à la seule figure de Berlusconi oblitère tout ce que la situation politique de l’autre côté des Alpes peut avoir de désespérante. Et elle l’est d’autant plus qu’elle dure depuis longtemps. Les attaques anti-démocratiques paralysent l’État de droit et le soumettent à une anamorphose continue de ses institutions que la gauche affaissée n’arrive plus à combattre. État des lieux.
* Lynda Dematteo / anthropologie de l’imbroglio
Formes de la conflictualité politique dans les régimes de l’apparence
La mainmise généralisée de Berlusconi sur les médias est régulièrement pointée du doigt comme le signe de l’affaissement démocratique de l’Italie. Mais ce n’est sans doute pas là le pire. L’embrouille est devenue un mode de gouvernement, une stratégie d’action qui lui permet — tout comme à Umberto Bossi, le leader la Ligue du Nord — d’entretenir l’illusion du débat et de recouvrir les enjeux et les faits réels qui font la politique. La culture de la fourberie et le cynisme institué viennent ainsi révéler la tragique dégradation du lien social.
*Dominique Dupart / le discours que Nicolas Sarkozy n’a jamais prononcé
Le Président à cœur ouvert
Mes chers compatriotes,
Je me suis livré à un exercice un peu étrange, un peu singulier pour un président en exercice mais c’est ça être un président en exercice, c’est prendre des risques, c’est favoriser l’intérêt général même si au premier abord on a l’impression que non, ce n’est pas prendre un risque, ce n’est pas l’intérêt général de se livrer à un exercice un peu étrange, un peu singulier.J’ai relu tous mes discours prononcés l’année dernière, je veux dire, pendant l’année 2010, cette année si riche en financements innovants et en expériences de la diversité locale et mondiale et en réformes cruciales pour notre avenir dans le monde.
Et, encore plus fort, je les ai relus avec en mémoire mon premier discours prononcé aux Français de tous bords, de tous les partis, de tous les idéaux, de toutes les croyances, je veux dire mon discours prononcé le 6 mai 2007 quand j’ai eu l’honneur d’être élu président de notre beau pays, la France, cette grande Nation française, qui est en ce moment un peu moins grande, c’est vrai, mais qui, grâce à moi, sera bientôt la plus grande de toutes. C’est juste une question de prise de décision et aussi de rapidité dans les prises de décision : tous les chefs d’entreprise savent cela et je m’inspire de leur modèle comme je vous encourage tous à vous inspirer de leur modèle pour être innovants, compétitifs, dans votre vie privée, pour bénéficier de l’effet cluster, très important. Et je n’ai pas peur de le dire — là , j’ai totalement oublié le discours écrit, je vous le distribuerai, cela m’arrive souvent au milieu d’allocution de quitter l’écrit, et c’est mieux comme ça, c’est plus vrai, c’est la vérité, même si je salue ceux qui ont écrit le discours — je n’ai pas peur de le dire directement alors que d’habitude je le dis avec un peu plus de délicatesse, de courtoisie oblique, car je suis parfois de l’avis de mes collaborateurs : oui, les Chinois, les Indiens avec lesquels nous sommes en train de construire un partenariat global et compétitif, oui, eux n’ont qu’à bien se tenir car les Français sont de nouveau back sur la scène internationale avec moi, moi, qui éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d’appartenir à une grande, vieille et belle Nation, la France. Et je n’ai pas peur de le redire comme je l’ai dit lors de mon discours de promotion de l’opération Ciné lycée : oui, le cinéma français est plus grand que le cinéma italien et le cinéma allemand, ce n’est pas une honte de le dire, ce n’est pas une honte pour nos partenaires européens que je respecte et que je respecte encore, et ce n’est pas une honte de voir la vérité en face. Moi, je n’ai pas honte. Jamais je n’ai honte.
Reste du sommaire de Vacarme 55 :
éditorial : Joseph Confavreux / Sabah el Thawra
Vincent Casanova, Gaëlle Krikorian / devenir pairs : entretien avec Nancy Fraser
cahier
Anne Waldman / Manatee/Humanity (extraits)
Xavier Person / le sexe d’Odette
Suzanne Doppelt, François Matton / 2 fois au moins
Eric Labbé / surpr!se
Anne Coppel, Olivier Doubre / « un maelström d’affection », entretien avec Mathieu Lindon
Anne Coppel, Olivier Doubre / une esthétique de l’existence
Marguerite de Navarre / un roman par la fenêtre
Éric Baudelaire / puissances du faux (journal)
Marc Ribot / tombeau pour une guitare
lignes
Pauline Londeix, Jérôme Martin / guerre contre les usagers de drogues
Chloé Forette, Olivier Maguet, Olivier Vandecasteele / du pavot à la pivoine
Cécile Casanova / la route du retour
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